MosaikHub Magazine

Quand Frankétienne réduit l’espace

mercredi 29 avril 2015

Par Lord Edwin Byron

22 avril. La terrasse de l’Institut français en Haïti foisonne de couleurs. Un ensemble de 200 tableaux baptisés « Les miniatures de Frankétienne » y sont exposés. Frankétienne, l’énigmatique, a fière allure et reçoit gentiment ses admirateurs. Les regards partagés entre étonnement et motivation se croisent et s’entrecroisent. Intenses et mystérieuses, les peintures parlent, interpellent et reflètent le chaos. Ce chaos qui ne se définit pas comme étant le désordre des choses. C’est plutôt l’harmonie inhérente de l’univers à partir de laquelle tout être trouve sa quintessence. On se souvient de cette phrase qui constitue l’essentiel même de son art axé selon une folie créatrice sans bornes : « Ose ta cause, ta symbiose avec toi-même ».

On peut y déceler un va-et-vient entre les mondes. Une sorte de révolte se laisse aussi lire sur les formes qu’il tire. Pour ainsi dire, tout un chacun peut y découvrir quelque chose de particulier : des fragments de pensée, des scènes de vie intenses, des cris patriotiques, des voix de femmes et d’hommes en quête de mieux-être. Tout semble y être dans un amalgame chromatique. De loin, tout se ressemble. On dirait les mêmes panoramas dans différents effets de couleur. Il suffit de s’approcher pour discerner tout un luxe de nuances.

Ce n’est définitivement pas une partie de plaisir que de vouloir pénétrer dans l’univers artistique d’un homme qui métamorphose, qui dévisse et qui bouleverse à fond tout en s’accrochant à relever le défi de « réduire l’espace sans asphyxier la vie ».

A 79 ans Frankétienne continue d’étonner et d’aiguiser la curiosité. Sa fougue et son élan artistique ne se défraîchissent pas. Son œuvre continue de proposer, non sans désinvolture, un saut dans le mystérieux, un voyage vers le pathétique, une révolte crue. Ses miniatures sont exposées à l’Institut français en Haïti jusqu’au 30 avril. C’est aussi l’occasion de rencontrer Frankétienne et de mieux le connaître.

AUTEUR

Lord Edwin Byron

lordbyron@lenouvelliste.com


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