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Des imprimeurs haïtiens mécontents du deal de Dubaï du Pnud

mercredi 1er juillet 2015

Des imprimeurs haïtiens sont montés au créneau pour dénoncer le PNUD qui a attribué à une firme basée à Dubaï le contrat de l’impression des bulletins de vote pour les législatives. Dans une note de protestation, ils se disent consternés d’apprendre la nouvelle. Les Imprimeries des Antilles, Maison Henri Deschamps, Le Natal, Domond, NAPCO et Litho CS ont dénoncé le fait que « le contrat d’impression des bulletins n’a fait l’objet d’aucun appel d’offres ».

« Le site Internet du PNUD, institution qui gère les fonds alloués à l’organisation des élections 2015 en Haïti, n’affiche aucun appel d’offres pour la fabrication des bulletins pour la période de janvier à juin 2015. De plus, aucun imprimeur local n’a été officiellement invité à soumissionner », ont-ils dénoncé.

« Les imprimeries haïtiennes n’ont pas eu la possibilité de soumissionner à l’appel d’offres lancé par le Programme des Nations unies pour le développement pour l’impression des bulletins de vote », a fulminé Peter Frisch, responsable de l’imprimerie Deschamps. Intervenant mardi matin sur Radio Magik 9, il a critiqué le PNUD qui, selon lui, a délibérément fait choix d’une firme à Dubaï pour l’impression des bulletins en écartant les firmes locales.

« Sur le site Internet du PNUD, de janvier au mois de juin, il n’y avait aucune annonce d’appel d’offres pour l’impression des bulletins de vote », a déclaré le responsable de l’imprimerie Deschamps. Qu’il s’agisse d’un appel d’offres ouvert ou restreint, le PNUD a tenu à l’écart les firmes haïtiennes, a-t-il dit, soulignant que sa compagnie est inscrite sur la liste des firmes accréditées pour participer dans des appels d’offres lancés par cet organisme des Nations unies.

« Ni l’imprimerie Deschamps ni aucune autre imprimerie haïtienne n’ont reçu du PNUD aucune invitation à soumissionner pour l’appel d’offres d’impression des bulletins de vote », a-t-il encore une fois dénoncé. M. Frisch a rappelé que, dans le passé, les imprimeries locales avaient fait leur preuve dans l’impression des bulletins de vote pour les élections dans le pays.

Peter Frisch a souligné que, depuis 1987, les bulletins de vote ont été imprimés seulement deux fois par des imprimeries étrangères. « Nous avons toujours fait ce travail avec satisfaction, compétence et qualité », a-t-il avancé. Le chef d’entreprise a indiqué que le PNUD ne pouvait pas dire qu’il allait chercher ailleurs un rapport qualité/prix pour l’impression des bulletins de vote alors qu’il ne leur avait même pas donné la possibilité de soumissionner afin de présenter ce qu’ils offrent parallèlement aux imprimeries étrangères.

Selon Peter Frisch, imprimer les bulletins de vote à Dubaï, c’est un choix délibéré du PNUD qui, a-t-il dit, voulait tenir Haïti à l’écart dans l’impression des bulletins.

Dans un document envoyé au Nouvelliste lundi en réponse à un questionnaire, l’organisme des Nations unies a souligné qu’il a agi en commun accord avec le Conseil électoral provisoire. Pour Peter Frisch, si le PNUD disait la vérité sur ce point, ce serait regrettable « que des compatriotes haïtiens prennent la décision avec le PNUD pour tenir à l’écart des producteurs locaux qui créent des emplois lorsqu’ils ont ce genre de contrat… »

Cependant, il a reconnu que celui qui détient la bourse donne les directives. En revanche, il a rappelé au CEP qu’il a la responsabilité d’organiser les élections, soulignant que le Trésor public contribue également au financement du scrutin à côté de la communauté internationale. Selon lui, les firmes haïtiennes auraient remporté l’appel d’offres si elles avaient eu la possibilité de soumissionner.

M. Frisch a souligné que l’impression des bulletins de vote en Haïti serait bien moins coûteuse qu’à Dubaï. Il a précisé à maintes reprises que les firmes haïtiennes ont la capacité de donner un travail de qualité en respectant le délai de livraison avec un bon rapport qualité/prix. Selon lui, comme dans le passé, les imprimeries locales se seraient regroupés pour faire le travail. « Au niveau des imprimeurs, cela devient un projet national », a-t-il dit.

