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Fifa : Platini, homme providentiel ou homme du passif ?

jeudi 30 juillet 2015

Michel Platini est le grand favori pour l’élection à la présidence de la Fifa, le 26 février 2016, même si des voix s’élèvent pour tenter de le disqualifier et le décrire comme l’incarnation d’un système à bout de souffle.

Platini, ’un produit du système’

C’est l’angle d’attaque adopté par les rivaux potentiels du président de l’UEFA pour tenter de torpiller sa candidature, officialisée mercredi.

Un gros poisson a entonné ce discours jeudi. Le Sud-Coréen Chung Mong-joon, ancien vice-président de la Fifa et personnalité incontournable du football asiatique, a révélé à l’AFP son intention de briguer la présidence de la Fifa et en a profité pour présenter Platini comme "un produit de l’actuel système Fifa", voire "un protégé de (Joseph) Blatter". Le Français, qui a débuté sa carrière de dirigeant sous l’aile protectrice du Suisse, en est devenu le pourfendeur numéro un depuis la multiplication des affaires touchant la Fédération internationale.

S’il décidait d’aller jusqu’au bout, le milliardaire sud-coréen, héritier de l’empire industriel Hyundaï, s’annoncerait comme le principal adversaire de Platini.

Les propos les plus durs sont venus mercredi du prince jordanien Ali bin Al-Hussein, qui avait mis Blatter en ballottage en mai avec le soutien de... Platini et de l’UEFA.

"Platini n’est pas bon pour la Fifa. La culture des arrangements en coulisses, en sous-main, doit prendre fin", a estimé le demi-frère du roi Abdallah II, qui n’exclut pas de se présenter.

Candidat déclaré, le président de la Fédération libérienne Musa Bility a aussitôt embrayé : "Platini ne représente pas le changement, il a été vice-président de la Fifa durant 8 ans".

Quelles conséquences en termes de voix ?

A priori aucune, ou presque. Chung, Bility et Ali pourraient être tentés de former un front commun contre le Français, mais celui-ci a pris le soin d’assurer ses arrières avant de se lancer dans la course.

L’ancien triple Ballon d’Or n’avait pas osé affronter Blatter il y a deux mois, ses chances de succès étant nulles à l’époque. S’il a décidé de franchir le pas après la démission du Suisse, c’est qu’il a vraisemblablement l’assurance de l’emporter.

D’ailleurs, quelques heures après les attaques de Chung, la Confédération asiatique (AFC, qui chapeaute les fédérations du continent) a confirmé officiellement qu’elle soutenait Platini. Désavouant de facto le Sud-Coréen.

Le Français est "sans aucun doute un candidat remarquable qui amènerait de la stabilité et permettrait une transition en douceur vers un fonctionnement normal de la Fifa, dans cette situation difficile", a affirmé dans un communiqué le président de l’AFC, le cheikh Salman Bin Ibrahim Al Khalifa. Il a appelé ses 47 fédérations membres à "rester aussi unies que possible derrière le meilleur candidat", savonnant ainsi la planche de Chung.

Platini dispose ainsi du soutien de quatre des six Confédérations : Europe, Asie, Amérique du sud, Concacaf (Amérique du Nord et Caraïbes). De quoi lui assurer un matelas de voix confortable sur les 209 fédérations membres de la Fifa.

Quelles réformes ?

L’ex-capitaine et N.10 de l’équipe de France n’a pas encore dévoilé précisément son programme mais va sans doute vouloir capitaliser sur son profil de réformateur, bâti à l’UEFA depuis 2007 : fair-play financier, ouverture de la Ligue des champions, Euro à 24 équipes...

Un bilan qui pousse ses partisans à voir en lui l’homme de la rupture au sein d’une institution qui fait l’objet d’enquêtes judiciaires sur les attributions des Mondiaux 2018 (Russie) et 2022 (Qatar).

C’est "l’une des personnes les plus aptes à redonner la crédibilité" à la Fifa, a assuré à l’AFP l’ancien secrétaire général de l’instance, le Suisse Michel Zen Ruffinen.

Dans le courrier d’officialisation de sa candidature, Platini a d’ailleurs insisté sur la nécessité pour la Fifa de "se réformer" et de "repenser sa gouvernance".

De son côté, le président du Comité international olympique (CIO), Thomas Bach, a expliqué que "les problèmes de la Fifa ne disparaîtront pas seulement avec l’élection d’un nouveau président". "Il faut des réformes dans les structures et améliorer la transparence", a-t-il ajouté dans entretien à l’AFP.

Soucieux de peser jusqu’au bout sur le cours des événements, Blatter avait lancé le 20 juillet un groupe de travail pour se pencher sur une série de réformes : limitation des mandats, contrôle de la probité des membres du comité exécutif et publication de leurs rémunérations. Platini avait salué ce geste comme "un pas important". Il devra maintenant expliciter ses propres propositions.


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