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Haïti, le deuxième marché pour les produits dominicains

lundi 22 juin 2015

Si du côté haïtien il n’y a pas de statistiques sur le poids des produits dominicains dans le panier des importations haïtiennes, ni sur le nombre des Haïtiens vivant, étudiant ou travaillant en pays voisin, les Dominicains publient régulièrement des chiffres qui placent Haïti comme leur deuxième marché, sans compter les importations de la contrebande entre deux pays partageant une frontière poreuse et des transferts de marchandises qui se font par les particuliers tous les jours. Alors que la crise et le nettoyage ethnique se précisent, les statistiques parlent. Un peu. De l’imbrication de nos économies. L’expiration du Plan de régularisation des étrangers en République dominicaine, affectant principalement la population haïtienne qui représente 87% des migrants dans ce pays, est synonyme de déportation de masse pour les Haïtiens sans papiers qui n’ont pas pu se faire inscrire à temps. Au-delà des considérations juridiques et humanitaires, certains médias, comme Diario Libre et la BBC, se sont penchés sur l’importance de la main-d’œuvre haïtienne pour l’économie dominicaine. « Pour l’année 2014, la République dominicaine a exporté des biens vers Haïti pour une valeur de 1,05 milliard de dollars US, faisant de l’autre côté de l’île le deuxième plus grand marché au monde pour les produits dominicains », informe le Centre pour les exportations et les investissements (CEI-RD). Selon les statistiques de l’Observatoire du marché du travail dominicain, au cours de 2014, la population active d’Haïtiens travaillant dans le pays s’élevait en moyenne à 157,562 personnes, dont 38 960 étaient employés dans le secteur formel, et le reste de 118,602 travaillant dans l’informalité. A ces ressortissants haïtiens, il convient d’ajouter quelque 29,466 chômeurs qui recherchent activement ou non un emploi ou qui ont été découragés par le marché du travail. Selon les données de la première Enquête nationale auprès des immigrants (ENI) en 2012, menée par l’Office des statistiques nationales (ONS), sur les 570 000 personnes qui travaillent dans l’agriculture, 18% sont originaires d’Haïti ; sur les 248 000 dans la construction, 29% sont haïtiennes. Des données de l’Observatoire du marché du travail dominicain (OMLAD), du ministère du Travail de la République dominicaine, indiquent qu’entre 2000 et 2014 l’utilisation de la main-d’œuvre haïtienne a augmenté de plus de 440% tandis que celle de la République dominicaine n’a augmenté que de 35 %. La Banque mondiale, dans un rapport [“Haití y República Dominicana : más que la suma de las partes” (2012)], explique que « l’immigration haïtienne profite à l’économie de la République dominicaine, offrant aux entreprises du pays une main-d’œuvre jeune et relativement bon marché. » En général, en République dominicaine, les travailleurs haïtiens gagnent 60% de moins de ce que gagnent en moyenne les Dominicains. Pour le secteur agricole, où la majorité des immigrants haïtiens est utilisée, leur salaire moyen est la moitié de ce que perçoivent les travailleurs dominicains. Il n’y a pas le chiffre exact publié par les autorités dominicaines sur la contribution des Haïtiens au produit intérieur brut (PIB) de la République dominicaine, bien que des recherches indépendantes aient été menées sur la question. Le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) a mené une enquête plus approfondie que l’ENI en 2012, dans laquelle elle a révélé qu’en 2013 la population haïtienne représentait 5,4% du PIB de la République dominicaine. Ce qui équivaut à 3,4 milliards de dollars des 64 milliards du PIB dominicain, selon des estimations de la Banque mondiale en 2014. Cependant, beaucoup de critiques Dominicains objectent que la présence d’une communauté haïtienne entraîne des coûts économiques élevés pour la société dominicaine obligée à fournir des services publics à cette population immigrée. Quoi qu’il en soit, l’impact économique de ces mesures migratoires se fera sans nul doute sentir des deux côtés de la frontière.
Patrick SAINT-PRE sppatrick@lenouvelliste.com

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