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De mille fleurs, composez votre bouquet -

vendredi 5 juin 2015

169 auteurs d’ouvrages, de qualité inégale, seront en signature, jeudi et vendredi, au Parc Historique de la Canne à Sucre dans le cadre de la 21e édition de Livres en folie. La qualité est l’affaire des critiques. Comme dans une librairie ou dans une bibliothèque, tous les types de livres sont les bienvenus sur les étagères des maisons d’édition qui participent à la plus ancienne et la plus grande foire orientée livre du pays. C’est un choix des organisateurs depuis le lancement de l’activité en 1995. La porte est ouverte à tous. « Nous voulons mille fleurs, tout en sachant que peu seront dans le bouquet parfait », a redit encore mardi soir le présentateur, lors du cocktail donné en l’honneur de Syto Cavé. En vingt ans, ce qui a été de pair avec la montée en puissance de la sève créatrice des auteurs haïtiens, c’est la diversité des sujets et des moyens d’expression. En 1995, il y avait quatre auteurs en signature. Dans les dix ans qui ont suivi, le nombre avait augmenté, mais on présentait encore principalement des nouvelles, des romans, des ouvrages à caractère historique, un peu de poésie et quelques essais. De nos jours, tout est à Livres en folie. Il n’y a qu’à voir la place prise par les bandes dessinées. Teddy Kesser Mombrun est installé comme un phénomène avec son personnage Alain Possible ; Chevelin et les talentueux dessinateurs de son atelier touchent à tous les sujets en feignant d’être légers et amusants. Il y a de plus en plus d’essais sur tout, pas seulement sur la politique. Et de plus en plus, l’histoire immédiate, ces romans de nos aventures, ces regards sur hier, un hier encore chaud, se retrouve dans les pages froides de livres en signature. Rony Gilot s’en est fait une spécialité. Il présente cette année, sous sa plume inquisitrice et baladeuse dans l’histoire immédiate, sa version de la courte présidence de Leslie Manigat (1988). Du même auteur, un ouvrage sur une partie de celle de Michel Martelly, président encore en exercice, a été publié. Gilot y avait radiographié la montée et la chute de Gary Conille, premier Premier ministre de Martelly. Déjà, tout était dit sur le drame de cette présidence. Prosper Avril, ancien président d’Haïti, ancien général de la défunte et non regrettée Forces Armées d’Haïti (FADH) d’essence duvaliériste, présente cette année un livre fort utile sur le débarquement de treize jeunes dans la Grand-Anse en 1964. Venus pour déboulonner Papa Doc et son régime, les révolutionnaires, guérilleros désespérés ou libérateurs trahis, seront décimés. Avril apporte une rare approche. La débâcle vue par les vainqueurs du groupe Jeunes Haïti. Dans une autre vaine, qui rejoint l’immédiat, Ricardo Seitenfus avec son « Dilemmes et échecs internationaux en Haïti », fait le bilan de l’aide internationale à Haïti. L’ancien diplomate, et toujours professeur d’université, dissèque l’aide faite à Haïti et revient sur la tenue des dernières élections qui ont porté au pouvoir Michel Martelly. Alors que de nouvelles joutes sont enfin annoncées, la lecture de Seintefus peut s’avérer utile. D’autant que l’aide, nous publions dans cette édition un article sur les prouesses de la Croix-Rouge américaine, est un médicament qui tue Haïti. Bien entendu, à Livres en folie cette année, celui qui a toujours été là : Gary Victor, revient. Il a un nouveau titre, une nouvelle histoire et tous ces anciens et si bons livres. GV s’est fait une spécialité de ne jamais laisser en repos son imagination ; grand bien pour lui et pour nous. Il y aura aussi des livres déjà sortis à retrouver, des nouveautés qui auraient dû rester au vestiaire du cerveau de leur créateur et des perles qui finiront par nous donner les Laferrière, les Lahens, les Anglade, les Manigat, les Cavé de demain. La beauté de Livres en folie, c’est que des académiciens (de l’Académie créole comme de la française) y croisent des jeunes, de l’espoir plein les yeux et des lecteurs avides de renouveau, de certitude et d’enchantement. Allez, allez au champ du Parc historique et après en librairie ou au ras des trottoirs, chez nos bouquinistes, faire votre choix. Choisissez en toute liberté, des mille fleurs, celles qui composeront votre bouquet. C’est le vôtre qui importe. Pour la fête du livre de la Fête-Dieu, le lecteur est faiseur de roi
. - Frantz Duval duval@lenouvelliste.com


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