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Sécurité alimentaire : changement climatique et démographie, des défis pour l’Afrique

dimanche 7 juin 2015

C’est une certitude : sa démographie galopante et les dérèglements climatiques impacteront l’Afrique dans sa quête d’autosuffisance alimentaire.

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Par notre envoyée spéciale à Bruxelles, Christelle Marot

"Le défi est comment produire plus avec moins ? (…) La production doit être intensifiée, le gaspillage évité. Il s’agit d’encourager les innovations, de développer des chaînes d’approvisionnement durables, il y a besoin d’une gouvernance mondiale forte. Les politiques communautaires ont un rôle à jouer et la Commission européenne est prête à jouer son rôle", a souligné Phil Hogan, commissaire européen à l’Agriculture et au Développement durable, lors des Journées européennes du développement (JED), tenues à Bruxelles les 3 et 4 juin. L’agriculture est l’un des secteurs-clés soutenus par l’aide au développement de l’Union européenne.

Des coûts d’adaptation de 50 milliards de dollars

Selon le dernier rapport du programme des Nations unies pour l’environnement, Africa’s Adaptation Gap Report 2, paru en 2015, si la hausse des températures est maintenue sous la barre des 2 °C, les coûts de l’adaptation pour l’Afrique devraient atteindre 50 milliards de dollars par an d’ici à 2050. Mais ils pourraient doubler à 100 milliards de dollars par an si la hausse des températures atteint 4 °C. Sur le continent, à l’horizon 2050, les rendements agricoles pourraient diminuer de 17 % pour le blé, de 15 % pour le sorgho, de 10 % pour le mil, avec des incidences plus sévères pour les pays du Sahel. La grande majorité des personnes en situation d’insécurité alimentaire est en milieu rural. "Ce qui fatigue nos paysans avec le changement climatique, c’est qu’ils ne savent plus à quel moment planter, à quel moment de l’année la soudure arrive, ils ne savent plus comment stocker pour ne pas être surpris et ils ne savent même plus à quel moment faire les semis", a relevé Nouhoum Coulibaly, directeur général au ministère de l’Agriculture en Côte d’Ivoire, lors des Journées européennes de développement (JED).
Beaucoup reste à faire

Bien que les partenaires au développement, les gouvernements africains, la communauté scientifique, la société civile ou les entreprises privées se mobilisent, il reste encore fort à faire. Aujourd’hui, les chercheurs perfectionnent des techniques agricoles pour produire autant, voire davantage, dans un contexte nouveau auquel il faudra s’adapter. L’agriculture est également appelée à produire des services écosystémiques pour atténuer les gaz à effet de serre, produire de la biodiversité, assurer la qualité de l’eau, régénérer la fertilité des sols. Pour Patrick Caron, directeur général délégué à la recherche et à la stratégie au Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad), "il n’y a pas besoin de révolution verte en Afrique. La révolution verte a été imaginée au XXe siècle dans un contexte d’énergie à bas coût, de plein emploi et à une époque où l’on pensait que les intrants étaient illimités, notamment le phosphore. Le contexte n’est plus le même aujourd’hui. Et les solutions d’hier ne seront pas les solutions de demain. (…) En Afrique, nous avons besoin de plus, nous avons besoin d’une révolution globale, totale des formes de production agricole, qui puisse permettre d’aller vers une smart agriculture, une agriculture qui contribue au développement durable et qui permette de penser des systèmes alimentaires et des territoires durables dans le futur".

Des systèmes d’alerte à la rescousse

Pour développer l’agriculture intelligente, les chercheurs et les experts du développement recommandent de produire des systèmes d’alerte précoce et de produire des données régionales et nationales sur le climat et les récoltes, de développer la recherche sur l’agroécologie, de miser sur l’agriculture familiale ou encore de développer la recherche agricole locale. Concrètement, la recherche porte aujourd’hui sur les variétés résistantes aux extrêmes climatiques, sur le raccourcissement des cycles des saisons, sur la lutte contre les insectes nuisibles qui se sont adaptés.

Alors que se profile la conférence des Nations unies COP 21 à Paris en décembre prochain, les pays africains sauront-ils positionner l’agriculture dans l’agenda du changement climatique ? "Normalement, chacun des pays africains devrait rédiger un document pour attaquer les questions du changement climatique et aussi aller vers une agriculture intelligente. Les documents sont pratiquement prêts, ils ont été validés. C’est une question de financement maintenant" , selon Nouhoum Coulibaly


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