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Retraite Bèl Nègès : on en redemande !

vendredi 14 août 2015

Du 1er au 3 août 2015, avec le support de l’ambassade américaine en Haïti, Bèl Nègès a organisé une retraite au ranch le Montcel. S’étant déroulée autour du thème « L’autonomisation et la représentation de la femme haïtienne : un modèle à valoriser », plus d’une soixantaine de jeunes femmes y ont pris part. Une occasion pour Bèl Nègès d’encourager ces dernières à être plus responsables envers elles-mêmes et à s’engager dans leurs communautés. Deux jours de réflexions, d’inspiration et de motivation intenses !

Supportée par l’ambassade américaine en Haïti, la retraite réalisée par Bèl Nègès (BN) a été le moment idéal pour porter plusieurs jeunes femmes à réfléchir , à découvrir leurs capacités, développer leur estime d’elles-mêmes afin de prendre des résolutions pour améliorer leur vie et celle des autres. C’est la troisième activité de cette jeune organisation sur une période d’un an et trois mois. Le créole a été la langue la plus utilisée au cours de cette retraite où la grande majorité des participantes étaient des femmes aux cheveux crépus naturels. Une initiative louable En général, les séances de motivation et d’épanouissement personnel ont tendance à vous faire croire que vous pouvez déplacer les montagnes ou soulever la terre sans un point d’appui. Mais, au cours de cette retraite, l’on a eu des idées qui avaient le mérite d’être réalistes, véridiques et universelles. « Nous pouvons tous aspirer à de grandes choses, mais nous devons d’abord le croire, et ensuite travailler pour. Car cette étincelle de lumière ou de genie, qui doit éclairer nos vies et nous permettre d’atteindre les buts que nous nous fixons, ne se trouve qu’en nous. Et en nous seules. » « Se nan nou pou l soti », a répété à maintes reprises Christina Julmé, présidente de BN. Cependant, chacun de nous doit suivre son propre rythme dans ce processus d’épanouissement. Christina a choisi de baptiser la retraite « Nan mwen », pour mieux mettre l’emphase sur cet aspect fondamental. Ce fut sans conteste une initiative louable. « Je trouve que c’est une excellente idée d’organiser ces activités, qui contribuent à l’émancipation de la femme, lui permettent de prendre conscience de sa valeur en tant qu’individu et de son rôle au sein de la société. Il est important de stimuler des réflexions autour de cela, mais aussi de donner des outils concrets comme on l’a fait à travers ces ateliers », assure Raphaël Brigandi, représentant de l’Union européenne en Haïti. Il a animé pour l’occasion l’atelier en self-defense, pendant lequel il a pu initier les jeunes femmes à certaines techniques utiles pour sortir d’une situation de danger. Car, il ne faut guère l’oublier, les femmes font souvent l’objet d’agressions physiques et sexuelles. Des messages forts et très inspirants Il fut pendant cette retraite important de comprendre comment dépasser les divers obstacles qui empêchent les femmes de prendre des initiatives dans leur vie en Haïti. Le spécialiste en genre Carl-Henry Petit-Frère, et le docteur en psychologie Judith Blanc étaient présents le premier jour pour aider les participantes à faire le point et leur donner des éléments de solutions très pratiques. Le second jour, l’ex-ministre à la Condition féminine et aux Droits des femmes, Marie Laurence Jocelyn Lassègue, et Carmel Dorie Barbot, ancienne Miss Anayizz, ont composé le panel qui intervenait autour du thème « Meyè pwopozisyon pou yon jèn fi evolye anba presyon ak atant sosyal diskriminan yo ». A partir d’exemples pratiques tirés très souvent de leurs vécus, ces deux femmes ont aidé les jeunes à se rappeler leurs histoires, leurs racines ancestrales, pour mieux se connaître et comprendre l’être qu’elles sont aujourd’hui afin de pouvoir s’accepter, faire les choix de vie qu’il faut, les assumer, défendre les valeurs et les principes qu’on a adoptés en dépit des difficultés. Elles n’ont pas manqué d’encourager les jeunes à développer chez elles le sens de la solidarité, de la sororité et de l’humilité aussi. « Plus vous avez des connaissances, plus vous devriez être humbles », a dit Dorie avant que Mme Lassègue n’ajoute qu’« il faut respecter les aînés, toujours se rappeler ceux qui vous ont tendu la main ou vous ont ouvert la voie, mais surtout être toujours prêtes à épauler les autres. » Des ateliers instructifs Et parce qu’il est important de soigner sa beauté intérieure aussi bien que celle de l’extérieur, plusieurs ateliers très intéressants figuraient au menu de cette retraite de deux jours. Les jeunes femmes ont eu droit aux conseils en santé sexuelle de Sheilla Milfort, ceux de Clara Luce Lafond pour les soins des cheveux et les techniques de maquillage. Avec « byen manje », Mélissa Wolff de Green Kitchen a rappelé comment et pourquoi bien manger pour préserver sa santé. Les classes de Zumba d’Anne Lilande Latortue ont fait les délices de plus d’un et les techniques de self-defense de Raphaël Brigandi ont été très utiles. Des journées bien remplies rien que pour le bien-être de ces jeunes femmes. Après ce succès, on en redemande ! Le beau monde qui fut présent à cette retraite est unanime : « On en veut encore ». « J’ai trouvé cela très intéressant, très rafraîchissant. Il n’y a pas assez d’initiatives du genre en Haïti. On devrait donc investir beaucoup plus dans ces activités pour nos enfants, nos jeunes et notre peuple », a conclu Mélissa Wolf après un de ses ateliers. M. Brigandi, lui, voit dans cette retraite une utilité pédagogique et ludique. Vania, une participante, est complètement satisfaite. « Cette retraite m’a permis de me ressourcer et de faire le plein d’énergie pour continuer à avancer. Nous, les femmes haïtiennes, nous pouvons réaliser de grandes choses, il nous faut simplement un petit coup de pouce ». Une autre jeune atteste du pouvoir réparateur et thérapeutique de ces échanges : « Certaines fois, en tant que jeunes, nous avons des problèmes et nous pensons que nous sommes les seuls à être dans une situation et nous déprimons. Mais quand, dans ces espaces, nous constatons que nous ne sommes pas les seules à avoir tel ou tel problème, on reprend courage, et on peut mieux se relever pour chercher des solutions. » Pendant ces deux jours, ces jeunes femmes ont manifesté une soif d’apprendre, de partager des connaissances. Une volonté ferme de s’accepter soi-même avec les qualités et les défauts, d’affirmer leurs beautés et leurs potentialités. Un pas pour ne voir dans l’autre que le bien, le beau et le bon. Ce type de retraite, qui stimule la réflexion, fournit des connaissances, permet les échanges devrait être organisé de façon régulière. Il y a une demande. Au terme de cet évènement, ces Nègès sont rentrées chez elles revigorées, revivifiées, motivées à agir pour devenir la personne qu’elles rêvent d’être. Ce fut comme une cure de jouvence. « Les nombreux témoignages et résolutions prises à cause de cette activité est la preuve du grand besoin de ces espaces de rencontre et de partage entre les jeunes femmes haïtiennes. Assurément, ce sera un rendez-vous annuel à ne pas manquer », promet Christina Julmé, cette jeune femme dynamique, déterminée, instigatrice de cet évènement.


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