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Bibliothèque nationale d’Haïti : 75 ans pour un trésor

mercredi 25 mars 2015

Il y a beaucoup de trésors à la Bibliothèque nationale, les plus précieux de la République sans doute puisqu’ils appartiennent à la collectivité, qu’elles sont partageables à l’infini et pour tout le temps », dixit la directrice de la Bibliothèque nationale d’Haïti, l’institution qui fête jeudi ses 75 ans.

Le Nouvelliste (L.N) : Inaugurée en 1940 sous les auspices de Louis Sténio Vincent, la Bibliothèque nationale d’Haïti fête le 26 mars ses 75 ans. Une belle histoire du livre ! Parlons des moments forts qui ont rythmé la vie de cette institution.

Emmelie Prophète-Milcé (E.P-M) : Une belle histoire du livre, une belle histoire de la conservation du patrimoine écrit. Des moments forts, il y en a eu tous les jours, c’est certain. C’est le propre d’une bibliothèque, d’une bibliothèque de recherche particulièrement. Nous ne saurons jamais, et c’est tant mieux, combien d’émotions ont été ressenties, transmises ; combien de vocations sont nées au 193 de la rue du Centre. Nos institutions ont souvent du mal à se maintenir, elles ont aussi été physiquement frappées par le séisme du 12 janvier. La Bibliothèque nationale est une miraculée. Elle garde le meilleur de nous tous, ce qui nous unit, nous définit et nous projette, c’est pour cela que nous disons dans notre communication pour célébrer cet anniversaire que « la Bibliothèque nationale est une fabrique de futur ».

Nous ne devons pas oublier non plus que 75 ans c’est énorme dans un pays de 211 ans. La Bibliothèque nationale est un lieu hautement emblématique, la permanence d’un service public honnête et continu.

L.N : Vous avez dirigé, Mme Prophète-Milcé, plusieurs institutions publiques, notamment la Direction nationale du livre, le Bureau haïtien du droit d’auteur, aujourd’hui la Bibliothèque nationale d’Haïti. Comment vivez-vous cette expérience à la BNH ?

E.P-M : Ce sont toutes des institutions du ministère de la Culture, leurs missions se recouvrent et se recoupent, je ne suis pas dépaysée, je suis dans mon élément et en même temps face à d’autres défis. Il y a beaucoup de choses à faire, beaucoup de solutions à trouver, notamment agrandir les locaux pour améliorer les conditions d’accueil des chercheurs et des lecteurs, de plus en plus nombreux ; numériser et automatiser pour mettre à la disposition des uns et des autres la production documentaire nationale et ses métadonnées ; développer les collections ; proposer des outils de recherche performants, etc.

Les institutions du ministère de la Culture, certes, font face à des problèmes, de budget notamment, nous vivons dans un pays qui n’a pas beaucoup de ressources, mais elles vont bien dans la mesure où elles ont trouvé une harmonie, travaillent ensemble et sont solidaires les unes des autres, le travail est facilité.

L.N : Espace de lecture, d’exposition, de conférence et de débat. Quoi encore ? La bibliothèque a-t-elle innové pour attirer le public ?

E.P-M : Surtout espace de recherche et de lecture. Évidemment, nous accueillons et proposons beaucoup d’expositions, de conférences, particulièrement en cette année de commémoration du centenaire de l’occupation américaine, nous aurons même, en mai, un grand colloque sur le sujet. C’est le moment de rendre hommage à mon prédécesseur M. Emmanuel Ménard qui a fait construire une magnifique salle à la bibliothèque, la plus belle de la ville de Port-au-Prince sans doute.

La bibliothèque, depuis presque un an maintenant, a introduit un service de prêt. Elle a constitué un fonds pour cela, des romans, de la poésie, des livres de sciences humaines. Du coup, elle accueille chaque jour un grand public d’écoliers qui viennent certaines fois d’assez loin. La bibliothèque communique plus sur ce qu’elle fait, elle joue à fond son rôle de passeuse et est un vrai lieu de diffusion de la culture et du savoir.

L.N : À parler de public, qui fréquente l’institution de la rue du Centre ?

E.P-M : Les chercheurs, les lecteurs, ceux qui sont intéressés par un sujet de conférence, une exposition proposée. La fréquentation de la Bibliothèque nationale a fait une belle montée en puissance ces derniers mois.

L.N : Comment procède la BNH pour enrichir ses rayons ?

E.P-M : Cinq exemplaires de chaque livre auquel la Bibliothèque nationale octroie un dépôt légal doivent y être déposés, cela lui permet, entre autres, d’élaborer et de diffuser la bibliographie nationale et, bien sûr, elle conserve ces livres et les met à la disposition du grand public. Elle achète également, particulièrement lors de Livres en folie.

L.N : Une bibliothèque est un trésor. A l’échelle des trésors, il y en a qui valent vraiment leur pesant d’or. La BNH recèle-t-elle un grand nombre de volumes ?

E.P-M : Ah oui, il y a beaucoup de trésors à la Bibliothèque nationale, les plus précieux de la République sans doute puisqu’ils appartiennent à la collectivité, qu’elles sont partageables à l’infini et pour tout le temps. Nous avons des livres très anciens.

Nous encourageons les écrivains, les éditeurs, les diffuseurs, à assurer la traçabilité de leurs productions à travers les âges en les déposant à la Bibliothèque nationale.

L.N : Ne dit-on pas que la culture est onéreuse ? Est-ce à dire que la BNH consomme un grand budget ?

E.P-M : Il faut de l’argent pour assurer la continuité du Service public, mais la Culture en elle-même rapporte plus d’argent qu’elle n’en consomme. L’économie de la culture est énorme ; il y a plein d’opportunités à saisir pour notre pays dans ce domaine en développant les industries créatives et culturelles, les droits d’auteur, mais c’est un autre sujet.

La Bibliothèque nationale ne dispose pas d’un grand budget, il lui en faudrait plus, déjà pour s’agrandir et s’adapter à la courbe démographique. Il ne faut pas oublier que la Bibliothèque nationale n’est pas que la permanence de Port-au-Prince, elle a des annexes aux Cayes, à Fort-Liberté, à Croix-des- Bouquets, à Arcahaie, à Mirebalais, à Léogâne, à Petit-Goâve, à Saint-Louis du Sud, à Jérémie et à Jacmel et très bientôt une annexe à Pétion-Ville.

L.N : Quel est l’effectif du personnel ? Comment est-il réparti ?

E.P-M : Il y a cent sept collaborateurs qui travaillent dans l’ensemble du réseau, dont la moitié est à Port-au-Prince.

L.N : Quel rapport y a-t-il entre la Bibliothèque nationale et la Direction nationale du livre ?

E.P-M : Ce sont deux entités du ministère de la Culture et du grand service public. Elles travaillent ensemble sur des projets qu’elles communiqueront au public le moment venu.


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