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Grèce : MSF inquiète par les rumeurs d’attaques de migrants en mer

samedi 15 août 2015

Des migrants arrivés sur l’île de Kos après avoir effectué la traversée entre la Turquie et la Grèce ont raconté avoir été attaqués par des hommes armés.

L’ONG Médecins sans frontières (MSF) présente sur l’île de Kos s’inquiète de témoiganges d’attaques de migrants au large des côtes. "Des hommes grands, le visage dissimulé, portant des armes, des bâtons et des couteaux se sont approchés de notre bateau, l’ont perforé et ont jeté notre moteur à l’eau", a raconté Ahmad Yousef, un Irakien de 40 ans originaire de Bagdad, dont la tentative de gagner l’Europe a échoué cette fois-là.

"Nous avons collecté suffisamment d’histoires de ce type pour être inquiets", a confié Constance Theisen, l’une des responsables de MSF sur Kos, située face à la Turquie où débarquent chaque nuit des dizaines de migrants sur des canots gonflables. Zacharoula Tsirigoti, responsable du service chargé des étrangers au sein de la police grecque, a vigoureusement réfuté toute implication des autorités grecques.

Une méthode d’intimidation

Walaa, un Irakien, a le souvenir que c’est un bateau grec qui a foncé sur son embarcation : "(Il) s’est dirigé droit sur nous, brisant notre bateau en deux. Le réservoir de carburant a explosé et un incendie a éclaté. Nous avons tous été jetés à l’eau", a déclaré l’homme de 40 ans. "Puis, quand les Grecs ont vu ça, ils ont décidé de nous sortir de l’eau et de nous amener à terre... Ils ont dit ’désolés, nous voulions juste pour vous effrayer’".

C’est au cours d’une première tentative de traversée qu’Ibrahim Najjar, un Syrien de 21 ans, raconte avoir été attaqué à bord du canot qui le transportait : "Un bateau avec un grand drapeau de l’UE et un petit drapeau grec s’est approché du nôtre, et les hommes à bord ont sorti les armes", a-t-il assuré. "Ils avaient tous le visage couvert. Ils ont pris le carburant de notre bateau et sont partis à toute allure".

Une vingtaine de bateaux attaqués

Le 1er août, les gardes-côtes grecs avaient annoncé l’arrestation de trois hommes soupçonnés de dépouiller les migrants en pleine mer. Les trois suspects, âgés de 21 à 31 ans, de nationalité grecque, avaient été interpellés sur l’île de Samos et étaient déguisés en gardes-côtes. Environ 15 000 euros, des moteurs de bateaux et une boîte contenant des vêtements mouillés avaient été retrouvés lors d’une fouille de leurs domiciles.

Fin juillet, une militante italienne en contact avec de nombreux migrants syriens, Nawal Soufi, avait affirmé avoir entendu parler d’une vingtaine de bateaux dont les passagers avaient été la cible d’attaques pendant les derniers mois.

Les gardes-côtes turcs accusés

Une source gouvernementale turque a accusé les autorités grecques : "Malheureusement, l’autre côté (grec) recourt à des méthodes inhumaines, y compris à des attaques de bateaux". Mais d’autres récits recueillis par les équipes de MSF accusent les gardes-côtes turcs d’interventions pour empêcher les migrants de quitter la Turquie.

L’ONG dit avoir fait part de ses préoccupations sur toutes ces allégations aux gardes-côtes grecs, au ministère de l’Intérieur et à l’agence européenne de surveillance des frontières Frontex. Face à ces témoignages, le Haut Commissariat aux Réfugiés "essaie de surveiller la situation afin d’être en mesure de juger", a déclaré Stella Nanou, porte-parole à Kos du HCR.


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