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Burundi : les premiers résultats provisoires ce vendredi

jeudi 23 juillet 2015

Ce délai très court aura pour utilité de redorer le blason de la CENI sérieusement chahuté aux lendemains des communales et législatives de juin dernier.

Selon les premières tendances, la victoire du chef de l’Etat sortant, Pierre Nkurunziza, à sa propre succession, ne fait pas l’ombre d’un doute malgré une candidature controversée pour un troisième mandat qui a poussé l’opposition, les Organisations de la Société civile contestataires à appeler au boycott et les observateurs indépendants locaux et internationaux à se retirer longtemps avant la tenue du scrutin.

La CENI joue sa partition...

La CENI se rachèterait en respectant ces délais après le suspens et l’impatience de l’opinion qui a duré plus d’une semaine avant de connaître les résultats provisoires du double scrutin des communales et des législatives du 29 juin dernier. Le président de la CENI, Pierre Claver Ndayicariye, s’est montré, cette fois, plus rassurant en faisant savoir que les opérations de dépouillement des votes à la présidentielle sont sur le point de prendre fin au niveau des démembrements provinciaux. Les Commissions électorales provinciales indépendantes (CEPI) vont descendre les résultats de toutes les 18 provinces du pays sur Bujumbura, la capitale et siège central de la CENI, ce mercredi, pour une synthèse générale qui sera suivie par la proclamation du vainqueur, vendredi dans l’après-midi, a-t-il encore précisé. Le code électoral en vigueur dans le pays précise d’autres étapes à suivre avant l’établissement des résultats définitifs. 
La Commission électorale nationale indépendante transmet « sans délai » les résultats provisoires des élections à la Cour constitutionnelle qui en vérifie la régularité.

…avant la Cour constitutionnelle

La proclamation officielle des résultats définitifs par la Cour constitutionnelle doit intervenir au plus tard le neuvième jour à partir de celui de leur transmission. Le droit de contester une élection appartient aux partis politiques, aux candidats indépendants ou à une coalition intéressée et à toutes les personnes inscrites sur les listes électorales de la circonscription concernée, stipule l’article 85 du code électoral. Les premières tendances résultant du travail qui a été fait en « synergie des médias » gouvernementaux, au niveau des différents bureaux de vote du pays, continuaient à tomber mercredi et montrent que le chef de file de l’opposition, Agathon Rwasa, a réalisé des scores inattendus par endroits et tenu tête au favori des pronostics, aussi bien à Bujumbura, la capitale, qu’en province malgré son appel au boycott du scrutin.

Rwasa, un candidat qui résiste

On retrouve l’ancien chef rebelle reconverti en politique notamment en tête du scrutin présidentiel dans la grande province de Bujumbura Rural, frontalière de la capitale burundaise, avec un score de 47% des voix exprimées, contre 43% pour son poursuivant immédiat et chef de l’Etat sortant. M. Rwasa a encore gagné plus de voix que le président sortant à Rumonge, une nouvelle et riche province de la côte méridionale du Lac Tanganyika, issue d’un découpage qui a suscité des suspicions dans l’opinion quant à son opportunité à la veille des élections. C’est encore à la veille des élections qu’il a été procédé à la réduction et la fusion de la dizaine de communes qui composaient la ville de Bujumbura pour ne garder que trois circonscriptions administratives et électorales où Agathon Rwasa vient encore en tête de la présidentielle par endroits, quand il ne talonne pas de près, ailleurs, le président Nkurunziza. Les trois « outsiders » réputés proches du pouvoir ont, par contre, été laminés un peu partout dans le pays où ils réalisent difficilement des scores au-delà de 1% des voix exprimées. Le taux de participation dans la capitale oscille entre moins de 10 et 40%, selon que l’on est dans les quartiers contestataires ou favorables à la candidature du chef de l’Etat sortant.

La peur est là et bien là

Comme lors des élections municipales et législatives, on assiste encore à un grand nombre de bulletins de vote nuls et d’abstentions à la présidentielle. Certains citoyens ont témoigné avoir été au vote juste par peur de représailles dans le contexte actuel de tensions politiques au Burundi. D’autres se pressaient à effacer vite l’encre normalement « indélébile » de la CENI sur le doigt pour ne pas paraître comme un « traître », surtout dans les quartiers contestataires du troisième mandat présidentiel où le boycott a été le plus prononcé, ont-ils témoigné sous couvert d’anonymat. 

Pour rappel, les élections communales et législatives couplées du 29 juin dernier ont été gagnées haut la main par le parti présidentiel en l’absence de l’opposition dont le mot d’ordre avait été encore au boycott du double scrutin. Les récents élus communaux sont appelés à voter, ce 24 juillet, pour élire de nouveaux sénateurs avant le bouclage du laborieux processus électoral par le choix de futurs chefs de colline et de quartier le mois prochain.


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