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Mises en garde du guide suprême iranien après l’accord sur le nucléaire

jeudi 16 juillet 2015

Le guide suprême iranien Ali Khamenei a demandé au président Hassan Rohani de se méfier de "certaines" grandes puissances qui ont signé l’accord nucléaire, défendu avec vigueur par Barack Obama.

De son côté, Paris jugera "sur pièces" la future politique extérieure de l’Iran après l’accord, a déclaré jeudi le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, qui doit se rendre prochainement à Téhéran.

"Nous verrons et nous jugerons la politique externe de l’Iran sur pièces", a déclaré M. Fabius.

L’accord doit rendre quasiment impossible la fabrication par l’Iran d’une bombe atomique, tout en lui assurant le droit de développer une filière nucléaire civile, en échange d’une levée progressive et réversible des sanctions adoptées depuis 2006 par l’ONU, les Etats-Unis et l’Union européenne, qui brident son économie.

L’Iran, qui a toujours démenti vouloir se doter de la bombe atomique, restera sous la menace d’un rétablissement quasi-automatique des sanctions internationales pendant quinze ans si Téhéran ne tient pas ses engagements, ont précisé les grandes puissances dans un document envoyé à l’ONU.

Dans une lettre au président iranien rendue publique jeudi, le guide suprême reconnaît que la conclusion de cet accord était "une étape majeure", mais il appelle M. Rohani à "faire attention à une possible violation par les autres parties de leurs engagements".

"Vous savez très bien qu’on ne peut pas du tout faire confiance à certains des six Etats participant aux négociations", l’avertit-il.

Il n’a pas précisé à quels Etats il faisait allusion parmi les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Chine, Russie) et l’Allemagne, tous signataires de cet accord historique mardi à Vienne à l’issue de près de deux ans de négociations.

Ali Khamenei, guide religieux et politique, plus haute autorité d’Iran sans le feu vert duquel l’accord n’aurait jamais pu avoir lieu, exprime régulièrement sa méfiance à l’égard des Etats-Unis.

- Diplomatie ou guerre -

Le président américain Barack Obama, qui défend vigoureusement cet accord, a mis au défi ceux qui s’y opposent, en Israël et au Congrès américain, de proposer une solution pour empêcher l’Iran de fabriquer une bombe atomique.

"Il n’y a en réalité que deux alternatives : soit la voie diplomatique, soit la force, c’est-à-dire la guerre", a-t-il lancé mercredi.

La première confrontation de son administration avec un Congrès sceptique aura lieu jeudi prochain. Les secrétaires du Trésor et de l’Energie ainsi que le chef de la diplomatie, John Kerry, participeront ce jour là à une audition au Sénat sur l’accord nucléaire. Ils se rendront également à la Chambre des représentants, mais la date n’a pas encore été fixée.

Soucieux de rassurer ses alliés dans la région - Israël et les monarchies sunnites du Golfe - qui s’inquiètent de la montée en puissance de leur puissant voisin chiite, M. Obama a néanmoins promis la vigilance, tout en soulignant que l’Iran avait un rôle important à jouer, en particulier dans le conflit en Syrie.

- Convaincre Israël -

De son côté, le ministre britannique des Affaires étrangères Philip Hammond s’est rendu jeudi en Israël, qu’il a tenté de rassurer en affirmant que des "mesures solides" étaient en place pour empêcher Téhéran de développer l’arme atomique.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, très hostile à l’accord, a appelé son interlocuteur à demander à l’Iran de cesser ses "appels au génocide".

Lors d’un entretien téléphonique avec le président Rohani, le Premier ministre britannique David Cameron a confirmé qu’il souhaitait rouvrir l’ambassade britannique en Iran fermée depuis 2011. Elle avait été mise à sac par des manifestants hostiles au durcissement des sanctions de Londres contre l’Iran en raison de son programme nucléaire.

"Ils ont parlé de la façon dont l’accord ouvrait la voie à des relation renforcées dans d’autres domaines", a indiqué la porte-parole de M. Cameron, citant la réouverture de l’ambassade, et la "lutte contre la menace" que représente le groupe jihadiste Etat islamique.

Outre l’ouverture diplomatique, l’Iran, dont l’économie a beaucoup souffert des sanctions, s’attend à une ruée de responsables politiques et hommes d’affaires vers ce marché prometteur dès la mise en application de l’accord, qui va cependant prendre encore plusieurs mois.

Pays de 78 millions d’habitants, en majorité des jeunes avides de consommation et de technologies nouvelles, l’Iran possède les quatrièmes réserves mondiales de pétrole et les premières de gaz.


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