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7 juin 1099. Sur les 7 000 croisés partis d’Europe, moins d’un sur quatre rallie Jérusalem

dimanche 7 juin 2015

Après trois ans de terribles souffrances, les chevaliers commandés par Godefroy de Bouillon touchent à leur but.

Le 7 juin 1099, les croisés arrivent enfin en vue de Jérusalem, la ville du Saint-Sépulcre. Beaucoup pleurent de joie. Tant d’efforts, tant de souffrances, pour toucher au but, pour délivrer la ville sainte des Turcs. Cela fait presque trois ans qu’à la tête d’une troupe nombreuse, le duc Godefroy de Bouillon a quitté son duché de Basse-Lotharingie pour gagner la terre sainte. Il a fallu faire de nombreuses étapes. Une première à Constantinople, où l’empereur byzantin oblige les croisés à lui jurer allégeance, puis une deuxième à Nicée (aujourd’hui, Iznik en Turquie), qui se rend sans combattre. Une autre encore à Antioche qui résiste six mois avant de se livrer. Il a encore fallu combattre à Édesse (Urfa). Les croisés visitent encore Tripoli, Beyrouth, Ty, Haffa et Rama, avant de débarquer devant Jérusalem, aussi frais que Beigbeder après une semaine d’immersion dans un night-club. Que la ville est grande et que les murailles sont hautes ! Et encore n’ont-ils pas à se plaindre, les Israéliens n’ont pas encore construit le mur de la honte...

Combien sont-ils de chrétiens à mettre le siège devant la ville sainte ? Environ 1 500 chevaliers sur les 7 000 partis d’Europe. On imagine les 5 500 veuves en train de ferrailler avec leur ceinture de chasteté... Des 20 000 piétons qui ont pris la route, il en reste peut-être 12 000 en comptant large. En tout cas, les croisés sont en nombre insuffisant pour ceinturer hermétiquement Jérusalem. Godefroy de Bouillon, Robert de Flandre et Robert de Normandie se postent au nord et au sud de la ville sainte. Tandis que Raymond de Saint-Gilles, comte de Toulouse, plante ses tentes à l’ouest.

Avant de passer à l’attaque, il faut trouver de l’eau et de la bouffe. Un calvaire dans ce pays désertique. Rien à becqueter, même pas un agneau pascal, et surtout rien à boire ! Les seules sources du coin sont dans la ville. C’est le monde à l’envers : les assiégés ont de l’eau et de nombreuses provisions, tandis que les assiégeants manquent de tout. Au point que plusieurs dizaines d’entre eux meurent de faim et de soif. Comment franchir les murs ? Le mieux serait de louer de vieux hélicos soviétiques. Faute de pouvoir y recourir, les croisés se mettent aussitôt à fabriquer des échelles en bois. Impatients de libérer le Christ, mais aussi de piller la ville, ils montent à l’assaut des remparts le 13 juin. Cependant, les Fatimides qui tiennent la ville n’ont aucun mal à les repousser.

Assaut le 14 juillet

Le siège menace de s’éterniser. Par manque de vivres, mais également en raison de leurs incessantes chamailleries, les assiégeants sont dans une situation désespérée. C’est l’UMP que se déchirent les Sarko, Fillon et autre Juppé... Heureusement, plusieurs navires génois abordent Jaffa avec des vivres. Les croisés se ressaisissent, lancent une expédition en Samarie pour rapporter le bois nécessaire à la construction de hautes tours montées sur roues. Pour signaler à Dieu de se tenir prêt à leur filer un coup de main - après tout, c’est pour son fils qu’ils ont fait tout ce chemin -, les croisés organisent une procession autour de Jérusalem. Les prêtres marchent en tête, pieds nus, portant des reliques et chantant des cantiques. Du haut des murs, les sarrasins se fichent de la gueule de ces galeux d’infidèles en brandissant de fausses croix. Mais les chrétiens sont désormais remontés à bloc. Ils achèvent la construction des tours et donnent l’assaut le 14 juillet.

Malins, les croisés changent l’emplacement des tours d’assaut durant la nuit qui précède l’offensive, de façon à les placer devant des portions de mur non renforcées par les défenseurs. Au petit matin, l’attaque est donnée. Les chrétiens utilisent des balistes pour balancer des pierres, des flèches, mais aussi de la paille enflammée et des poutres trempées dans du soufre par-dessus les murailles. Des fantassins retirent des pierres à la base des remparts sous une pluie de flèches. Jérusalem résiste encore quand la nuit tombe. Lorsque le soleil, curieux de la suite des opérations, jette un premier rayon sur la cité, la bataille reprend, plus féroce que la veille.

Durant la nuit, les Turcs ont construit de nouvelles machines pour projeter de lourdes pierres sur les machines adverses afin de les démolir. À midi, le désespoir gagne le camp des assaillants. Les murs de la ville restent entiers et sont toujours couverts de défenseurs. Heureusement, Dieu veille, car les chrétiens reprennent du poil de la bête. Sur le mont des Oliviers, un chevalier brandit son bouclier pour galvaniser les troupes. Les croisés repartent à l’assaut. Les archers arrosent les murailles de flèches enflammées qui font fuir les défenseurs. Les assaillants en profitent pour baisser les ponts-levis montés sur les tours en bois. Deux frères flamands, suivis de Godefroy de Bouillon, sont les premiers à les emprunter pour pénétrer dans Jérusalem. Le pape François lance un dernier appel pour améliorer le dialogue entre chrétiens et musulmans. Mais personne ne prête attention à cet illuminé...

"Je ne porterai pas une couronne d’or"

Les chrétiens dévalent dans Jérusalem, où ils font sauter les têtes ennemies comme des bouchons de champagne. Devant une telle furie, les défenseurs courent se réfugier dans la mosquée d’al-Aqsa. Ils sont peut-être 10 000 à l’intérieur. Du pain bénit pour les chrétiens qui les saignent. L’affrontement le plus violent se déroule dans la tour du Temple, où le gouverneur de la ville a trouvé refuge. Finalement, celui-ci se rend au comte de Toulouse, qui, bon prince, le fait conduire indemne à Ascalon. Durant ce temps, la boucherie continue. C’est au tour des juifs de s’enfermer dans la grande synagogue.

Mal joué, les "Latins" mettent le feu. Voilà ce que c’est que de trop écouter Johnny : "Allumer le feu..." Un témoin de la prise de Jérusalem écrit : "Il y avait un tel massacre que nos hommes pataugeaient dans le sang jusqu’aux chevilles... Puis les croisés se sont rués dans toute la cité, s’emparant de l’or et de l’argent, des chevaux et des mules, et pillant les demeures remplies d’objets précieux. Puis, se réjouissant et pleurant d’un trop-plein de bonheur, ils sont tous allés adorer et rendre grâce à Jésus Notre Sauveur." Si la soldatesque s’en donne à coeur joie, elle ne tue cependant pas tous les habitants. Beaucoup, musulmans et juifs, peuvent fuir vers Ascalon ou Damas.

Dès le lendemain de la prise de la ville, les milliers de cadavres, qui commencent déjà à se décomposer et à puer à la chaleur, sont entassés au-delà des portes pour être brûlés en tas immenses. Godefroy de Bouillon refuse d’être couronné roi de Jérusalem. "Je ne porterai pas une couronne d’or là où le Christ porta une couronne d’épines." Il préfère devenir l’avoué du Saint-Sépulcre. Son frère n’a pas cette pudeur et prend le nom de Baudouin Ier de Jérusalem. La ville du Christ restera aux mains des chrétiens jusqu’à sa prise par Saladin, en 1187.
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