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Stiglitz : la France subit une "forme d’intimidation" de l’Allemagne

lundi 31 août 2015

L’économiste estime que le gouvernement socialiste "n’a pas été capable de tenir tête" à Berlin et que la France risque de voir se creuser les inégalités.
Source AFP

Pour l’économiste Joseph Stiglitz, Prix Nobel et grand critique des politiques d’austérité, la France subit une « forme d’intimidation » de l’Allemagne dans ses choix de politique économique. Interrogé sur des déclarations de l’ancien ministre des Finances grec Yanis Varoufakis, selon lequel l’intransigeance allemande face à la Grèce aurait eu pour but d’effrayer la France et de la convaincre de suivre la voie de la rigueur, l’économiste américain a déclaré : « Je le crois. » « Le gouvernement de centre gauche en France n’a pas été capable de tenir tête à l’Allemagne », que ce soit sur les orientations budgétaires au niveau de la zone euro ou dans la réponse à la crise grecque, a déclaré l’ancien chef économiste de la Banque mondiale et conseiller du président américain Bill Clinton.

Pour Joseph Stiglitz, venu à Paris pour faire la promotion de la traduction en français de son dernier livre sur les inégalités (La Grande Fracture, éditions Les Liens qui libèrent), la France « est de toutes les nations du monde celle qui a le plus fortement embrassé le concept d’égalité ». Mais, si le pays a, selon lui, « relativement bien réussi à contenir une hausse des inégalités pendant la crise » de 2009, il est désormais confronté à un « vrai risque » de creusement des écarts en raison de son choix de l’austérité. « Les politiques d’austérité sont au coeur de la hausse des inégalités », pour Joseph Stiglitz, qui avait reçu le Nobel en 2001 avec deux autres économistes, pour des travaux sur les imperfections des échanges d’informations sur les marchés.

L’économiste a jugé que si la France affiche un important déficit public en termes nominaux, elle n’en pratique pas moins une politique d’austérité en bridant les dépenses publiques. Il a aussi critiqué cette « idée vraiment stupide selon laquelle baisser les impôts sur les entreprises stimulerait l’économie », jugeant que cette « politique de l’offre » déjà mise en oeuvre par Ronald Reagan aux États-Unis était aujourd’hui « totalement discréditée ». « Je ne comprends pas pourquoi l’Europe choisit cette voie aujourd’hui », a-t-il indiqué. La baisse massive des charges et des impôts des entreprises est au coeur du pacte de responsabilité et de solidarité défendu par François Hollande.


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