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8 mai 1769. La peu glorieuse déroute militaire de Paoli à Ponte Novu livre la Corse à la France.

lundi 11 mai 2015

Fuyant comme ils peuvent les tirs français, les miliciens corses sont massacrés par leurs propres alliés, des mercenaires prussiens.

Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos

On connaît le Corse poseur de bombes, le Corse incendiaire, le Corse gabelou, le Corse fatigué, le Corse chanteur a cappella, le Corse truand, le Corse "si tu touches à ma soeur, t’es mort !". Mais peu le Corse "sauve-qui-peut". Pour cela, il faut remonter au 8 mai 1769, le jour de la bataille de Ponte Novu qui vit le massacre de centaines de Corses par l’armée de Louis XV. Ces nationalistes de la première heure ne combattent pas encore la tête dans une cagoule, mais l’arme au poing à visage découvert. Remarquez, cela ne leur réussit pas tant que ça : ce jour-là, non seulement le fier Corse prend ses jambes à son cou devant la mitraille ennemie, mais il se fait massacrer par ses alliés prussiens ayant reçu l’ordre de Paoli d’empêcher quiconque d’emprunter le pont de Ponte Novu. Cette terrible défaite livre la Corse à la France.

Voici les faits : l’immense héros corse Pasquale Paoli donne l’ordre à sa troupe d’attaquer l’armée royale sur la rive gauche du Golo. En deuxième rideau, il dispose un millier de mercenaires prussiens avec à leur tête le maréchal de camp Antoine Gentili, sur le Ponte Novu commandant l’accès à sa capitale de Corte. La troupe prussienne a reçu pour consigne d’empêcher les patriotes de refluer par le pont en cas de retraite. Effectivement, les régiments corses ne font pas le poids devant l’artillerie française qui a su intelligemment occuper plusieurs éminences. Hachés par la mitraille, les miliciens de l’île de Beauté se disent qu’il est temps d’aller taper une belote sur l’autre rive. Ils se précipitent donc sur le pont. Mais pour un Prussien, la consigne, c’est la consigne. Ils refusent le passage, baïonnette au fusil. La cantinière Laetitia Casta a beau onduler devant eux, ils restent de marbre. Jenifer leur chante avec des sanglots dans la voix : "Ma révolution". Ils s’en battent les c...

Tragédie

Des centaines de Corses se pressent sur le pont, la bousculade étouffe nombre d’entre eux. Soudain un coup de feu claque depuis les rangs prussiens, puis c’est un tir nourri. Les patriotes tombent par dizaines, par centaines. De leur côté, les Français ne chôment pas non plus. Le préfet Érignac est déchaîné... C’est un horrible massacre. Le sang coule à flots dans le Golo en crue. Bientôt, le pont, long d’une centaine de mètres, n’est plus qu’un immense charnier. Par dizaines, les Corses tentent de franchir le fleuve à la nage, mais la plupart se noient dans les flots tumultueux. I Muvrini sanglote : A voce rivolta.

Pasquale Paoli, qui observe de loin la tragédie, est incapable d’apporter le moindre secours à ses hommes. La nuit tombe sur la déroute, sonnant la fin des espoirs corses. À l’aube, le sous-lieutenant Luccarotti d’Ortiporio se réveille parmi les morts, grièvement blessé. Voilà ce qu’il écrira plus tard : "Aux premières heures du matin, je me réveillai, l’âme et le coeur oppressés, et me trouvai avec le bras gauche pendant, ensanglanté et criblé de blessures au milieu d’un amoncellement de cadavres et de tant d’autres moribonds qui demandaient du secours. Je me traînai jusqu’au sommet d’un rocher et, regardant dans la direction du pont, je vis un spectacle horrible : par centaines, les morts étaient entassés dans l’étroit passage... Et, regardant plus loin, j’en aperçus un grand nombre encore étendus et privés de vie, entre les margelles du fossé et baignant, pour ainsi dire, dans le sang. Je fermai les yeux et me sentis défaillir... Partout régnait le silence de la tombe..."

Pasquale Paoli comprend alors que son rêve d’indépendance est fini. Les Français, à qui Gênes a cédé ses droits sur l’île un an avant, le 15 mai 1768, peuvent maintenant marcher sur Corte. Le Babbu di a Patria s’exile en Grande-Bretagne avec cinq à six cents de ses partisans. Il ne reviendra dans sa patrie que vingt ans plus tard, en 1790, acclamé par les Jacobins dont Robespierre. Louis XVI le fait lieutenant-général et commandant de l’île. C’est le héros du jour. Pietragalla s’offre à lui... Oubliés les morts de Ponte Novu

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C’est également arrivé un 8 mai

1988 - Réélection de François Mitterrand à la présidence de la République face à Jacques Chirac (54 %-46 %).

1984 - L’URSS annonce le boycott des JO de Los Angeles en réponse au boycott par les États-Unis des JO de Moscou quatre ans plus tôt.

1970 – Fauchon est dévalisé par des membres de la gauche prolétarienne pour une redistribution aux démunis.

1945 - Annonce simultanée de la capitulation de l’Allemagne à Moscou, Washington, Londres et Paris.

1921 - Abolition de la peine de mort en Suède uniquement pour les crimes de droit commun.

1902 - La montagne Pelée entre en éruption, tuant près de 30 000 Martiniquais.

1889 - Van Gogh retourne volontairement à l’asile de Saint-Rémy-de-Provence où il peint Les iris et Les lilas.

1880 - Gustave Flaubert meurt au hameau de Croisset près de Canteleu en Seine-Maritime.

1828 - Naissance de Henri Dunant, principal fondateur de la Croix-Rouge et Prix Nobel de la paix en 1901.


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