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Dany Laferrière en cire et en os au Musée Grévin

mercredi 10 juin 2015

Un roulement de tambours retentit au fond de la salle. Les lumières s’éteignent. On ne voit plus rien. L’espace d’un cillement, on remarque, avec la réapparition de la lumière, la statue en cire de Dany Laferrière assis dans un canapé. Il a fallu qu’il fasse son apparition, debout, à côté de la statue pour dissiper tout doute tant il était difficile de distinguer le vrai fils de Da du pareil en cire.

L’écrivain Haïtiano-Québécois Dany Laferrière, qui a récemment rejoint l’Académie française, a franchi un pas de plus vers l’immortalité en faisant mardi son entrée au Musée Grévin de Montréal. Veston noir, chemise bleu clair et pantalon en jean, affichant un petit sourire crispé, son double de cire réalisé par Claus Velte attend les visiteurs assis dans un canapé, tenant en main "L’énigme du retour", Prix Médicis 2009. "Ce n’est pas moi qui ai choisi le livre", a relevé l’auteur de 62 ans, assis aux côtés de son double et vêtu à l’identique. Quelques jours après avoir fait ses premiers pas à l’Académie française, où il est à la place occupée jadis par Montesquieu, l’écrivain a souligné n’avoir jamais espéré une telle reconnaissance. "Personne ne peut aspirer à vivre des choses comme ça si l’on n’est pas un peu fou, moi j’aspire à être un écrivain, c’est-à-dire à écrire", a-t-il dit. Jeudi dernier, il a participé à sa première séance de travail à l’Académie française lors de la traditionnelle "séance du dictionnaire". "À un moment donné, quand j’ai vu Michel Serres causer avec d’autres confrères de même niveau, je me suis dit que c’était quand même pas mal de pouvoir chaque jeudi entendre un Prix Nobel discuter de quelque chose avec un des grands spécialistes de la violence ou de la langue", a raconté M. Laferrière à l’AFP. "On est 39 ou 40 et il y a toutes les chances d’avoir des gens de bon niveau pour discuter. C’est pas mal pour un café", a-t-il conclu. C’est en présence du consul général d’Haïti à Montréal, M. Justin Viard, du consul général de France à Montréal, M. Bruno Clerc, du président et fondateur du Festival de Jazz de Montréal, M. Alain Simard, du président du 39e Festival des films du monde, M.Serge Losique, que le directeur général du Musée Grévin de Montréal, M. Philippe Bertout, a présidé le mardi 9 juin 2015 à la cérémonie d’entrée de l’académicien Dany Laferrière au Musée Grévin de Montréal. L’immortel côtoie en ce haut lieu de la culture française, québécoise et mondiale d’illustres personnalités de la musique, de l’écriture, du cinéma et de la politique. On peut citer des icônes comme Marilyn Monroe, Robert de Niro, Al Pacino, Brad Pitt, Angelina Jolie, Céline Dion, René Angélil, Michael Jackson, Elvis Presley et Louis Armstrong. C’est avec une grande fierté que le jury a fait choix de Dany parce qu’il est un grand écrivain, a affirmé M. Bertout, qui rappelle la grande maîtrise de l’art du récit par l’écrivain. Il en veut pour preuve le roman « L’énigme du retour », Prix Médicis 2009, que la statue de cire de l’auteur tient d’ailleurs entre ses mains. M. Justin Viard a, de son côté, mis l’accent sur le fait que Dany « est en train d’écrire l’une des plus belles pages d’histoire d’Haïti et du Québec ». Il vient « d’entrer dans la légende et dans l’immortalité, le fils de Petit-Goâve, de Port-au-Prince, d’Haïti, de Montréal, du Québec, du Canada et de la France et du monde entier », a renchéri M. Viard tout en rappelant que Dany est le premier Haïtien et Québécois à ouvrir les portes de la plus prestigieuse institution de codification et de régulation de la langue française. Dany a, comme d’habitude, vécu l’évènement dans la simplicité. Il a remercié le directeur du musée, les membres du jury qui ont fait choix de lui, les personnalités et les amis présents dans l’assistance composée majoritairement de Québécois. Il s’est dit, lui-même, très étonné de la grande vraisemblance de la statue qui dépeint dans les petits détails ses cheveux, ses yeux et surtout son grand sourire « qui dit que j’en ai marre d’être photographié », a-t-il plaisanté. La cérémonie s’est terminée dans une ambiance très haïtienne avec la dégustation de bouchées de bananes frites arrosées de pikliz (sans le griot cependant ! On en voulait bien sûr) alors que le DJ faisait retentir du compas qui invitait à danser. Certains invités en ont profité pour se procurer de nouvelles publications de Dany qui a pris un grand plaisir de les signer.


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