MosaikHub Magazine

Pourquoi cette affluence de candidats aux législatives ?

lundi 27 avril 2015

Dans le cadre de l’application du calendrier électoral, le Conseil électoral provisoire a mis fin jeudi à l’inscription des candidats qui désirent briguer un poste aux prochaines législatives. 262 candidats au Sénat et 1767 candidats à la députation, c’est le nombre de candidats qui se lancent dans la course pour trouver une place parmi les 20 sénateurs et 119 députés qui devront être élus entre le premier et le second tour de ces élections.

Alors que le nombre de candidats aux postes électifs augmente à chaque période électorale, la production législative diminue au même rythme que la capacité d’un parlementaire à maîtriser un acte législatif. La 49e législature est la plus improductive de toute l’histoire du Parlement haïtien de l’après-Duvalier. Une dizaine de lois votées en trois ans et huit mois. Ce qui est paradoxal, c’est que le gouvernement disposait, pendant près de trois ans, d’une majorité de 58 députés à la Chambre basse, d’une minorité au Sénat et d’un ministre chargé des Relations avec le Parlement. Selon toute vraisemblance, cette majorité empêchait uniquement au gouvernement d’être sanctionné par une motion de censure de la minorité, mais elle n’a été d’aucune autre importance. Par le biais du ministre chargé des Relations avec le Parlement, cette majorité devrait pouvoir donner une leçon à la minorité en matière de production législative. Selon le dernier rapport des institutions internationales sur la production des Parlements à travers le monde, Haïti a le Parlement le plus improductif de la Caraïbe. Quelle honte pour les parlementaires de la 49e législature et les sénateurs en fonction dans notre pays.

A quoi la 50e nous sera-t-elle utile ?

Cette affluence de candidats au Sénat et à la Chambre des députés est une occasion favorable pour les médias et la société civile organisée de débattre du rôle d’un parlementaire, du travail législatif et des rapports entre l’exécutif et le Parlement. Traditionnellement, les partis politiques, toutes tendances confondues, choisissent les candidats sans tenir compte d’aucun critère pouvant aider les électeurs à accorder leurs suffrages à des candidats pouvant faire œuvre qui vaille. Il revient à l’Initiative de la société civile et ses partenaires et d’autres groupes similaires d’organiser un peu partout à travers le pays des débats entre les candidats afin d’identifier des candidats qui peuvent contribuer à renforcer le travail législatif.

Pour le moment, avec une quinzaine de candidats à la députation par circonscription, il est assez difficile de prévoir comment sera le profil des députés et des sénateurs à l’occasion de la prochaine rentrée parlementaire. Les interventions des uns et des autres dans les médias font croire que les privilèges dont jouissent les parlementaires de la dernière législature semblent la principale motivation de beaucoup de candidats. Les véhicules officiels, le gyrophare, la sécurité, l’immunité, les frais de première installation, les frais de représentation, les voyages à l’étranger et d’autres privilèges seraient à la base de cette affluence de candidats dans les différentes circonscriptions du pays pour la fonction de parlementaire.

Y aura-t-il un peu de souci pour le travail législatif, afin de divorcer d’avec la politique de la chaise vide ? Attendons voir !

AUTEUR

Lemoine Bonneau lbonneau@lenouvelliste.com


Accueil | Contact | Plan du site | |

Creative Commons License

Promouvoir & Vulgariser la Technologie