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En Amazonie, la violence des chercheurs d’or contre les indiens Yanomami s’intensifie

jeudi 31 juillet 2014

Dans le nord de l’Amazonie brésilienne, la violence des chercheurs d’or clandestins contre les indiens Yanomami s’intensifie. Leur porte-parole, le chaman Davi Kopenawa a été contraint, mardi 29 juillet, de demander une protection policière après avoir reçu des menaces de mort répétées.

Les orpailleurs ont à nouveau investi depuis quelques mois les terres indigènes de la région de Roraima, frontalière du Venezuela et du Guyana. Le gouvernement brésilien en concertation avec les Yanomami a lancé une vaste opération de répression pour expulser les centaines de mineurs qui détruisent la forêt et polluent sols et eau en utilisant du mercure pour extraire le minerai précieux.

« Ils veulent me tuer mais je continuerai à me battre car ma mission est de défendre le peuple Yanomami et sa terre », affirme le chef indien dans une déclaration diffusée en Europe par l’association Survival, engagée dans la défense des peuples indigènes

Les conflits entre les chercheurs d’or et les populations indiennes dans cette partie de l’Amazonie émaillent l’histoire des dernières décennies. La démarcation du territoire des Yanomami en 1992, après une longue lutte relayée par des campagnes internationales, n’assure pas la protection à laquelle les indiens pourraient prétendre. Les 96 000 km2 sanctuarisés de la réserve font l’objet d’incursions régulières des trafiquants pour l’or du sous-sol mais aussi pour y couper du bois.

Davi Kopenawa est la figure emblématique de la lutte des Yanomami et son action pour la protection de l’Amazonie est reconnue par la communauté internationale. En 1991, il a été nominé parmi les 500 personnalités que récompense chaque année le Programme des Nations unies pour l’environnement par son prix « Global 500 ».

CONQUETE DES RESSOURCES NATURELLES

Le sort des Yanomami illustre la situation préoccupante de beaucoup de peuples autochtones d’Amérique du Sud confrontés à la convoitise que suscitent les ressources naturelles renfermées dans leur sous-sol. Qu’elle soit le fait de grandes entreprises minières ou d’officines clandestines, elle met en danger la survie de populations qui pour certaines d’entre elles n’ont, à ce jour, jamais eu de contact avec les sociétés modernes. Le Pérou est aussi confronté à un phénomène d’orpaillage illégal de grande ampleur dans la région de Madre de dios.
La Commission interaméricaine des droits de l’homme a rappelé, dans un rapport publié mardi à Washington, que l’exploitation des ressources naturelles représente « la plus grande menace » pour les peuples isolés du sous-continent.

La demande de bois, de pétrole ou de minerais génère des incursions croissantes dans ces territoires indigènes, avertit l’organe indépendant créé en 1959 au sein de l’Organisation des Etats américains (OEA). Les Etats de la région ont placé sous protection 9 millions d’hectares où vivent des peuples indigènes en situation d’isolement volontaire ou de contacts sporadiques. Malgré cette protection, des autorisations d’accès sont accordées par les gouvernements en violation des droits des peuples indigènes, déplore le rapport, qui au nom de la défense de la diversité culturelle rappelle que des contacts involontaires peuvent conduire à la disparition de ces peuples, en raison de leur grande vulnérabilité à des maladies contre lesquelles ils ne sont pas immunisés. Environ 10 000 individus et 200 peuples seraient concernés, selon l’OEA qui souligne la difficulté de disposer de chiffres précis.

L’étude publie une cartographie des concessions pétrolières accordées dans la région, montrant de fréquents chevauchements avec les réserves indigènes. D’autres exemples mettent en cause l’avancée des fronts agricoles ou les activités minières au Paraguay, en Equateur, au Pérou et bien sûr au Brésil.


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