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Bolivie : un million de fidèles assistent à la messe du pape

jeudi 9 juillet 2015

Le pape François a dénoncé "la logique qui cherche à tout transformer en objet d’échange de consommation, qui rend tout négociable".

Le pape François s’est insurgé jeudi au deuxième jour de sa visite en Bolivie, un des pays les plus pauvres d’Amérique latine, contre une culture du "rejet" qui "cherche à tout transformer en objet de consommation". Lors de la grande messe célébrée sur la place du Christ-Rédempteur de Santa Cruz, au pied d’une gigantesque statue de bronze et devant un million de fidèles, le pape a réitéré son message d’intégration et de justice sociale. "Jésus continue de nous dire sur cette place : cela suffit avec le rejet", a déclaré le souverain pontife, qui a dénoncé "la logique qui prétend s’imposer dans le monde d’aujourd’hui, une logique qui cherche à tout transformer en objet d’échange de consommation, qui rend tout négociable (...), en écartant tous ceux qui ne produisent pas".

Dans son homélie, prononcée devant des milliers d’indigènes boliviens de diverses ethnies, quechua, guarani, aymara, dont le président Evo Morales au premier rang, le souverain pontife a évoqué les oubliés et les exclus dans le monde, en particulier les femmes "qui portent sur leurs épaules des déceptions, des tristesses et des chagrins, une injustice qui semble ne pas avoir de fin".

Le service de près de deux heures a été accompagné de chants et cantiques religieux avec la participation d’un millier de musiciens jouant notamment de la musique baroque, introduite au XVIIIe siècle par les missionnaires jésuites qui évangélisèrent la population et dont la tradition reste vivace en Bolivie. Autour de la place, des écrans géants avaient été installés et la journée a été déclarée fériée. La vente d’alcool et les spectacles musicaux sont interdits durant tout le séjour du pape dans le pays, encadré d’un dispositif de sécurité de 17 000 policiers et militaires.

Le pape de 78 ans, premier pape jésuite et latino-américain de l’histoire, était arrivé mercredi à La Paz, ne passant que quatre heures dans la capitale bolivienne, perchée à 3 600 mètres d’altitude, avant de rejoindre Santa Cruz (est), capitale économique et ville la plus peuplée du pays.

Visite d’une prison vendredi

De manière insolite, c’est un simple local de la chaîne de restauration rapide Burger King, situé à côté, qui a servi de sacristie, pour permettre au pape et aux évêques de se changer avant la messe. Dans l’après-midi, le pape se réunira avec 4 000 membres de la communauté religieuse dans le collège Don Bosco, avant de conclure sa journée en participant à la deuxième Rencontre mondiale des mouvements populaires.

Cette rencontre, dont la première édition s’était déroulée à Rome en octobre 2014, réunit des mouvements du monde entier, dont des représentants de travailleurs précaires, de paysans sans terre, d’indigènes, de migrants et de militants antimondialisation. Elle permettra au pape François de mesurer l’écho de sa récente encyclique "Laudato si’" ("Loué sois-tu"), qui prenait la défense de l’environnement et des pauvres.

Le souverain pontife, qui part vendredi au Paraguay, avait d’ailleurs profité de la première étape de son voyage, en Équateur, pour lancer un appel pressant à ne plus "tourner le dos" à "notre mère la Terre". Depuis le début de son périple, le message du pape François repose aussi très largement sur l’intégration et la justice sociale. Dès son arrivée, il a rappelé la "dette" de l’Amérique latine, région la plus inégalitaire de la planète, envers "les plus fragiles et les plus vulnérables". Mercredi, il a d’ailleurs salué les "pas importants" de la Bolivie, nation la plus pauvre d’Amérique du Sud, "pour inclure d’amples secteurs dans la vie économique, sociale et politique du pays".

Pour sa part, Evo Morales, premier président indigène du pays et chantre de la gauche radicale du continent, a remercié son "frère, le pape", "le pape des pauvres", de leur "rendre visite, avec un message d’espérance et de libération". Avant de s’envoler pour Asuncion, le pape visitera le centre pénitentiaire Palmasola, une des prisons parmi les plus surpeuplées et violentes de Bolivie, où vivent également une centaine d’enfants partageant la réclusion de leurs parents


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