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En Grèce, les habitants redoutent une flambée des prix

mardi 21 juillet 2015

Les banques ont rouvert en Grèce et les premières hausses de la TVA ont été appliquées. Comment les Grecs font-ils face à ces changements ?

Aggeliki, employée municipale dans une banlieue d’Athènes, passe la soirée à Xylokastro, ville balnéaire à 120 kilomètres de la capitale grecque. À défaut de pouvoir partir en vacances, elle rend visite à des amis propriétaires d’une maison face à la mer. « Je me suis rendu compte tout de suite, lundi matin, que les prix avaient augmenté. L’espresso que je prends dans mon café habituel est passé de 90 centimes à 1,30 euro », commente la quadragénaire, assise à l’ombre d’un tamaris au bord de la plage.

À la suite du vote mercredi dernier du Parlement grec, la TVA est passée lundi de 13 % à 23 % pour les denrées non périssables et la restauration, mais aussi les courses de taxi, les cours privés, les préservatifs, les serviettes hygiéniques... Elle reste inchangée à 13 % pour l’hôtellerie, et est légèrement réduite à 6 % pour les médicaments, les livres et les places de spectacle. D’après la Confédération nationale du commerce grec, le gouvernement peut espérer des recettes supplémentaires annuelles de quelque 2,4 milliards d’euros à partir de 2016 et de 795 millions d’euros cette année. Mais cette hausse de la TVA devrait aussi se traduire par un renchérissement de 8,8 %.

« Bien étudier la liste des produits »

Aggeliki se prépare à faire face à ces nouvelles mesures qui vont encore affaiblir son pouvoir d’achat : « Au supermarché, je vais faire attention à ce que j’achète. Il faut bien étudier la liste des produits concernés par la hausse et savoir par exemple que tous les produits industriels et emballés connaissent une hausse, alors que les céréales en vrac ou les fruits et légumes ne vont pas être touchés par ces changements. Mais, d’après mes calculs, je vais devoir compter 100 euros de plus pour mes courses hebdomadaires. » À quelques mètres de la promenade du bord de mer, au supermarché Kritikos, Giota, la gérante, avoue que « les clients sont inquiets et perturbés ». « Les petits commerçants se demandent combien de temps ils vont pouvoir encaisser cette hausse de la TVA sans augmenter les prix, les ménages se demandent sur quels produits ils vont devoir faire l’impasse ces prochains mois », poursuit la responsable.

À la boulangerie voisine, Froso confirme que, dès lundi, les prix de certains produits ont été réévalués : « Les tartes sont passées de 10,80 à 12,80 euros et les petits cakes, de 1,50 à 1,80 euro. Est-ce que les clients vont continuer à les acheter ? Je ne sais pas, l’avenir est incertain. » Christos Kloutsiniotis, boucher dans la rue principale de Xylokastro, va lui aussi devoir procéder à des modifications : « Sur le bœuf, la TVA passe de 13 à 23 %, il y a encore quelques années la TVA n’était que de 9 %. Pour y faire face, je suis obligé d’augmenter le prix au kilo de 1,50 euro. » Bonne nouvelle cependant pour Christos : les banques fermées depuis le 29 juin ont rouvert. Mais les retraits d’argent liquide sont toujours limités : au lieu de 60 euros par jour, les Grecs pourront prendre jusqu’à 420 euros par semaine afin de ne pas avoir à refaire chaque jour la queue au distributeur. « Un bœuf coûte un peu plus de 2 000 euros. Avec la limitation des retraits à 60 euros par jour, il n’est pas possible de s’approvisionner correctement... J’espère que la situation va se débloquer totalement d’ici à un mois », soupire Christos.

À Athènes, Vassilis Masselos, directeur d’une entreprise textile, se dit « soulagé » par la réouverture des banques : « Je vais pouvoir payer mes factures, mes impôts et peut-être mes fournisseurs, même si, lundi, nous ne savions pas encore si nous allions de nouveau pouvoir faire des transactions avec l’étranger... » Giorgos Sofoyiannis, fleuriste à Xylokastro depuis une vingtaine d’années, a lui aussi tenté de se rendre lundi matin à la banque : « Il y avait un monde fou et j’ai fait demi-tour ! J’ai jusqu’à mercredi pour payer mes impôts... » Pour le moment, Giorgos ne s’est pas résolu à augmenter le prix de ses fleurs, car il a peur de perdre ses clients : « Ils ont déjà des difficultés financières en ce moment et ils ne vont pas privilégier l’achat de plantes... »


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