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Marée noire de 2010 aux Etats-Unis : BP paie 18,7 milliards de dollars

jeudi 2 juillet 2015

BP a accepté jeudi de verser 18,7 milliards de dollars d’indemnisation aux Etats-Unis pour la marée noire du golfe du Mexique en 2010, la pire catastrophe environnementale de l’histoire du pays.

Cet accord de principe, qui doit encore recevoir l’assentiment des tribunaux américains, serait le plus gros jamais conclu avec une entreprise "dans l’histoire américaine", a salué la ministre de la Justice américaine, Loretta Lynch.

"Il aiderait à réparer les dommages causés à l’économie du golfe (du Mexique), l’industrie de la pêche, les zones humides côtières et la faune", a-t-elle assuré.

"C’est un accord historique", a renchéri Robert Bentley, le gouverneur de l’Etat d’Alabama (sud).

En avril 2010, la plate-forme pétrolière de BP Deepwater Horizon explosait dans le champ pétrolier Macondo au large du sud-est des États-Unis, tuant 11 personnes.

La major pétrolière britannique fait, depuis, face à une avalanche de plaintes en justice de particuliers, d’entreprises, d’autorités locales, mais aussi des États et de l ?État fédéral, pour régler le montant du nettoyage des côtes.

L’accord "résout de façon équitable et complète les plaintes de l ?État fédéral et des États dont celles sur les dommages causés aux ressources naturelles", a souligné Mme Lynch dans un communiqué.

Il est censé mettre fin aux poursuites intentées par l ?État fédéral, par cinq États touchés (Alabama, Floride, Louisiane, Mississippi et Texas) et par plus de 400 autorités locales.

Il comprend 5,5 milliards de dollars de pénalités civiles au titre d’une loi de protection des eaux et 7,1 milliards de dollars payés à l’État fédéral et aux cinq États concernés pour les dommages à l’environnement (plus 232 millions pour couvrir d’éventuels dommages encore inconnus).

Environ 4,9 milliards de dollars supplémentaires seront versés par BP pour compenser l’impact économique de la marée noire et un milliard de plus pour faire face aux demandes des autorités locales. C’est BP Exploration and Production, filiale du groupe britannique, qui va s’acquitter de toutes ces pénalités.

Le paiement sera étalé sur 15 à 18 années.

- La faune souffre encore -

Cet accord intervient trois jours après un revers essuyé par BP devant la Cour suprême des États-Unis. Lundi, la haute instance avait rejeté la requête du groupe qui voulait circonscrire les demandes d’indemnisations après un verdict d’instance de 2012.

"Cet accord nous permet de tourner la page", a réagi un élu de Louisiane (sud) Charles Boustany.

La facture totale pour BP s’élève désormais à quelque 53,8 milliards de dollars. Le géant pétrolier a dû céder des dizaines de milliards de dollars d’actifs depuis la catastrophe pour être capable d’assumer la totalité de ces coûts.

"Il y a cinq ans, nous avions promis de permettre le rétablissement de l’économie du golfe et de son environnement, et nous avons travaillé depuis pour y parvenir", a expliqué le président de BP, Carl-Henric Svanberg.

"Avec cet accord nous entrevoyons le bout du tunnel pour BP et pour le golfe. Il résout le plus gros de l’exposition de l’entreprise aux risques légaux, apporte de la clarté sur les coûts et certifie le montant des versements pour toutes les parties", a-t-il ajouté.

Certaines actions judiciaires intentées par des particuliers, des entreprises ou en nom collectif sont toutefois encore en cours d’instruction.

L’action BP a bondi jeudi de 4,35% à 437,40 pence à la Bourse de Londres.

"Cet accord devrait finalement tirer un trait sur l’accident de Macondo pour BP, ce qui devrait se traduire par un intérêt renouvelé de la part des investisseurs pour l’entreprise", a expliqué Biraj Borkhataria, analyste de la Banque royale du Canada (RBC).

Cinq ans après la catastrophe, la faune dans la région continue de souffrir : les dauphins, les tortues et les thons sont les plus affectés, selon l’organisation écologiste américaine National Wildlife Federation en avril.

BP s’est retourné contre ses sous-traitants dont le groupe de services pétroliers Halliburton, chargé de réaliser le coffrage en ciment du puits foré depuis la plateforme, ainsi que Transocean, les accusant d’avoir contribué à cette marée noire. Il reprochait notamment à Halliburton de ne pas l’avoir prévenu à temps que le ciment était défectueux.


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