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Malgré ses menaces, Israël devra faire avec l’accord sur le nucléaire iranien

vendredi 17 juillet 2015

Israël n’a cessé de dénoncer un accord nucléaire avec l’Iran et a menacé maintes fois de frapper la République islamique, mais il doit maintenant apprendre à vivre avec l’arrangement entériné mardi par les grandes puissances, estiment des experts.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu et ses alliés politiques de droite et d’extrême droite ont multiplié les mises en garde alarmistes, voyant dans tout accord une menace car, soutiennent-ils, il n’empêcherait pas l’Iran de se doter de l’arme nucléaire.

Dans l’accord conclu mardi entre le groupe 5"1 -Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Chine, Russie et Allemagne- et l’Iran, des inspecteurs onusiens doivent veiller à ce que Téhéran ne se dote pas de la bombe atomique.

Dénonçant "une erreur historique pour le monde", M. Netanyahu a prévenu que son pays n’était "pas lié" par cet accord et que l’Etat hébreu "se défendra toujours". "Nous nous sommes engagés à empêcher l’Iran de se doter des armes nucléaires et cet engagement est toujours d’actualité", a-t-il martelé.

Israël a des raisons de s’inquiéter des velléités nucléaires de l’Iran dont des dirigeants prônent la destruction de l’Etat hébreu. Mais, pour des experts, Téhéran, même en parvenant à contourner l’accord et à développer l’arme nucléaire, ne prendrait pas le risque de s’exposer aux sévères conséquences d’une attaque contre Israël.

- Changer de stratégie -

Considéré comme le seul pays du Moyen-Orient disposant de l’arme atomique, bien qu’il maintienne l ?ambiguïté sur le sujet, Israël considère que le programme nucléaire iranien menace son existence même et a menacé à plusieurs reprises d’une intervention militaire contre les installations nucléaires de Téhéran.

Mais alors que le recours à une action militaire est devenu hautement improbable, en particulier si l’Iran n’enfreint pas les termes de l’accord, le gouvernement israélien va devoir changer de stratégie et tout miser sur la diplomatie pour s’assurer que sa voix est entendue, expliquent les spécialistes.

Notamment, souligne Yossi Mekelberg, chercheur à Chatham House, parce que l’accord va être avalisé par le Conseil de sécurité de l’ONU. Si Israël décide de passer outre, alors "ce ne sera plus qu’une agression contre l’Iran, ce sera aussi une violation d’une résolution de l’ONU".

Ces dernières semaines, alors que la date butoir se rapprochait, à chacun de ses discours ou presque, M. Netanyahu a inlassablement critiqué les termes d’un accord encore en négociation, l’accusant d’ouvrir à l’Iran "la voie vers les bombes nucléaires".

En mars, il était allé jusqu’à défier le président américain Barack Obama -et à s’attirer ses foudres- en faisant un discours devant le Congrès à Washington pour dénoncer l’accord en gestation.

Les divergences entre les deux dirigeants sont une nouvelle fois apparues mardi soir lors d’un entretien téléphonique. M. Netanyahu a dénoncé l’accord alors que M. Obama a soutenu qu’il servait les "intérêts de la sécurité nationale des Etats-Unis et d’Israël".

- ’Canon chargé et pointé’ -

Après la fin mardi de près de deux ans de discussions sur le dossier du nucléaire iranien, la première priorité d’Israël sera probablement de faire pression sur le Congrès américain qui a désormais 60 jours pour se prononcer sur l’accord conclu à Vienne.

La prochaine étape, prévoient les experts, sera le relevé minutieux et attentif par l’Etat hébreu de chacune des possibles infractions de l’accord par l’Iran et des appels réguliers aux grandes puissances afin qu’elles y réagissent fermement.

Mais pour Uzi Dayan, ex-directeur du Conseil de sécurité national, qui dépend du gouvernement, Israël doit "garder sur la table" l’option militaire.

"S’il n’y a pas un canon chargé et pointé, les Iraniens se diront : "C’est bon, on peut s’en tirer en souffrant un an ou deux mais ensuite, on aura la capacité nucléaire et tout le monde nous respectera+", dit-il à l’AFP.

Outre le nucléaire, Israël s’inquiète qu’une levée des sanctions économiques permette à l’Iran de financer "le terrorisme", notamment via ses alliés du Hezbollah libanais et du Jihad islamique palestinien, et d’accroître son influence dans la région.

Cet Iran "normalisé" inquiète autant Israël que l’Arabie saoudite sunnite, rival régional de l’Iran chiite, assure Dalia Dassa Kaye, du groupe de réflexion américain Rand. Mais après tant d’années d’isolement, "un accord ne fera pas forcément de l’Iran la grande puissance de la région".


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