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L’épidémie d’Ebola en Afrique expliquée en 5 questions

samedi 2 août 2014


C’est une épidémie de fièvre hémorragique d’une ampleur sans précédent. La maladie à virus Ebola qui frappe la Sierra Leone, le Liberia et la Guinée fait craindre une propagation de l’infection au-delà des frontières de ces pays d’Afrique de l’Ouest, et mobilise les autorités sanitaires mondiales pour contenir ce risque.

A l’issue d’un sommet régional lors duquel l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a débloqué 75 millions d’euros pour lutter contre l’épidémie, les trois pays ont décidé de mettre en place un cordon sanitaire autour de l’épicentre de l’épidémie, une zone située à leur frontière commune entre les villes de Guéckédou, Foya et Kailahun (le triangle orange sur la carte d’illustration). « Ces zones seront isolées par la police et l’armée », a précisé Hadja Saran Daraba, secrétaire exécutive de l’Union du fleuve Mano, qui regroupe les trois pays et la Côte d’Ivoire.

La France, elle, a réitéré sa recommandation de suspendre, « sauf raison impérative », tout voyage dans la zone.

Selon le dernier bilan de l’OMS, publié le 31 juillet :
◾1 323 cas de fièvre hémorragique ont été répertoriés depuis le début de l’épidémie, en février, dont 909 confirmés comme étant dus au virus Ebola ;
◾parmi ces cas, 729 personnes sont mortes. La Guinée, avec 339 morts, est à ce jour le pays le plus touché. En Sierra Leone, 233 malades sont morts, et, au Liberia, 156 ont sucombé à la fièvre hémorragique.
◾Qu’est-ce que le virus Ebola ?

La maladie à virus Ebola est un type de fièvre hémorragique. Elle est causée par une infection due à un virus de la famille des filoviridés (filovirus), le virus Ebola, qui tire son nom d’une rivière du nord de la République démocratique du Congo (ex-Zaïre), où il a été repéré en 1976.

Cinq espèces de virus Ebola ont été identifiées (Zaïre, Soudan, Bundibugyo, Reston, Forêt de Taï). Quatre d’entre elles peuvent causer la maladie chez l’humain, tandis que la cinquième, le virus Reston, ne semble provoquer pour l’instant des symptômes que chez les primates. Depuis 1976, une trentaine d’épidémies de fièvre Ebola ont touché des villages isolés d’Afrique centrale (République démocratique du Congo, Ouganda, Soudan, Gabon), avant de se propager en Afrique de l’Ouest.
◾Comment se propage-t-il ?

La cause première des poussées épidémiques reste mystérieuse et les hôtes naturels du virus demeurent inconnus, même si les chercheurs ciblent particulièrement les chauves-souris frugivores. Le virus s’est probablement introduit dans la population humaine après un contact étroit avec des animaux infectés, des chauves-souris, chimpanzés, gorilles, antilopes des bois et porcs-épics.

Le virus se propage ensuite d’homme à homme par des contacts directs (peau lésée ou muqueuses) avec du sang, des sécrétions ou des liquides biologiques (salive, sueur, sperme, vomissures, matières fécales) de personnes infectées. En Afrique, les rites funéraires au cours desquels les parents et amis du défunt sont en contact direct avec la dépouille jouent souvent un rôle dans la transmission du virus. Le sperme peut également continuer de transmettre le virus jusqu’à sept semaines après la guérison clinique.

L’agent pathogène peut également se transmettre par des contacts indirects, par exemple avec des objets comme des aiguilles de seringues contaminées. Des personnels de santé ont souvent été infectés en traitant des cas suspects ou confirmés, lorsque les précautions anti-infectieuses n’ont pas été strictement appliquées.

Une personne n’est pas contagieuse tant que les symptômes ne se sont pas manifestés. Selon les centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC), il est ainsi « très improbable » que le virus Ebola se transmette parmi les passagers d’un avion ou d’un train puisqu’un contact direct avec des sécrétions corporelles est nécessaire. La plupart des personnes infectées vivent avec des malades qui ont des symptômes ou sont membres du personnel médical qui les soigne.
◾Quels sont les symptômes du virus ?

Après une période d’incubation de deux à vingt et un jours (huit jours en moyenne), la maladie se caractérise souvent par une apparition brutale de fièvre (supérieure ou égale à 38,5 °C), avec une faiblesse intense, des douleurs musculaires, des maux de tête et une irritation de la gorge. Ces symptômes sont suivis de vomissements, de diarrhées, d’une éruption cutanée, d’une insuffisance rénale et hépatique et, dans certains cas, d’hémorragies internes et externes.

La fièvre hémorragique Ebola a un taux de mortalité pouvant atteindre 90 % et ceux qui y survivent peuvent être contagieux pendant deux mois. Les cas graves sont placés en unité de soins intensifs, et les malades, déshydratés, doivent être mis sous perfusion.
Existe-t-il un traitement ?
Il n’existe aucun traitement ni aucun vaccin spécifiques contre la maladie à virus Ebola. Plusieurs vaccins sont en cours d’essai, mais il faudra peut-être des années avant qu’un vaccin puisse être utilisé, même si des chercheurs américains ont annoncé à la fin de 2011 avoir mis au point un vaccin efficace à 80 % chez la souris. De nouveaux traitements médicamenteux sont en cours d’évaluation, selon l’OMS.

« La conception d’un traitement qui permette de passer la phase aiguë, qui dure quelques jours, est une priorité, assure le chercheur Hervé Raoul, qui dirige le laboratoire P4 de Lyon, le plus important d’Europe consacré à l’étude des agents pathogènes dangereux et très contagieux. Pour y parvenir, il faudra consacrer plus d’argent à ces programmes de recherches, mais il faudra aussi accorder plus d’aide aux pays frappés par l’épidémie pour qu’ils puissent mettre en œuvre les politiques sanitaires adéquates. »
◾Comment se protéger contre le virus Ebola ?
L’OMS et les CDC ont publié sur leurs sites Internet les mesures et précautions à prendre pour se protéger de ce virus. Les personnes vivant dans des zones où Ebola est endémique doivent éviter tout contact rapproché avec des patients infectés et se laver régulièrement les mains après avoir rendu visite à des parents malades. Les personnes mortes de cette infection doivent être enterrées rapidement, et l’entourage doit limiter les contacts avec la dépouille. L’OMS recommande également d’éviter de consommer de la viande de brousse.

Les personnels soignants, qui doivent être formés pour reconnaître rapidement les cas d’Ebola, doivent se protéger en portant des blouses, masques sanitaires, lunettes de protection et gants lors des contacts proches, et se laver régulièrement les mains avant et après un contact avec tout patient qui a de la fièvre. Les patients qui présentent des symptômes doivent être mis en quarantaine. Enfin, les équipements médicaux doivent être stérilisés et désinfectés très régulièrement.


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