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Fifa : le Parlement européen veut la peau de Joseph Blatter

jeudi 11 juin 2015

Strasbourg a voté une résolution appelant à remplacer "immédiatement" le président démissionnaire après le scandale qui a frappé la Fifa.

Le Parlement européen a joint sa voix jeudi au concert de pressions exercées sur la Fifa, engluée dans un scandale de corruption sans précédent, en appelant au départ immédiat de son président démissionnaire Joseph Blatter. Les eurodéputés ont voté à une très large majorité, à main levée, pour ce texte au ton vif à l’encontre de l’instance dirigeante du football mondial, préparé conjointement par les sept groupes politiques de l’assemblée, réunie en session plénière à Strasbourg. Ils se félicitent "de la démission de Joseph Blatter de la présidence de la Fifa ainsi que des enquêtes pénales en cours", en Suisse comme aux États-Unis. Mais ils demandent à l’organisation de choisir "un président provisoire approprié pour (le) remplacer immédiatement".

Blatter, bien que démissionnaire, devrait en effet rester en poste jusqu’à l’élection de son successeur, qui n’est pas prévue avant fin 2015. Or, a estimé le Parlement dans sa résolution censée exercer une pression politique, la Fifa a besoin de "crédibilité" pour mener des "réformes urgentes nécessaires". Sepp Blatter a rétorqué qu’il excluait un départ immédiat. "La Fifa est perplexe face à la résolution du Parlement européen. (...) Le président de la Fifa a déjà décidé d’abandonner son mandat lors d’un congrès extraordinaire électif", a expliqué une porte-parole de l’instance.

La Fifa est "malade"

Mais l’étau ne cesse de se resserrer autour de Sepp Blatter, à mesure que sont apparues de nouvelles affaires de corruption au sein de l’organisation, dont les eurodéputés ont fustigé "la corruption systémique et abjecte". L’instance dirigeante du football mondial a fait savoir mercredi que la date du congrès extraordinaire durant lequel sera élu le successeur de Joseph Blatter serait annoncée en juillet, à l’issue d’un comité exécutif. Ce congrès électif doit se dérouler entre décembre 2015 et mars 2016, selon Domenico Scala, qui supervise la procédure électorale de la Fifa.

La Fifa "est malade et sa maladie est due à sa classe dirigeante actuelle", a lancé le député espagnol Santiago Fisas Ayxela, qui s’exprimait au nom du PPE (droite), lors du débat au Parlement. Avec Blatter, "elle a perdu une tête", a estimé au nom des socialistes la députée allemande Petra Kammerevert, comparant l’organisation à l’Hydre à plusieurs têtes de la mythologie grecque. "Mais la question demeure de savoir comment cela va se poursuivre", a-t-elle ajouté.

"Quasi dictatoriale"

Le commissaire européen chargé du Sport, Tibor Navracsics, qui assistait aussi au débat, a, lui, estimé que, dans "dans sa forme actuelle", la Fifa "n’était plus en mesure de diriger le football international". Dans sa résolution, le Parlement européen a aussi salué le rôle joué par "le journalisme d’investigation qui a fait naître de graves soupçons" sur l’ampleur de la corruption qui gangrène la direction du football mondial. Il a appelé à la mise en place de "processus décisionnels ouverts, équilibrés et démocratiques" au sein de la Fifa.

Dans un entretien accordé mercredi à l’AFP, Mark Pieth, professeur de droit à l’université de Bâle (Suisse), a qualifié de "quasi dictatoriale" la façon dont est dirigée l’instance sportive. "C’est une structure ultra-présidentielle, sans assez de contre-pouvoirs", a jugé cet universitaire à qui Blatter avait confié une réflexion sur la gouvernance de la Fifa, mais dont les principales préconisations n’avaient jamais été mises en oeuvre.


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