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Fifa : les sept détenus dans le viseur des Etats-Unis

jeudi 2 juillet 2015

Les Etats-Unis ont demandé à la Suisse l’extradition des sept responsables du football mondial arrêtés le 27 mai à Zurich dans l’enquête pour corruption à la Fifa, première étape d’une procédure qui devrait prendre plusieurs mois.

Interrogée par l’AFP, la Fifa, ébranlée depuis fin mai, a indiqué qu’elle ne ferait "pas de commentaire". L’UEFA n’a pas non plus souhaité réagir.

L’envoi des demandes formelles d’extradition, mercredi, n’est que le début d’une procédure qui s’annonce assez longue : les détenus ont déjà indiqué qu’ils s’opposaient à leur extradition.

La durée de la procédure d’extradition peut être très variable, selon les experts. Elle dépend d’une part de la complexité de l’affaire, ce qui est le cas vu qu’elle implique sept personnes et concerne des faits dont certains remontent aux années 1990, mais aussi de l’attitude des personnes inculpées. Elle peut durer six mois si toutes les voies de droit sont utilisées, selon les autorités suisses.

Les détenus, qui se trouvent dans différentes prisons du canton de Zurich pour ne pas pouvoir communiquer entre eux, doivent maintenant être entendus par la police cantonale de Zurich sur ces demandes d’extradition, a expliqué l’Office fédéral de la justice (OFJ) dans un communiqué.

Ils auront alors 14 jours pour prendre position sur les demandes formelles d’extradition, délai qui peut être prolongé, "pour des motifs sérieux", de 14 jours supplémentaires.

Ensuite, Berne décidera "dans les semaines qui suivent, sur la base des demandes d’extradition, de l’audition des détenus et de leur avis, s’ils doivent être extradés".

- ’Demandes d’extradition formelles’-

Les décisions d’extradition peuvent faire l’objet d’un recours devant le Tribunal pénal fédéral, dont la décision peut encore être attaquée en dernière instance devant le Tribunal fédéral.

Le traité d’extradition entre la Suisse et les Etats-Unis est celui appliqué après l’arrestation de Roman Polanski en septembre 2009 qui n’avait finalement pas été extradé en raison d’un vice de forme. Il avait finalement été libéré en juillet 2010.

Après son arrestation, le cinéaste avait pu quitter la prison et avait été assigné à résidence dans son chalet de Gstaad contre une caution de 4,5 millions de francs suisses, dans l’attente de la décision sur son extradition. Une pratique "très rare", d’après l’avocat suisse Pierre-Dominique Schupp.

C’est mercredi que "l’ambassade des Etats-Unis à Berne a transmis à la Suisse des demandes d’extradition formelles, dans les délais prévus par le traité d’extradition entre les deux pays", a indiqué l’OFJ.

Les Etats-Unis disposaient de 40 jours depuis la date d’arrestation, soit jusqu’au 3 juillet au soir, pour présenter les demandes formelles d’extradition ou bien demander un délai.

Les sept dirigeants de la Fifa et organisations affiliées avaient été arrêtés le 27 mai à Zurich — la veille du Congrès de la Fifa — et placés en détention en vue de l’extradition, sur la base d’un mandat des autorités américaines.

Les demandes se fondent sur les mandats d’arrêt émis le 20 mai par le parquet du district Est de New York, qui soupçonne ces personnes d’avoir accepté des pots-de-vin pour plus de 100 millions de dollars (90,4 millions d’euros), explique l’OFJ.

- Enquête suisse-

Ces pots-de-vin ont été versés, selon les présomptions des procureurs new-yorkais, par des représentants des médias sportifs et d’entreprises commerciales sportives pour obtenir des droits de diffusion, de commercialisation et de sponsoring lors de compétitions aux Etats-Unis et en Amérique latine.

Toujours selon la justice américaine, ces actes de corruption, convenus et préparés sur le sol américain, ont aussi fait l’objet de transactions financières par le biais de banques américaines, rappelle l’OFJ.

Fin mai, la justice américaine a inculpé 14 dirigeants et partenaires de la Fifa, dans une vaste affaire de corruption. Les autorités les suspectent d’avoir accepté des dessous de table de plusieurs millions. Une tempête qui a poussé le président de la Fifa Joseph Blatter à démissionner quatre jours après sa réélection. Mais Blatter a prévu de rester en poste jusqu’à l’élection de son successeur, qui n’est pas prévue avant fin 2015.

Parmi les sept détenus en Suisse figurent Jeffrey Webb (Iles Caïman), vice-président de la Fifa, membre du Comité exécutif et président de la Concacaf, et Eduardo Li, membre des comités exécutifs de la Fifa et de la Concacaf et président de la Fédération du Costa Rica.

En parallèle à l’enquête américaine, la justice suisse a ouvert une autre enquête "pour soupçon de gestion déloyale et de blanchiment d’argent" entourant les attributions des Coupes du monde 2018 à la Russie et 2022 au Qatar.


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