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Kerry a posé le pied à Cuba pour sceller la réconciliation

vendredi 14 août 2015

Le secrétaire d’Etat américain John Kerry a atterri vendredi matin à La Havane pour une visite historique de quelques heures à Cuba, où il assistera notamment au hisser de la bannière étoilée devant l’ambassade des Etat-Unis, symbole de la réconciliation entre les deux pays.

Façades repeintes, rues asphaltées dans l’urgence : La Havane s’est mise sur son 31 pour accueillir son premier chef de la diplomatie américaine depuis 1945, qui a atterri vers 09H00 locales (13H00 GMT), ont constaté des journalistes de l’AFP.

Son convoi s’est ensuite dirigé vers son ambassade.

"Il y a aura des accrocs dans le processus (de rapprochement) mais c’est un début", s’est félicité M. Kerry devant la presse à bord de son avion.

Presque huit mois après l’annonce simultanée, le 17 décembre, par Barack Obama et Raul Castro, d’une reprise des relations diplomatiques, John Kerry accomplira l’une des étapes les plus symboliques de ce processus, en rouvrant officiellement l’ambassade de son pays sur l’île communiste.

Et pour marquer un peu plus l’Histoire, ce sont les trois Marines - Jim Tracy, F.W. Mike East et Larry C. Morris - qui avaient abaissé en 1961 le drapeau flottant au fronton de la représentation diplomatique qui le hisseront à nouveau, scellant la nouvelle entente des ex-ennemis de la Guerre froide.

"Ils attendent depuis 1961 de retourner à La Havane", a témoigné dans une vidéo le chargé d’affaires des Etats-Unis à Cuba, Jeffrey DeLaurentis.

La cérémonie de vendredi, devant des membres des deux gouvernements et des élus du Congrès américain, s’inscrit dans "un processus de normalisation", a commenté un porte-parole du département d’Etat, Mark Toner.

"Voir flotter la drapeau américain sur le Malecon (front de mer) de La Havane est un sentiment aussi profond que celui ressenti à Washington", quand a été hissé le drapeau cubain, a confié cette semaine à l’AFP Hugo Cancio, l’un des rares Cubano-américains invités à la cérémonie.

Dans le fond, les relations diplomatiques sont déjà rétablies - et les ambassades des deux côtés rouvertes - depuis le 20 juillet, mais cette journée exceptionnelle "marque évidemment une nouvelle étape de ce processus, après 54 ans" de brouille, a expliqué M. Toner.

Les deux gouvernements avaient rompu les liens en 1961 dans la foulée de la révolution castriste mais ils entretenaient depuis 1977 des sections d’intérêts qui faisaient office d’ambassades.

- Encore des points de friction -

Si la visite de John Kerry ne doit durer qu’une dizaine d’heures, elle vise à aborder aussi les sujets qui fâchent, comme la protection des droits de l’homme et des dissidents politiques.

Alors que de nombreux dissidents cubains craignent de perdre le soutien des Etats-Unis une fois les deux pays complètement réconciliés, M. Kerry est très attendu sur cette question.

Des opposants à la détente accusent aussi l’administration démocrate d’avoir mis sous l’éteignoir ses exigences en matière de droits de l’homme et de libertés publiques.

"Je vais rencontrer des dissidents (...) J’aurai la chance de m’asseoir avec eux" au cours d’une réception, privée, à la résidence de l’ambassadeur américain à La Havane, a assuré John Kerry sur la télévision américaine en espagnol Telemundo News.

M. Kerry a reconnu que les dissidents n’étaient "pas invités (...) à l’ambassade parce que c’est un événement entre gouvernements, où, par ailleurs, l’espace est très limité".

Il a aussi dit qu’il s’offrirait "une promenade à pied, librement, dans la vieille ville de La Havane".

Mais si les relations entre les deux pays se sont apaisées, une intervention jeudi du père de la révolution cubaine Fidel Castro a rappelé les points de friction qui demeurent.

Dans un texte publié par la presse locale, l’ex-président, retiré du pouvoir depuis 2006 pour raisons de santé, a insisté sur les "nombreux millions de dollars" que les Etats-Unis doivent, selon lui, à Cuba en compensation de l’embargo économique imposé à l’île depuis 1962.

L’administration Obama souhaite la levée de cet embargo, exigée par Cuba, mais celle-ci dépend du Congrès, aux mains des républicains, dont beaucoup sont vent debout contre la mesure, la voyant comme une récompense aux frères Castro.

Enfin, La Havane, qui a déjà obtenu son retrait d’une liste noire américaine d’"Etats soutenant le terrorisme", attend encore une dernière chose pour sceller cette nouvelle entente : la restitution de la base navale américaine de Guantanamo.


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