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Baltimore : Obama condamne les violences, s’inquiète des dérives policières

mardi 28 avril 2015

Le président Barack Obama a condamné mardi les violences à Baltimore (est), quadrillée par des militaires et où les tensions restaient fortes, tout en admettant qu’elles étaient révélatrices d’une fracture entre la jeunesse Afro-américaine et la police.

"Nous avons vu trop d’exemples d’interactions entre la police et (...) des gens, surtout des Afro-américains, souvent pauvres, qui soulèvent des questions troublantes", a déclaré M. Obama, en reconnaissant que les Etats-Unis étaient confrontés à une crise latente avec la police, notamment dans ses relations avec les Noirs.

Premier président noir des Etats-Unis, il a exhorté la police et la communauté noire américaines à "l’introspection" après plusieurs faits divers où des jeunes Noirs non armés ont été tués par des policiers blancs, qui avaient provoqué des manifestations virant parfois aux émeutes.

Le président américain réagissait aux violentes émeutes qui ont éclaté dans la ville lundi après l’inhumation d’un jeune homme noir, Freddie Gray, 25 ans, mort quelques jours plus tôt dans des circonstances encore inexpliquées alors qu’il avait été arrêté par la police.

Une enquête a été ouverte mais de nombreux habitants de la ville estiment qu’il ne s’agit que du dernier exemple en date des brutalités policières auxquelles ils sont régulièrement confrontés.

Des centaines de militaires de la Garde nationale lourdement armés et de policiers sillonnaient mardi les rues de cette ville de 620.000 habitants, promettant d’y ramener l’ordre.

Des manifestants s’étaient de nouveau rassemblés dans la rue mardi à la mi-journée.

Une vingtaine de policiers ont été blessés depuis le début des incidents et environ 235 personnes ont été arrêtées, a précisé la police mardi.

La mairie a prévu l’instauration d’un couvre-feu à partir de mardi 22H00 locales (02H00 GMT mercredi) et ce pour une semaine.

"Nous n’allons pas tolérer cette violence", a déclaré au petit matin le gouverneur de l’Etat du Maryland (est), Larry Hogan, à un point de contrôle installé par la police, entouré d’hommes lourdement armés et en tenue anti-émeute.

- Elle gifle son fils-

"Nous travaillons pour être sûrs que ce qui s’est passé la nuit dernière à Baltimore ne va pas se reproduire. Nous allons mettre en place tout ce qui est nécessaire pour être sûrs que les citoyens de Baltimore soient en sécurité, et pour ramener la paix dans les rues de la ville", a-t-il ajouté, en promettant encore des renforts.

Les émeutes ont contrasté avec le calme et la sérénité qui avaient marqué la cérémonie des obsèques elle-même, la famille de la victime appelant à la retenue.

De nombreux lycéens qui semblaient tout juste sortir de l’école ont commencé à s’en prendre aux forces de police stationnées dans la ville en lançant briques, cailloux, bâtons, bouteilles... Le début de journée, lundi, s’était déroulé dans le calme "mais ensuite des gangs et des voyous ont pris le contrôle, leur seule volonté était d’apporter la violence et de détruire la ville", a expliqué le gouverneur.

Les forces de l’ordre ont rapidement été prises de court et plusieurs supermarchés ont été pillés et incendiés, tout comme des voitures et des véhicules de police. Plusieurs reporters ont également été attaqués et se sont fait voler du matériel.

Le gouverneur Hogan a décrété l’état d’urgence dans cette ville située à une soixantaine de kilomètres de la capitale fédérale.

Les écoles étaient fermées mardi, même si certains craignaient que cela ne permette à des lycéens de descendre dans les rues.

Une rencontre de baseball dans un grand stade de la ville a été de nouveau reportée.

Les autorités ont appelé les parents à surveiller leurs enfants. Des images à la télévision montraient la scène étonnante d’une mère de famille giflant apparemment son fils en le houspillant pour qu’il enlève sa cagoule avec laquelle il avait pris part aux émeutes.

Baltimore, l’une des villes les plus violentes des Etats-Unis au début des années 1990, avait connu un certain retour au calme depuis plusieurs années et de nombreux quartiers ont été réhabilités.

Certaines zones de la ville restent cependant très pauvres. Selon le site internet américain Vox.com, plus la moitié de la population était sans emploi entre 2008 et 2012 dans le quartier d’origine de Freddie Gray.

Mardi matin, employés de la ville et bénévoles commençaient à nettoyer les rues : "On essaie de faire en sorte que les choses reviennent à la normale", a expliqué une habitante, Maria Ray, gants et balai en main, qui a pris une journée de congé pour participer au nettoyage.

"Je veux sincèrement remercier ceux qui sont dehors en train de nettoyer les rues et de partager leur amour pour notre ville. Merci Baltimore !", a réagi sur Twitter la maire de la ville Stephanie Rawlings-Blake, elle-même noire.


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