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La Russie multiplie ses frappes en Syrie, Assad met en garde

lundi 5 octobre 2015

Le président Bachar al-Assad a averti dimanche que le succès de l’intervention russe contre les "terroristes" était vital pour éviter la destruction du Moyen-Orient, alors que Moscou multipliait ses raids.

Pour le cinquième jour consécutif, les avions russes ont mené des frappes dans le pays ravagé par quatre ans et demi de conflit, détruisant des positions du groupe jihadiste Etat islamique (EI) selon Moscou.

Mais une fois de plus, les pays occidentaux ont regretté que ces bombardements visent surtout des groupes rebelles hostiles à M. Assad, et non exclusivement l’EI. La Russie doit "changer de cap", a déclaré le Premier ministre britannique David Cameron.

S’exprimant pour la première fois depuis le début de l’intervention russe mercredi, M. Assad a jugé indispensable le succès de la coalition contre "le terrorisme" formée par son pays, la Russie, l’Iran et l’Irak.

Elle "doit réussir, sinon la région entière sera détruite et pas seulement un ou deux pays", a-t-il averti dans un entretien à la télévision iranienne Khabar.

"Le prix à payer sera certainement élevé", a ajouté M. Assad, en se disant confiant que "les chances de succès" de cette coalition étaient "grandes et non minimes".

Au pouvoir depuis 15 ans et survivant des révoltes qui ont éliminé plusieurs chefs d ?État arabes, le président syrien se sent conforté par l’intervention russe. Elle lui permet d’espérer inverser la série de revers militaires subis par son armée ces derniers mois.

Moscou a indiqué dimanche que ses avions Sukhoï avaient effectué vingt sorties" en 24 heures et frappé "dix cibles des bandits de l’EI".

Ces nouveaux raids ont été menés quelques heures après l’annonce que Moscou allait "intensifier" la campagne de frappes conduites par ses appareils positionnés sur une base dans l’ouest de la Syrie.

- ’Grave erreur’ -

Cette campagne a été jugée dimanche "inacceptable" par le président turc Recep Tayyip Erdogan, dont le pays, frontalier de la Syrie, suit avec inquiétude l’internationalisation du conflit. "La Russie commet une grave erreur" car son intervention va "isoler la Russie dans la région à terme et n’augure rien de bon", a-t-il prévenu.

La Russie et la Turquie s’opposent sur la Syrie depuis le début du conflit en 2011, Ankara exigeant le départ du président syrien Bachar al-Assad qui bénéficie du soutien indéfectible de Moscou.

Le départ d’Assad est également réclamé par de nombreux dirigeants occidentaux, comme David Cameron, qui a lancé dimanche un appel en ce sens aux Russes.

"Je leur dirais : +changez de cap, rejoignez-nous pour attaquer (le groupe) EI mais reconnaissez que si nous voulons une région stable, nous avons besoin d’un autre dirigeant qu’Assad", a-t-il déclaré dimanche sur la BBC.

"De manière tragique, la plupart des frappes aériennes russes (...) ont été effectuées dans des zones qui ne sont pas contrôlées par l’EI mais par d’autres opposants au régime", a regretté M. Cameron.

Le Premier ministre français Manuel Valls a également appelé dimanche Moscou à "ne pas se tromper de cibles" en frappant d’autres organisations que l’EI.

La chancelière allemande Angela Merkel a pour sa part répété que le processus politique indispensable à une résolution du conflit ne pourra être couronné de succès que si M. Assad participait directement aux discussions.

- Qui sont les modérés ? -

L’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH) a indiqué que des bombardements avaient visé dans la nuit de samedi à dimanche la ville de Raqa, "capitale" de l’EI. Mais sans être en mesure de déterminer si ces raids avaient été menés par des avions russes, du régime ou de la coalition menée par les Etats-Unis.

Par ailleurs, des "avions, vraisemblablement russes, ont mené plusieurs raids contre deux villages dans le nord de la province de Homs" (centre), une zone en grande partie contrôlée par des groupes rebelles, notamment le Front Al-Nosra, branche syrienne d’Al-Qaïda.

Un haut responsable de l’état-major russe, le général Andreï Kartapolov, avait affirmé samedi que les "plus de 60 frappes" menées depuis mercredi avaient semé la "panique" chez les jihadistes et forcé "environ 600" d’entre eux à abandonner leurs positions.

A contrario, M. Assad a jugé négatif le bilan de la coalition menée par les Etats-Unis. Depuis son lancement il y a un an, "le terrorisme a connu une expansion géographique et le nombre de recrues au sein des groupes terroristes a augmenté", a-t-il affirmé à la télévision iranienne.

Les autorités syriennes ont par ailleurs arrêté et détenu pendant plusieurs heures dimanche Mounzer Khaddam, un dirigeant de l’opposition tolérée par le régime, quelques jours après avoir critiqué les frappes russes. "Le règlement de la crise syrienne n’est pas imminent comme le pensent certains rêveurs et l’intervention russe complique (le conflit) davantage", avait-il écrit sur sa page Facebook.


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