Dans son intervention sur Radio Magik 9 mardi matin, Peter Frisch n’a pas arrêté de se demander « pourquoi aller imprimer les bulletins de vote jusqu’à Dubaï ? ». « Dubaï est presque de l’autre côté de la planète. Après l’impression des bulletins, il faut les transporter en Haïti par avion. Je trouve cela relativement extraordinaire et il y a des détails qu’on ne sait pas encore dans ce dossier », a-t-il dit avec suspicion.

Vertement critiqué pour le choix d’une firme basée à Dubaï pour imprimer les bulletins, le PNUD a fait savoir au Nouvelliste que « les appels d’offres sont publics et les spécifications sur les produits et services pour les élections sont discutées avec le CEP qui les valide en dernier ressort. Veuillez vous référer à l’adresse suivante : http://procurement-notices.undp.org/view_awards.cfm. C’est sur cette adresse que sont postés les appels d’offres ».

Parallèlement, dans une interview accordée au Nouvelliste le 22 mai dernier, le président du CEP n’avait pas caché le désaccord de l’institution électorale avec le PNUD sur certains points. Pour le moment, avait indiqué Pierre-Louis Opont, « le plus difficile sera de s’assurer de la flexibilité des procédures du PNUD qui aura la charge de l’argent du budget électoral (argent du Trésor public inclus) compte tenu des responsabilités du Conseil qui a pour devoir de justifier les fonds provenant du Trésor public. Il y a déjà des points de désaccord, par exemple le PNUD ne semble pas être disposé à permettre aux entreprises haïtiennes d’offrir leurs services pour la production des bulletins. Ce qui sera inadmissible pour le CEP », avait confié M. Opont au journal par texto.

Il reste encore des appels d’offres à lancer pour l’impression des bulletins de vote du second tour des élections législatives, la présidentielle et les collectivités territoriales. Le PNUD et le CEP sont attendus à ce tournant.

Robenson Geffrard et Danio Darius

Note de presse/concernant l’impression des bulletins de vote à Dubai Les Imprimeurs haïtiens soussignés ont été consternés d’apprendre le lundi 22 juin par les déclarations de M. Pierre Louis Opont, président du Conseil électoral provisoire (CEP), que le contrat d’impression des bulletins de vote pour les prochaines élections législatives avait été attribué à une firme se trouvant à Dubaï, dans la péninsule arabique. Les Imprimeurs ont été d’autant plus choqués que le contrat d’impression des bulletins n’a fait l’objet d’aucun appel d’offres, contrairement aux allégations de certains Responsables. Le site internet du PNUD, institution qui gère les fonds alloués pour l’organisation des élections 2015 en Haïti, n’affiche aucun appel d’offres pour la fabrication des bulletins pour la période de janvier à juin 2015. De plus, aucun imprimeur local n’a été officiellement invité à soumissionner. Il est scandaleux que le coût du contrat s’élèverait, selon les déclarations de certains membres du CEP mentionnées dans les médias, à dix (1 0) millions de dollars US, alors que l’impression des bulletins en Haïti aurait coûté nettement moins. Toujours selon les mêmes déclarations, les membres du CEP n’ont pris aucune part dans la décision de confier la fabrication des bulletins à la firme étrangère. Le Conseil électoral qui dispose d’un budget étriqué pour la mission ardue qui lui est confiée aurait tiré grand profit de l’économie ainsi réalisée. Quels sont les intérêts cachés et inavouables qui ont porté à attribuer à l’étranger un contrat que des imprimeurs locaux peuvent parfaitement exécuter en Haïti et en ont fait la preuve en maintes occasions durant les vingt-huit dernières années ? Alors qu’une partie des fonds attribuée aux élections provient du Trésor public et des taxes payées par les contribuables haïtiens, la réalisation de ces bulletins qui aurait permis à des centaines d’ouvriers spécialisés de gagner un supplément substantiel de revenus en ces temps difficiles, les décideurs ont fait le choix inique de se tourner vers une imprimerie d’un lointain pays, qui ne partage même pas notre langue, celle portée sur les bulletins de vote qu’elle est appelée à produire. Les Imprimeurs haïtiens soussignés dénoncent au nom des principes élémentaires de passation de marché le contrat attribué de façon obscure à cette Imprimerie de Dubaï, en violation des prescrits de la loi électorale exigeant un appel d’offres. Nous tenions à mettre l’opinion publique au courant de ces manœuvres de l’ombre afin qu’elle en tire les conséquences. Port-au-Prince, le 26 juin 2015 Imprimerie des Antilles Maison ; Henri Deschamps ; Imprimerie Le Natal Imprimerie Domond ; Imprimerie NAPCO ; Imprimerie Litho CS

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