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Obama trahi par les siens sur le partenariat transpacifique

lundi 15 juin 2015

par David Lawder

WASHINGTON (Reuters) - Barack Obama a subi vendredi un camouflet de son propre camp lorsqu’un grand nombre d’élus démocrates, à commencer par leur chef de file à la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, ont refusé de voter une loi qui lui aurait accordé des pouvoirs accrus pour conclure un accord de libre-échange avec onze pays riverains du Pacifique (TPP).

La gifle est d’autant plus cuisante pour Barack Obama qu’il avait effectué vendredi matin une rare visite au Capitole pour tenter de convaincre les élus réticents de voter cette procédure appelée "fast-track", par laquelle le président peut demander au Congrès d’adopter ou de rejeter in fine un traité commercial sans pouvoir modifier son contenu par des amendements.

Les représentants ont certes adopté cette mesure par une courte majorité mais ils ont rejeté massivement (302 voix contre 126) le second volet du projet de loi, le Trade Adjustment Assistance (TAA), un programme destiné à aider les Américains qui perdent leur emploi à la suite d’accords de libre-échange.

Les deux volets étant indissociables, ce rejet bloque donc la loi dans son ensemble, même si un nouveau scrutin pourrait être organisé dans le courant de la semaine prochaine.

Le président américain a appelé samedi les parlementaires à donner une seconde chance à ce projet. "Si je ne pensais pas que ces nouveaux accords commerciaux sont ce qu’il faut faire, je ne les défendrais pas", a-t-il déclaré. "J’appelle les membres du Congrès à réviser leur jugement au nom des employés, de leurs familles et de leurs communautés, et je les appelle à défendre les employés américains", a-t-il ajouté.

L’issue du vote apparaissait très incertaine, bien que les républicains majoritaires au Congrès s’y soient déclarés favorables — le Sénat a d’ailleurs adopté le mois dernier une loi élargissant les pouvoirs de négociation de Barack Obama en matière de libre-échange.

Les démocrates, sensibles aux arguments des syndicats qui dénoncent la perspective d’une concurrence déloyale avec les pays d’Asie et d’un "dumping" social, se sont en revanche montrés depuis le début beaucoup plus réticents.

"IMBROGLIO PROCÉDURAL"

Dans les couloirs du Congrès, on estime que c’est la décision de Nancy Pelosi, une alliée fidèle de Barack Obama, de rejoindre le camp des "frondeurs" qui a porté le coup fatal au projet présidentiel.

"Quand (Nancy) Pelosi a annoncé qu’elle voterait contre le TAA, cela a fait basculer le vote des indécis", a commenté Steve Israel, un représentant démocrate en vue.

Le porte-parole de la Maison blanche, Josh Earnest, a tenté de minimiser l’impact de ce vote, qu’il a qualifié de "nouvel imbroglio procédural", et s’est dit convaincu qu’il serait possible de convaincre davantage de démocrates comme de républicains de voter en faveur du projet de loi.

Barack Obama lui-même a rappelé jeudi dans un communiqué qu’il était indispensable d’adopter un nouveau TAA, le programme actuel, qui a permis d’aider 100.000 travailleurs par an après notamment l’accord commercial avec le Canada et le Mexique, expirant en septembre prochain.

Paradoxalement, ce sont les chefs de file républicains, dont le président de la Chambre, John Boehner, qui pourraient voler au secours du président démocrate en oeuvrant à l’organisation d’un nouveau vote qui pourrait intervenir dès mardi prochain, selon un assistant parlementaire du "Grand Old Party".

Mais en cas de nouvel échec, c’est un des piliers de la politique étrangère de la fin du second mandat de Barack Obama qui se trouverait paralysé, au pire moment pour le président américain qui recevra en septembre son homologue chinois Xi Jinping.

(Avec Ken Wills ; Tangi Salaün pour le service français)


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