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Le « foncier », le vrai problème de la diaspora

mercredi 23 juillet 2014

Ce n’est ni le droit de vote ni les facilités pour faire un passeport, encore moins la question de la réduction sur le prix des billets d’avion, les appels téléphoniques ou le coût des transferts d’argent qui préoccupent le plus nos compatriotes dans la diaspora. Non. Leurs préoccupations, leurs revendications principales, c’est la question foncière

Pendant ces 20 dernières années, Marie-Maude, 57 ans, a multiplié les emplois et les heures de travail aux États-Unis pour joindre les deux bouts et prendre soin de sa famille en Haïti. Plus le temps passe, moins elle a la capacité de se lever tôt pour aller bosser. Pour ses vieux jours, comme aujourd’hui, elle a économisé de l’argent et a fait l’acquisition d’un terrain à Tabarre avec pour objectif de bâtir une maison à la dimension de ses moyens. Elle a même déjà commencé la construction.

Elle s’est effondrée en apprenant qu’une autre personne s’est accaparée de son terrain en se présentant comme le propriétaire avec « papier » en main. « C’est tout ce que j’ai », a-t-elle soupiré au Nouvelliste l’air fatigué et abattu samedi soir à l’issue du programme « Gouvènman an lakay ou » tenu à North Miami Senior High School. Comme cette dame, ils étaient plus d’une trentaine à demander justice directement au Premier ministre Laurent Lamothe et au ministre de la Justice, Me Jean Renel Sanon.

Plans d’arpentage, titres de propriété, reçus d’achat originaux ou photocopies en main, une trentaine de nos compatriotes de la diaspora à Miami se bousculaient à l’auditorium de North Miami Senior High School pour faire entendre leur voix. Ils ont tous été dépossédés de leurs biens en Haïti. « J’ai écrit plusieurs fois au directeur général de la DGI, j’ai fait la navette dans toutes les institutions concernées, je demande justice, je veux ravoir mon terrain », a lancé Nicole Prosper en s’adressant aux membres du gouvernement. Cette dame dit avoir acheté son terrain dans la commune de Grand-Goâve et a été dépossédée manu militari par un homme.

« Merci de m’avoir accordé la parole, a renchéri Yvose Bienvenue, une autre victime du problème foncier en Haïti. Depuis 1990, j’ai acheté un terrain. Tous mes papiers sont en règle. Des gens se sont accaparés du terrain et l’ont divisé en cinq parties avant de le vendre à cinq personnes différentes », a-t-elle expliqué. J’ai engagé un avocat qui m’a réclamé 1 500 dollars pour résoudre le problème. Je lui ai donné 500 dollars comme avance avec les papiers du terrain. Depuis, il n’a rien fait et ne veut pas non plus me remettre les papiers. Je ne sais pas quoi faire. Je veux récupérer mon terrain… »

Les uns après les autres, Roseline Philippe, Jacques Presper, Rose Guille, entre autres, qui ont défilé devant le stand du gouvernement, ont exposé leur situation et exigé justice. Face à ce déferlement, le Premier ministre Laurent Lamothe a demandé au directeur général de la Direction générale des impôts de les rencontrer le jour même après le programme « Gouvènman an lakay ou » en vue d’apporter des éléments de réponse à leurs revendications.

Le patron de la DGI a reconnu que le problème foncier est bien réel en Haïti et a promis aux victimes de faire le suivi de leurs dossiers. « Face à ce problème, a-t-il dit, nous allons renforcer notre structure de communication », tout en invitant les concernés à visiter le site Internet de la DGI : www.dgi.gouv.ht et les pages Facebook et Twitter de l’institution pour s’informer.

Dans la foulée, un homme affiche son scepticisme par rapport aux promesses du gouvernement sur le problème foncier. « Ils ne peuvent même pas résoudre le problème de ceux qui sont en Haïti, comment voulez-vous qu’ils nous aident ici à Miami a-t-il lancé. Moi je remets ma cause à Dieu. ‘’Si Bondye vle l ap fè m jwenn tè m nan’’. On m’a déjà menacé de mort. Je ne peux même pas y mettre les pieds. Je ne peux qu’attendre l’intervention de la Providence. Je ne crois pas que ce gouvernement puisse faire quelque chose. D’ailleurs, celui qui a volé mon terrain est un membre de ce gouvernement. Li sou pouvwa l… »

Aucun des sujets débattus à ce 9e numéro de « Gouvènman an lakay ou » n’a eu autant de réactions que les problèmes fonciers chez les membres de la diaspora à Miami. Ces compatriotes de la diaspora ont clairement fait savoir aux autorités qu’ils n’entendent pas perdre de cette façon l’économie de toute une vie.


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