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Un accord pour pérenniser la coopération universitaire franco-haïtienne

mercredi 25 mars 2015

Le Nouvelliste | Publié le : 24 mars 2015

Les universités haïtiennes et françaises ont signé lundi, à la résidence de l’ambassadeur de France en Haïti à Bourdon, une convention-cadre en vue de renforcer la coopération existant entre les universités de France et d’Haïti. Cet accord-cadre, signé par Jean Vernet Henry, président de la Conférence des recteurs, présidents et dirigeants d’institutions d’enseignement supérieur d’Haïti (CORPUHA), et Jean-Paul Jourdan, représentant de la Conférence française des présidents d’université (CPU), s’étendra sur une durée de 5 ans.

Cette cérémonie s’est déroulée en présence du ministre de l’Éducation nationale, Nesmy Manigat, de deux anciens Premiers ministres, Rony Smart et Jacques Édouard Alexis, et des recteurs des universités haïtiennes et françaises. Selon l’ambassadeur de France en Haïti, Élisabeth Beton Delègue, cette convention est un cadre pour structurer et pérenniser la coopération universitaire déjà dynamique entre la France et Haïti. « Elle permettra d’accroitre le nombre d’accords débouchant sur la délivrance de doubles diplômes entre Haïti et la France », a-t-elle souligné. Elle a en outre avancé que les relations universitaires entre Haïti et la France sont anciennes, vigoureuses, et sont empreintes de solidarité, de respect, d’ambition et aujourd’hui d’innovation.

La signature de cette convention-cadre est, selon l’ambassadeur, une opportunité de donner à la coopération bilatérale universitaire entre Haïti et la France un cadre renouvelé et augmenté. « Cette convention porte en elle toutes les modalités permettant sa mise en œuvre. Il ne tient qu’à la volonté des entités cosignataires d’exprimer à travers elle la volonté d’aller de l’avant », a expliqué l’ambassadeur.

Le représentant de la Conférence française des présidents d’Université et également président de l’université de Bordeaux, Jean-Paul Jourdan, a insisté sur certains aspects de la convention-cadre signée entre les présidents d’université des deux pays. Il a, entre autres, rappelé que la coopération universitaire franco-haïtienne n’est pas nouvelle et que cette convention-cadre vient tout juste pour renforcer cette relation qui a toujours existé entre les deux pays. « C’est à peu près 34 % des étudiants haïtiens qui, en mobilité, viennent dans notre pays, dont la moitié au niveau de la licence », a-t-il souligné, avant de préciser que la France avait apporté une aide considérable au secteur universitaire en octroyant 700 bourses de Master à de jeunes Haïtiens après le séisme du 12 janvier 2010.

Si cette collaboration avait permis la mobilité des étudiants haïtiens pendant plus deux ans après la catastrophe du 12 janvier 2010, ce sont les mêmes acteurs qui, une fois de plus, vont collaborer avec des universités haïtiennes pour les cinq prochaines années, souligne M. Jourdain. Cette convention-cadre ne va pas, selon lui, donner un élan à la coopération franco-haïtienne sur le terrain universitaire, mais de poursuivre l’élan initial. « Il s’agit pour les conférences et des recteurs de renforcer la coopération universitaire et scientifique entre la France et Haïti , a-t-il dit. Une étape de plus est franchie dans cette coopération universitaire franco-haïtienne et nul doute qu’à l’échéance de 5 ans, la coopération entre les deux pays aura fait des progrès. »

Pour sa part, le président de la Conférence des recteurs et présidents d’université d’Haïti, Jean-Henry Vernet, a souligné la volonté manifeste de renforcer la coopération universitaire entre la France et Haïti. « Avec la signature de cette convention, les relations entre les deux pays prennent un autre tournant », a-t-il estimé.

Le recteur de l’Université d’État d’Haïti a, par ailleurs, indiqué que la demande en matière de formation universitaire et technique dépasse de loin les capacités d’accueil disponible dans le pays. Il invite, en ce sens, les autres recteurs des universités haïtiennes à prendre des dispositions pour une approche plus pratique et plus responsable dans cette question. « Il revient à la CORPUHA d’oeuvrer à la mise en place de structures, de normes et d’un cadre qui va faciliter l’émergence d’un système d’enseignement supérieur accessible, autonome, pertinent et aussi performant », a-t-il soutenu. Pour lui, cette convention-cadre offre aux recteurs haïtiens un espace pour y parvenir. « Nous espérons fortement qu’elle va nous offrir l’opportunité de renforcer la formation de nos enseignants à tous les niveaux, de dynamiser nos formations de troisième cycle que nous sommes en train de mettre en place. »

Jean Vernet Henry a toutefois souligné que Haïti ne veut pas d’assistance scientifique. « Nous voulons d’une coopération réelle basée sur un échange réel entre les deux partenaires avec des intérêts communs, a-t-il expliqué. En matière d’enseignement supérieur, la France ne pouvait que nous être utile et nous espérons que cette convention nous permettra d’avoir la possibilité d’élargir davantage le cadre de notre collaboration. »

Jean-Vernet Henry, Officier de l’ordre du mérite agricole

Après la signature de cette convention-cadre, l’ambassadeur de la France en Haïti a saisi l’occasion pour remettre, au nom du ministre de l’Agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt de France, un insigne au recteur Jean-Vernet Henry lui attribuant le titre de « Officier de l’ordre du mérite agricole ». Selon Élizabeth Beton Delègue, celui qui a été le doyen de la faculté d’Agriculture et de médecine vétérinaire pendant près de 11 ans et qui est l’actuel recteur de l’Université d’État d’Haïti est un « grand éducateur » qui a formé plusieurs générations dans le domaine de l’agriculture et qui mérite bien toutes ces hautes considérations.

Très ému, M. Henry n’a pas pu retenir ses larmes quand il a reçu cet insigne du gouvernement français, par le truchement de son ambassadeur en Haïti, Élizabeth Beton Delègue. « C’est un honneur de recevoir cette distinction qui témoigne de la magnificence des rapports de coopération établis avec la France. Excellents rapports auxquels je contribue depuis plus d’une trentaine d’années dans le domaine de la formation agronomique », a-t-il déclaré, avant de partager cette « haute considération » avec toute la corporation des agronomes haïtiens et aussi avec sa famille. « Un témoignage de satisfaction pour moi-même, pour ma famille et mes camarades de promotion. »

AUTEUR

Jocelyn Belfort

jbelfort@lenouvelliste.com


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