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Nucléaire iranien : les négociateurs bataillent pour arracher un accord

lundi 13 juillet 2015

Les acteurs des négociations sur le nucléaire iranien ont jeté lundi toutes leurs forces dans la bataille pour finaliser un accord historique qui, tout près du but, leur échappe encore.

Iran, Etats-Unis, Allemagne, Russie, Chine, France, Royaume-Uni, et Union européenne : aucun chef de la diplomatie ne manquait à l’appel au 17e jour de pourparlers à Vienne.

Et les équipes de négociation se préparaient à une nuit blanche pour tenter de surmonter les derniers obstacles, selon une source iranienne.

S’ils ont "fait de réels progrès", il reste en effet "des points de désaccord qui ne sont pas résolus", a rappelé dans la soirée Josh Earnest, porte-parole du président américain Barack Obama.

Depuis deux jours, tous les acteurs assurent que l’accord est quasi bouclé - à "98%" selon un diplomate. Mais il faut encore des "décisions politiques" pour résoudre deux ou trois points de friction, martèlent-ils à l’unisson.

Pas question pour autant de jeter l’éponge.

"Si les conversations continuent à être utiles, l’équipe de négociation restera à Vienne", a souligné le porte-parole de la Maison Blanche.

Le ministre des Affaires étrangères iranien Mohammad Javad Zarif s’est de son côté dit prêt à négocier "aussi longtemps que nécessaire".

Pour Pékin toutefois, il faut cesser de tergiverser. "Aucun accord ne peut être parfait", a rappelé le ministre Wang Li. "Les conditions sont déjà en place pour atteindre un bon accord" et "il ne doit pas y avoir de nouveaux délais", a-t-il ajouté.

- Liesse -

Téhéran et les grandes puissances tentent de refermer un dossier qui empoisonne les relations internationales depuis plus de douze ans.

L’Iran est soupçonné d’avoir mis en oeuvre, jusqu’en 2003 et peut-être au delà, un programme nucléaire militaire sous couvert d’activités civiles, ce qu’il a toujours nié.

Depuis une dizaine d’années, les Etats-Unis, l’Union européenne et l’ONU imposent des sanctions à la République islamique pour la forcer à négocier.

Les pourparlers n’ont vraiment commencé qu’en 2013, après l’élection du président Hassan Rohani sur la promesse d’une levée des sanctions.

En avril, à Lausanne, les négociateurs ont obtenu à l’arraché un accord-cadre qui a fixé les grands principes du texte final.

L’Iran a notamment accepté de réduire le nombre de ses centrifugeuses et son stock d’uranium enrichi, ce qui doit rendre quasi impossible la fabrication rapide d’une bombe atomique.

L’accord-cadre renvoyait les modalités pratiques à des discussions ultérieures, censées se terminer le 30 juin. L’échéance a été reportée à trois reprises et la dernière date-butoir est fixée, jusqu’à nouvel ordre, à lundi soir.

Dimanche, le président Rohani a comparé les négociateurs à des alpinistes arrivés tout près du sommet. "Si l’on regarde d’en bas on a l’impression qu’on y est arrivé. Mais lorsqu’on est en haut, on sait qu’il reste encore quelques pas à faire", a-t-il estimé.

Le chef d’Etat doit s’exprimer à la télévision une fois l’accord conclu. Aucune date, aucune heure n’a été confirmée pour cette intervention.

Lundi, un message faisant état d’un accord est brièvement apparu sur son compte Twitter. Il a ensuite été retiré pour revenir un peu plus tard au conditionnel.

Autre indice montrant qu’un épilogue est en vue : le ministre iranien de l’Intérieur a demandé aux autorités locales de se préparer à des scènes de liesse dans les rues, la population espérant que la levée des sanctions internationales permettra une amélioration de ses conditions de vie en cas d’accord.

- "Mauvais accord" -

La séquence de pourparlers viennois est déjà l’un des plus longs cycles de négociations internationales, au niveau ministériel et en un seul lieu, depuis celui qui a abouti aux accords de Dayton (Etats-Unis) ayant mis fin en 1995 à la guerre en Bosnie-Herzégovine.

Les discussions se sont éternisées en raison de désaccords sur la durée de l’accord, le rythme de la levée des sanctions ou l’accès aux sites militaires iraniens.

Les négociations ont également buté sur la levée de restrictions sur le programme balistique et le commerce des armes, réclamée par Téhéran avec le soutien de Moscou.

Les Occidentaux jugent cette demande délicate en raison de l’implication iranienne dans plusieurs conflits, en particulier en Syrie et en Irak.

Les voisins de l’Iran, notamment Israël et les puissances sunnites, s’opposent d’ailleurs à un accord qui ouvre la voie à une normalisation pour Téhéran sur la scène internationale.

Même en cas d’amélioration de dernière minute, l’accord sera "mauvais", a redit lundi le ministre israélien de la Défense, Moshe Yaalon, évoquant le risque d’une "course aux armements nucléaires" dans la région.

Aux Etats-Unis, où le souvenir de la prise d’otages à l’ambassade américaine de Téhéran en 1980 reste vivace, l’accord rencontre aussi une forte opposition.


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