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Salon du Bourget : l’avion électrique va faire la Manche

jeudi 2 juillet 2015

L’E-Fan d’Airbus Group vole chaque jour en silence et s’apprête à partir sur les traces de Louis Blériot. La traversée devrait coûter deux euros en électricité.

L’E-Fan, en 2013, était déjà au salon du Bourget, mais restait au sol sur le stand d’EADS, devenu Airbus Group. Cette année, l’avion électrique européen vole chaque jour dans le cadre des mêmes présentations que le Rafale ou l’A380, mais en silence avec ses deux moteurs électriques. Mieux, un mois après le Paris Air Show, il s’élancera sur les traces mythiques de Louis Blériot pour la traversée de la Manche. Enfin... pas tout à fait. En effet, le monoplan de 1909 était parti de Sangatte pour gagner les falaises de Douvres, alors que l’E-Fan va voler dans le sens nord-sud, de Lydd pour rejoindre Calais. Louis Blériot ouvrait la route et pouvait se contenter de partir et d’arriver dans n’importe quel champ. Aujourd’hui, les aérodromes sont devenus des passages obligés.

Une nouvelle génération de batteries a été mise à bord du bimoteur qui doit lui assurer une autonomie d’une petite heure avec quinze minutes de réserve. C’est largement suffisant pour réussir, à 80 km/h, le défi transmanche prévu le 10 juillet prochain, si la météo le veut bien. « Nous avons complètement modifié l’avion », explique Jean Botti, le directeur de l’innovation d’Airbus Group. « Nous l’avons allégé, nous avons installé de nouveaux contrôleurs électriques et de nouvelles batteries, développées par le CEA. Au total, son autonomie a été améliorée de 60 %, permettant jusqu’à 55 minutes d’utilisation. » De Lydd à Calais, l’avion électrique piloté par Didier Esteyne doit mettre plus ou moins une trentaine de minutes, en fonction du vent.

Ce programme d’avion électrique comporte une version de production E-Fan 2.0 qui est également exposée sur le pavillon Airbus, avec une maquette grandeur nature. L’implantation de la chaîne d’assemblage final, confiée à Daher-Socata qui produit déjà des avions légers à Tarbes, est prévue sur l’aéroport de Pau-Pyrénées en région Aquitaine et démarrera l’an prochain. L’usine sera, en même temps, un laboratoire pour le groupe industriel. Des chariots pilotés par fibre optique apporteront les sous-ensembles sur la chaîne d’assemblage prévue pour produire 80 appareils par an, mais seulement 10 en 2017 avec une quinzaine de salariés au début. La plupart des grands acteurs de l’industrie aéronautique française sont associés à l’opération avec Safran (moteurs), Zodiac Aerospace (distribution électrique et batteries), Aéro Composites Saintonge (aérostructures), etc.

Cockpit connecté

Le marché de l’avion-école est estimé à 21 000 exemplaires avec 650 000 pilotes à former pendant les prochaines années. Avec son autonomie réduite d’environ une heure, l’E-Fan 2.0 permettra seulement d’assurer la formation initiale, celle qui demande de nombreux tours de piste sur un aérodrome. Avec un avion classique, elle génère beaucoup de bruit et de pollution tandis que la répétitivité des manœuvres accentue la gêne psychologique. L’avion électrique, silencieux, ramène, en plus, le coût en « carburant » à 2 euros de l’heure contre 40 euros pour un moteur thermique. À noter, la roue principale du train d’atterrissage est aussi animée par un moteur électrique qui, jusqu’à 60 km/h, offre un meilleur rendement pour accélérer que les hélices. Le temps de recharge de 25 minutes entre deux vols n’est pas un handicap car il correspond sensiblement aux durées de briefing et de débriefing qui précèdent et suivent chaque entraînement. Sur la maquette de l’E-Fan 2.0, on pourra constater que pilote et instructeur seront assis côte à côte, et non plus en tandem comme sur le prototype, une disposition moins adaptée à l’enseignement.

Avec le projet « Connected Cockpit », un tout nouveau concept de poste de pilotage digitalisé sera proposé sur l’E-Fan 2.0. Il allège la charge de travail du pilote, simplifie l’exploitation, et permet de voler en faisant appel au maximum à l’énergie électrique de bord. En pratique, le pilote, au sol, préparera son vol sur un PC et le mémorisera sur une clé USB. Les données pourront ainsi être transférées à bord de l’avion électrique. Après l’atterrissage, la manipulation inverse permettra de débriefer le vol sur l’ordinateur et de l’analyser dans les moindres détails, optimisant la pédagogie de la formation.

Consultez notre dossier : Salon du Bourget


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