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Le rôle d’un parlementaire, objet de débats à la FASCH

mercredi 22 avril 2015

« Quel est le rôle d’un parlementaire dans le cadre d’une démocratie participative ? Faire des lois ? Traduire en lois des préoccupations de la majorité de la population ? Comment ? » Ces questions ont été au centre d’une conférence-débat organisée, vendredi, par la Faculté des sciences humaines de l’Université d’Etat d’Haïti (FASCH/UEH), autour du thème « Sociologie législative ». Cette activité a eu pour objectif d’aider à comprendre la fonction parlementaire dans le cadre d’une démocratie participative, à l’orée des élections de 2015 où la population sera conviée à élire des députés et des sénateurs pour former le corps législatif.

Cette activité a réuni dans les jardins de la FASCH, plus d’une centaine de participants, dont d’ anciens parlementaires, des universitaires et des spécialistes en la question parlementaire. Ainsi le professeur Jean Rénold Elie a-t-il rappelé que le rôle d’un législateur n’est pas de construire des hôpitaux ou des écoles, mais de travailler sur les orientations générales de la société. Le problème, a-t-il enchaîné, c’est que le candidat qui ne promet pas ces choses-là risque de ne pas se faire élire malgré ses bonnes intentions, sa valeur et ses compétences. « Beaucoup de choses restent à faire pour faire comprendre à la population le rôle de ces élus... », a jugé le coordonateur général de la FASCH, inscrivant d’emblée cette activité dans le cadre des attributions de l’université qui, selon lui, a une fonction sociale et communautaire.

Intervenant sur le thème « sociologie législative », le professeur Jean Rénold Elie a fait une présentation d’ordre académique et historique des concepts sociologie législative et démocratie avant de définir ce qu’il entend par sociologie législative. Selon le professeur, la sociologie législative est une sociologie dynamique qui tient compte de la réalité sociale d’un pays. « Elle est inscrite dans un cadre dynamique qui traduit les rapports entre les différents acteurs sociaux dans le cadre de la construction de la démocratie participative. »

Il en a profité pour faire un plaidoyer sur la problématique du vote parlementaire en Haïti. Jean Renold Elie fait état de deux types de parlementaires : « ceux qui font des lois sans avoir aucun rapport avec les mandants, avec leur zone d’appartenance et avec un ensemble de problématiques politico-sociales qui traversent la société. Ce que le professeur Josué Vaval, modérateur de la conférence, appelle des « légis-facteurs » ». Le professeur Elie plaide pour un parlementaire législateur, « c’est-à-dire un parlementaire qui privilégie les rapports sociaux dans le cadre de la construction d’une société de type démocratie participative avec tous les canaux de représentation ».

Parmi les canaux de représentation, le professeur a mis l’emphase sur les bureaux des parlementaires installés dans les communes en vue de favoriser une interaction entre ces derniers et leurs mendants et les rendre plus dynamiques en termes de problèmes sociopolitiques qui traversent la société.

Il a par ailleurs rappelé à quelle époque les femmes ont commencé à participer aux élections en Haïti. « … C’est le décret du 22 avril 1957 qui a permis aux femmes de voter à tous les niveaux en Haïti », a-t-il dit.

L’exposé du coordonateur général de la FASCH a suscité un débat très enrichissant entre le panéliste et l’auditoire. Méticuleux sur les questions relatives au Parlement haïtien, le secrétaire de rédaction et éditorialiste au Nouvelliste, Lemoine Bonneau, a fait savoir que c’est la Constitution de 1950 qui a accordé le droit de vote aux femmes en Haïti, et non le décret du 22 avril 1957. « En avril 57, le pays était en pleine bataille politique et il n’y avait pas de Parlement à l’époque », a expliqué l’ex-chef de cabinet du président du Sénat Edgard Leblanc Fils.

Plus loin, Lemoine Bonneau a indiqué que la mise en place des bureaux des parlementaires dans leurs circonscriptions était une initiative prise en 1996 dans le cadre des échanges entre l’Assemblée nationale du Québec et le Parlement haïtien. « Cette initiative a été prise dans l’idée que les parlementaires soient plus proches des mandants pour recueillir leurs doléances. Mais cela n’a pas vraiment favorisé un échange entre eux, cette mesure a seulement permis aux députés de donner du travail à des proches… », a expliqué l’éditorialiste, qui semble connaître la question parlementaire comme sa poche.

Pour sa part, le député de la 45e législature, Marc-Ferl Morquette, a fait une comparaison entre démocratie et populisme, et entre démocratie et niveau de développement. « Est-ce que la démocratie n’est pas le produit d’une évolution politique, sociale et surtout économique d’un peuple ?, s’est-il demandé. J’ai eu un gros choc lorsque j’étais député de la 45e législature. Je me sentais indigné de voir que ceux qui pratiquaient la loi et la démocratie étaient en fait des populistes qui font de la démagogie, empêchant ainsi le pays de progresser pendant ces dernières années », a avancé l’ancien député, qui interpelle les étudiants à jouer leur rôle face aux futurs parlementaires du pays.

AUTEUR

Bertrand Mercéus

mbertrand@lenouvelliste.com


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