MosaikHub Magazine

24 juin 1947. Naissance du mythe des OVNI après la vue de disques dans le ciel de l’État de Washington.

mardi 23 juin 2015

Depuis son coucou, Kenneth Arnold aperçoit neuf disques volant au loin qui deviendront des "flying saucers"


Par Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos

Le mardi 24 juin 1947, l’Américain Kenneth Arnold, 32 ans, décolle aux commandes de son monomoteur. Membre du Search and Rescue Mercy Flyer, il est à la recherche d’un avion militaire disparu six mois auparavant près du mont Rainier, dans l’État de Washington. Vers 15 heures, son attention est attirée par un éclair lumineux à l’horizon. Curieux. Il aperçoit alors neuf objets blancs, arrondis à l’avant et triangulaires à l’arrière, voler à une vitesse stupéfiante. "Je trouvais très étrange de ne pouvoir distinguer leur queue, mais je supposais qu’il s’agissait en quelque sorte d’engins à réaction..." Kenneth a la présence d’esprit de chronométrer le temps mis par ces curieux engins pour relier les monts Rainier et Adams. 1 minute et 42 secondes ! Vu la distance, cela les fait voler plus vite que la vitesse du son. Stupéfiant. Aucun avion, à cette époque, n’est capable d’un tel exploit. Kenneth en reste baba. Peut-être autant que s’il avait vu passer Arthur habillé en séminariste après avoir légué sa fortune aux Restos du coeur.

"Comme une soucoupe"

Encore ébaubi, le pilote retourne se poser à Yakima, près de Seattle, où il s’empresse de narrer son aventure aux pilotes de l’aérodrome. Certains l’accusent d’avoir eu des visions, d’autres évoquent des missiles de la base de Moses Lake. Personne ne songe encore à des extraterrestres. Kenneth finit par redécoller pour Pendleton en Oregon, où il raconte à nouveau son histoire. Craignant que ces objets puissent être des armes secrètes soviétiques, il se rend à l’antenne locale du FBI pour signaler son observation, mais il trouve porte close. Le lendemain, toujours inquiet, il décide d’aller raconter sa petite histoire au quotidien local, l’East Oregon. Aux deux journalistes qui le reçoivent, il explique que les neuf engins volaient d’une manière irrégulière. Pour se faire mieux comprendre, il emploie l’image : "Like a saucer if you skip it across the water" (comme une soucoupe que vous feriez ricocher sur l’eau). Kenneth ne parle absolument pas de soucoupes volantes, mais d’objets glissant dans le ciel avec le mouvement d’une soucoupe ! Pourtant, dès le lendemain, la presse est pleine de "soucoupes volantes". L’un des deux journalistes a envoyé une dépêche à l’agence Associated Press. L’expression est reprise par les radios.

Et c’est parti pour l’hystérie collective. Les extraterrestres n’ayant pas pris la peine de passer un communiqué pour rectifier l’info, au cours des semaines et des mois qui suivent, des milliers d’Américains observent à leur tour les fameuses soucoupes volantes. Certains jurent même avoir rencontré des petits hommes verts. En Amérique, mais aussi dans le reste du monde. Le phénomène "ovni" est né. Pour en revenir à Kenneth, lui ne se focalise absolument pas sur E.T. Il craint surtout que les Russes ne soient à l’origine de ces engins volants. Il veut donc être pris au sérieux par les autorités. Le 8 juillet, il remet un rapport dactylographié à l’US Army tout en continuant à rassembler les témoignages semblables au sien. Peu à peu, l’administration américaine se met en branle. Les rapports se multiplient, s’entrecroisent, se contredisent. Un gars prétend avoir découvert des restes d’un disque volant près de Roswell. Les théories les plus folles voient le jour. Un général émet l’idée que les premières observations sont inventées de toutes pièces par des sympathisants cocos avec la machiavélique intention de déclencher une peur panique dans la population américaine.

Mirage

Ainsi, le 12 juillet, deux enquêteurs militaires viennent interroger Kenneth, mais aussi ses voisins et amis pour vérifier sa crédibilité et surtout s’il n’est pas un agent communiste. Leur rapport est favorable. On peut y lire : "Pour tout dire, s’il peut écrire un rapport d’une telle teneur sans avoir vu les objets qu’il prétend avoir vus, l’enquêteur est d’opinion qu’il s’est trompé de profession et qu’il ferait mieux d’écrire des aventures de Buck Rogers." L’armée conclut que les phénomènes observés sont bien réels, qu’il s’agit effectivement d’objets ayant la forme d’un disque. La possibilité qu’il s’agisse d’engins américains testés secrètement n’est pas écartée. Une propulsion nucléaire est évoquée. Cécile Duflot pique une crise de nerf... Finalement, le 30 décembre 1947, l’état-major lance une étude consacrée aux soucoupes volantes : le Project Saucer. Un astronome qui y participe relève des incohérences dans les informations fournies par Kenneth concernant la taille des neuf objets et leur éloignement. Ils auraient été bien plus proches que ne le pensait le pilote, et donc leur vitesse bien inférieure à celle du son. Conclusion : il s’agit probablement d’avions classiques. Ou alors d’une illusion due à un effet mirage de l’atmosphère. Exit les Russes, exit les extraterrestres. Pourtant, les soucoupes volantes et les ovnis continuent à sillonner le ciel. Des millions de Terriens restent persuadés de leur existence. Aux innocents les yeux pleins...


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