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Beyrouth : 30 manifestants blessés dans des heurts avec la police

dimanche 23 août 2015

Au lendemain de heurts ayant fait au moins 16 blessés parmi les manifestants et les forces de sécurité, de nouvelles violences ont eu lieu en fin de journée.

La crise des déchets s’est aggravée dimanche à Beyrouth où des affrontements ont à nouveau éclaté entre policiers et un groupe de manifestants, faisant 30 blessés et accentuant la pression sur un gouvernement libanais paralysé par de profondes divisions. 13 manifestants ont dû être hospitalisés.

La manifestation était de nouveau organisée à l’appel du mouvement citoyen "Vous puez", qui s’est désolidarisé des violences et a insisté sur le caractère pacifique de la protestation. Les violences ont été déclenchées par quelque 200 jeunes, dont certains avaient le visage couvert.

Ils ont jeté des projectiles sur les forces de l’ordre et tenté de retirer les barbelés derrière lesquels étaient massés les policiers. Certains ont mis le feu à une moto et tenté de constituer une mini-barricade avec des tables et des panneaux en bois. La police a alors fait usage de canons à eau et de gaz lacrymogènes. Des tirs ont également été entendus.

Reprise du mot d’ordre de la révolution syrienne

"Nous n’avons rien à faire avec ce groupe. Nous nous sommes retirés de la place Riad al-Solh où ont lieu les affrontements pour aller place des Martyrs afin de montrer que nous n’avons rien à voir avec cette violence", a affirmé un porte-parole des manifestants, Joey Ayoub.
Dans l’après-midi, des milliers de personnes, des jeunes en majorité, s’étaient ainsi réunies dans une atmosphère bon enfant près du Sérail, le siège du Premier ministre. Des gens de tous milieux et de toutes confessions, fustigeant l’incompétence du gouvernement, scandaient "Liberté" ou "Le peuple veut la chute du régime", mot d’ordre associé aux manifestations du début de la révolution en Syrie en mars 2011.

Sans aller jusque-là, Gemma Souleimane, une mère de famille de 40 ans d’Abra (sud), réclamait aux ministres "de régler le problème des déchets, de l’eau, de l’électricité. Ce sont nos droits élémentaires et nous sommes ici pour contrôler ce que vous avez à faire".

"Des ordures politiques"

En première ligne dans cette crise, le Premier ministre Tammam Salam avait appelé, un peu plus tôt dimanche, au calme et tendu la main aux manifestants. "Je suis disposé à vous écouter et à m’asseoir avec vous", avait-il lancé lors d’une conférence de presse.

Tammam Salam a reconnu que le problème des ordures était la goutte d’eau ayant fait déborder la colère de l’opinion. "Mais c’est la question des ordures politiques dans ce pays", a lancé le Premier ministre considéré comme un modéré adepte du compromis. Il a appelé le Conseil des ministres à se réunir rapidement pour trouver une solution à la crise, dénonçant les divisions politiques paralysant les institutions.

Tammam Salam a par ailleurs estimé qu’une "force excessive contre la société civile et contre le peuple" avait été employée pour disperser la manifestation de samedi. "Nous ne pouvons pas laisser passer les évènements d’hier sans punition", a-t-il ajouté. "Notre demande la plus urgente est que les policiers et les soldats rendent des comptes", avait affirmé pour sa part Joey Ayoub après les violences de samedi.

Sans chef depuis un an

Samedi soir, la manifestation avait dégénéré quand un groupe de protestataires avait lancé des bouteilles et des projectiles sur les forces de sécurité qui avaient fait usage de grenades lacrymogènes et de canons à eau. Sur des vidéos postées par des manifestants, on voit des membres des forces de sécurité tirer en l’air et battre des manifestants.

Pour la première fois depuis la fin de la guerre civile (1975-1990), le Liban est sans chef de l’Etat depuis plus d’un an. Le Parlement est paralysé par les divisions, elles-mêmes exacerbées par les dissensions sur la guerre en Syrie.

Le pays du Cèdre est écartelé entre la coalition menée par le puissant Hezbollah chiite et soutenue par Damas et Téhéran, et celle dirigée par l’ex-Premier ministre sunnite Saad Hariri, appuyée par les Etats-Unis et l’Arabie saoudite.


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