MosaikHub Magazine

23 juin 1993. L’Américaine Lorena Bobbitt sectionne le sexe de son violeur de mari.

mercredi 24 juin 2015

Elle le punit pour l’avoir prise de force ! Ce qui ne l’empêchera pas de tourner dans un porno après une auto-greffe


Par Frédéric Lewino et Gwendoline Dos Santos

Vers 3 heures du matin, Lorena Bobbitt quitte le lit conjugal pour aller boire un verre d’eau dans la cuisine. Le jeune couple habite un petit appartement de Pine (mais oui !) Street à Manassas, en Virginie. Elle entend avec dégoût John Wayne Bobbitt ronfler comme un porc. Quelques minutes auparavant, ce salaud l’a forcée à faire l’amour en dépit de ses vives protestations. Elle se sent salie, violée, autant que Nafissatou Diallo, un certain jour. Une froide colère la saisit. La jeune femme de 23 ans s’empare d’un grand couteau de cuisine, retourne dans la chambre, soulève les draps du lit, attrape le pénis de son époux dans une main et le tranche net ! Un rabbin n’aurait pas fait mieux. Serrant son trophée dans le poing, elle s’enfuit en voiture. Le salaud ne la violera plus !

Née en Équateur, Lorena rencontre son futur époux dans un bar fréquenté par les marines de Virginie. Qu’il a fière allure dans son uniforme ! C’est comme si elle avait rencontré Tom Cruise dans Top Gun. La jeune manucure se laisse séduire à la première danse. Quand elle épouse son marine en juin 1989, elle a juste 19 ans. Il est son premier pénis.

Dès les premières nuits, Lorena se rend compte qu’il y a tromperie sur la marchandise. Elle a cru épouser George Clooney, mais son beau John Wayne tire plus vite que son ombre. À peine se met-elle en position du porte-avion, que son mari a déjà apponté, et se retire, le réservoir à sec. Cruelle désillusion ! Pour ne rien arranger, il se met à picoler. Pire : il se fait virer des marines. Alors la guerre, il la transporte sous le toit conjugal, les disputes deviennent violentes. À plusieurs reprises, les policiers doivent intervenir. Il la force à avorter. Elle veut divorcer, entame la procédure. Il promet de s’amender. Mensonge. Lorena porte plainte contre lui pour tentative d’étranglement. John porte plainte contre Lorena pour coup de pied dans le bas-ventre. Chez les Bobbitt, on ne s’ennuie pas. Rihanna envoie un télégramme de soutien à Lorena...

Dans la nuit du 23 juin 1993, John Wayne, complètement ivre, la force une nouvelle fois. Une fois de trop ! L’idée de sectionner l’arme fatale de son prince charmant pendant son sommeil la submerge. Plutôt sympa, Lorena lui en laisse deux centimètres avant de s’enfuir en voiture, avec le couteau et le pénis fraîchement coupé. Après avoir roulé sur quelques centaines de mètres, la jeune femme se rend compte de ce qu’elle tient à la main, un morceau de chair tout ratatiné. Elle l’observe aussi incrédule que Copé découvrant une facture de Bygmalion. D’un geste affolé, elle le jette par la fenêtre en hurlant.

La chasse au pénis est ouverte

Pendant ce temps, un ami des Bobbitt accouru sur place emmène le malheureux à l’hôpital de Manassas. Il se présente aux urgences, se maintenant l’entrejambe avec des mains recouvertes de sang. Le médecin urgentiste, qui manque d’imagination, commence par croire que le grand gaillard s’est entaillé les poignets dans une tentative de suicide. Mais quand John écarte les mains, le médecin fait un pas en arrière devant le carnage. Le toubib n’a jamais vu une chose pareille ! Même chez Michou... Mais où est donc le Dr House ? On a besoin de lui de toute urgence ! Les médecins informent le malheureux que sans le morceau manquant ils ne peuvent rien faire d’autre que poser un garrot et suturer la plaie... C’est un peu court. Heureusement pour John, quelques heures plus tard, Lorena indique vaguement à la police l’endroit où elle a jeté l’"animal" par la fenêtre de sa voiture.

La chasse au pénis est ouverte. Stéphane Bern se joint à la battue... Finalement, un pompier découvre l’attribut orphelin dans un terrain vague. Il le ramasse soigneusement avant de le déposer dans un sac plastique bourré de glace. Il n’est pas trop tard pour tenter la greffe. Après neuf heures d’opération, le chirurgien esthétique David Berman et l’urologue James Sehn parviennent à rendre sa virilité à M. Bobbitt. Le lendemain de l’opération, celui-ci est déjà en train de draguer les infirmières de l’hôpital en leur affirmant qu’il avait un membre de 25 centimètres, mais qu’à cause de sa femme, il n’en reste plus que 23. De quoi satisfaire n’importe quelle gourmande. Au bout d’un mois, il retrouve la capacité d’uriner normalement et avec quelques mois de plus, ses capacités érectiles.

L’affaire connaît un retentissement énorme aux États-Unis, la petite ville de Manassas est prise d’assaut par les journalistes, les reporters, les curieux, et surtout par les féministes endurcies qui font de Lorena un glorieux symbole de la guerre des sexes. Quand elles font le "V" de la victoire avec leurs doigts, elles l’ouvrent et le referment comme une paire de ciseaux. Couic ! Couic ! Couic ! Dans un premier procès, John Wayne est acquitté de l’accusation de viol portée par Lorena. Le deuxième procès est celui de la jeune femme. Toutes les télés du pays ont envoyé des équipes. Deux cents journalistes du monde entier s’entassent aux portes du tribunal, des vendeurs de tee-shirts proposent à la criée des maillots estampillés "L’amour, ça fait mal" ou "Lorena, tu n’y couperas pas". Les vendeurs de hot-dogs eux aussi s’en donnent à coeur joie... Et pendant ce temps, Lorena risque 20 ans de prison.

Elle apparaît à la barre, fragile, raconte son calvaire de femme battue, injuriée, violée, manque de s’effondrer à plusieurs reprises. Elle plaide la démence au moment des faits et explique avoir été poussée par une impulsion. Sa prestation convainc le tribunal qui la déclare non coupable. Les médecins la jugent irresponsable au moment des faits. Furax à l’énoncé du jugement, John Wayne Bobbitt s’en remet vite. En août 1994, pour prouver au monde que son organe viril fonctionne toujours, il tourne un premier film pornographique, intitulé John Wayne Bobbitt : Uncut, aux côtés d’une actrice espagnole ressemblant à Lorena. Le scénario, forcément très élaboré, prévoit que l’actrice se retrouve à un moment du film avec un couteau à la main.


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