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Déportations : des politiques accusent le pouvoir et proposent

mercredi 24 juin 2015

Candidats à la présidence et responsables de partis politiques n’y vont pas par quatre chemins pour rendre le pouvoir en place responsable de ce qui arrive à nos compatriotes en République dominicaine. Entre un appel à une trêve et un « votez-moi » pour changer la situation du pays et redéfinir les relations entre Haïti et la République dominicaine, des politiques haïtiens se positionnent sur la vague de déportations de nos compatriotes par les autorités dominicaines.

Dans tous les cas de figure, les hommes et les femmes politiques du pays ne ratent jamais une occasion pour rendre le gouvernement responsable du comportement des Dominicains envers nos compatriotes en territoire voisin. Pour Samuel Madistin, candidat à la présidence sous la bannière du MOPOD, la vague de déportations est condamnable et totalement inacceptable. « Un acte qui défie toutes les règles de civilité qui doivent exister entre deux nations sœurs est un acte inamical rendu possible en raison de la faiblesse de notre État. Elle va aussi à l’encontre de tous les accords et conventions internationaux de respect des droits humains que les deux pays ont signés et jurés de respecter. » « Nous comprenons bien qu’un pays souverain puisse vouloir contrôler les composantes et variantes de sa population mais en respectant les règles et principes éthiques de savoir-faire et de savoir-vivre qui sous-tendent ce monde que l’on voudrait global aujourd’hui », a avancé Me Samuel Madistin au cours d’une conférence de presse. « Avec un gouvernement MOPOD, a-t-il dit, les traités de frontière seront revisités, la Commission mixte haïtiano-dominicaine réévaluée, les échanges commerciaux reconsidérés et la dignité nationale revigorée. » Pour sa part, la « Platfòm Pitit Dessalines » que dirige Moïse Jean-Charles, candidat à la présidence, s’insurge contre le laxisme du régime « Tèt Kale » dans la gestion du dossier des migrants haïtiens en République dominicaine. « De Laurent Lamothe à Evans Paul, l’administration Martelly a affiché une attitude nonchalante et irresponsable, aboutissant à la mise en touche de toute solution haïtienne dans cette affaire. Le régime de Martelly doit assumer son échec », a fulminé l’organisation politique. Selon la « Platfòm Pitit Dessalines » , le gouvernement en place a menti à la population en faisant croire, avant la date d’expiration du délai d’enregistrement des citoyens dans le PNRE, que les autorités dominicaines avaient accordé un moratoire au-delà du 17 juin. « Quant au gouvernement dominicain, la plateforme travaille actuellement sur les mécanismes de saisine des instances internationales au regard des conventions internationales existantes en pareilles circonstances », menace le parti de Moïse Jean-Charles qui croit que seuls le renforcement de la production nationale et la création d’emplois pourront relancer le pays sur les rails du progrès et recapitaliser les ménages. « Ainsi, nos frères et sœurs pourront travailler en restant chez eux, sans devoir subir les affronts de nos voisins. » Le leader charismatique de Fanmi Lavalas, l’ex-président Jean Bertrand Aristide, connaît très bien la situation dans laquelle le pays se trouve actuellement, puisqu’en 1991, il avait fait face à cette même situation. Sa candidate à la présidence, Maryse Narcisse, qui a fustigé la lenteur de l’administration Martelly qui n’a pas su donner des papiers aux Haïtiens vivant en situation irrégulière en République dominicaine a rappelé qu’en 1990, le gouvernement Lavalas avait géré cette même situation avec « dignité ». Elle a appelé les deux pays au dialogue afin de trouver une solution à la crise. Mirlande Manigat invite les candidats à observer une trêve Dans une adresse à la nation, la secrétaire générale du RDNP a dit comprendre que pour l’instant l’attention des candidats porte sur une campagne qui n’a pas encore commencé « mais dont les préparatifs occupent vos pensées. Malgré tout, comme moi, vous êtes interpellés par la pénible situation que vivent plus de deux cent mille de nos frères qui sont nés et vivent en République dominicaine, menacés de déportation depuis le 18 juin dernier. Les témoignages bouleversants indiquent qu’ils sont partagés entre la peur, l’humiliation, l’angoissante incertitude pour eux et pour leurs enfants », a-t-elle écrit. « … je vous invite à établir une trêve dans la poursuite individuelle de vos activités de campagne ; car le temps n’est plus aux petits calculs personnels. Je crois sincèrement qu’il est opportun d’organiser une rencontre entre nous afin de discuter des relations haïtiano-dominicaines, non seulement afin d’aborder les solutions à apporter à ce problème immédiate, mais aussi pour anticiper l’avenir. Nous avons chacun des idées particulières sur ces deux questions ; mais vu notre désir à tous d’améliorer l’image d’Haïti, leur mise en commun peut aider à construire une politique qui préserve les intérêts de la Nation. » Madame Manigat a conclu son adresse en ces thèmes : « Au nom de notre patrie commune, des idéaux des héros de l’indépendance, de notre histoire de peuple pionnier, Je vous invite à nous rassembler ! Unissons-nous, chers concitoyens, comme le commande notre devise, pour défendre l’honneur de notre pays, car la seule campagne qui vaille aujourd’hui, c’est celle de redonner à l’Haïtien sa fierté et de rétablir Haïti dans sa dignité. »

Robenson Geffrard rgeffrard@lenouvelliste.com


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