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Cernée par les guerres, la Jordanie tente de sauver son tourisme

mardi 14 juillet 2015

Petit havre de paix cerné par les guerres, la Jordanie a établi un "plan d’urgence" pour tenter de relancer son tourisme qui subit par ricochet les conséquences des conflits dévastateurs chez ses voisins irakien et syrien.

"Depuis trois jours aucun touriste n’a franchi la porte", se lamente Mohamed, 30 ans, qui dirige une boutique de souvenirs dans le centre d’Amman. "Notre activité régresse. Chaque année est pire que la précédente", déplore-t-il.

Le tourisme est un secteur clé de l’économie de ce pays dépourvu de ressources naturelles. Deuxième source de devises après les transferts d’argent des expatriés, il contribue à hauteur de 14% au PIB du royaume, pour 4,4 milliards de dollars de recettes en 2014.

La Jordanie est réputée pour ses splendides vestiges, parmi les plus importants du Proche-Orient, comme la ville nabatéenne de Petra, l’une des sept merveilles du monde, ou le temple romain de Jerash. Le désert du Wadi Rum et la mer Morte figurent également parmi ses attractions touristiques.

Jusqu’à ces dernières années, ces sites attiraient des centaines de milliers de touristes occidentaux à la découverte des traces des premières grandes civilisations.

Mais les visiteurs les ont désertés, effrayés par les troubles liés aux révoltes dans le monde arabe de 2011 et les conflits qui en ont découlé.

A Pétra, le nombre de visites a presque chuté de moitié en quatre ans, d’un peu moins d’un million en 2010 à quelque 600.000 en 2014. Dix hôtels y ont mis la clef sous la porte.

Et les chiffres continuent d’inquiéter. Les recettes touristiques ont baissé de 15% sur les quatre premiers mois de 2015, atteignant 1,2 milliard de dollars, a déploré le ministre du Tourisme, Nayef al-Fayez.

Ce recul s’explique, selon lui, par "l’absence, chez le visiteur, de visibilité sur la situation en Jordanie".

- "Nouveaux marchés" -

Dans ce contexte, le président de l’Office du tourisme, Abderrazak Arabyat, a lancé un "plan d’urgence pour sortir de cette situation".

"Nous n’avons pas une baguette magique pour y remédier en quelques semaines. Mais nous avons mis en place un plan ambitieux qui vise en particulier les pays du Golfe", comme l’Arabie saoudite ou les Emirats, explique-t-il.

La Jordanie va également cibler de nouveaux marchés, comme la Chine, la Corée du Sud, le Japon, la Turquie ou la Malaisie, avec l’espoir d’obtenir des résultats "à partir de l’année prochaine".

Le royaume tente par ailleurs de diversifier son offre et miser sur d’autres produits, comme le tourisme médical.Selon Fawzi Hamouri, le président de l’association des cliniques privées, "la Jordanie est devenue la première destination médicale au Proche-Orient et en Afrique du Nord" en accueillant quelque 250.000 patients étrangers en 2014.

Mais Salama Khattar, qui dirige une agence de voyage, déplore l’absence d’un "programme de travail clair et ambitieux" pour relancer le tourisme.

"Depuis 2011, nous ne réalisons plus de gains. Nous payons de nos poches" les charges de fonctionnement, témoigne M. Khattar. L’activité de son agence, qui fait venir des groupes de touristes de France, Belgique, Suède et Norvège, a baissé de 50% depuis 2011.

- "Menace du terrorisme" -

Amman mise par ailleurs sur la sécurité pour tenter de rassurer les touristes étrangers, mais l’implication de la Jordanie dans la guerre contre l’organisation Etat islamique en Irak et en Syrie, ne la met pas à l’abri d’attaques terroristes.

"Il ne faut pas que nous payions le prix" car la Jordanie ne fait "pas partie du problème en cours dans la région", a lancé le ministre du tourisme.

A l’entrée du théâtre romain dans le vieux centre-ville d’Amman, Julien, un jeune touriste français ne regrette pas d’avoir fait le déplacement malgré "quelques craintes". "Très agréable séjour, aucun sentiment d’insécurité, en dépit de quelques craintes initiales liées aux troubles actuels dans la région", résume-t-il.

Mais les capitales occidentales préviennent régulièrement leurs citoyens que le royaume n’est pas à l’abri des troubles qui secouent la région. "La menace du terrorisme reste élevée en Jordanie", note ainsi le département d’Etat américain dans ses conseils aux voyageurs.

La dernière attaque en Jordanie remonte à 2005 quand des kamikazes s’étaient fait sauter dans trois grands hôtels de la capitale, faisant des dizaines de morts et de blessés.


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