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Selon Jaccéus Joseph

Le CEP ne doit pas attendre qu’il soit trop tard avant de porter les correctifs

samedi 14 novembre 2015

« Dans ma vie pratique, je ne m’engage dans rien qui ne soit pas clair », a-t-il avancé tout de go pour justifier sa position dissidente. Il prétend n’avoir pas eu toutes les informations sur le processus ayant conduit aux résultats au Centre de tabulation. « Les résultats n’ont pas été suffisamment clairs », soutient Jaccéus Joseph. Dans une conversation avec le directeur du centre de tabulation Widmark Matador, il rapporte que ce dernier lui a laissé comprendre qu’il n’avait pas eu assez de temps pour vérifier les fraudes qui ont été dénoncées par des organismes d’observation électorale et que toutes les techniques d’épuration du processus électoral n’ont pas été utilisées. Il déplore que les critiques formulées par des organismes d’observation électorale n’aient pas été élucidées. « Il aurait été préférable de retarder la publication des résultats et prendre un peu plus de temps pour vérifier toutes les fraudes qui ont été signalées », pense Jaccéus Joseph, dénonçant l’opacité du Centre de tabulation. « Il faut que tout ce qui s’y fait soit clair, recommande le représentant du secteur des droits humains au niveau du Conseil électoral provisoire. En vue de mettre en confiance les différents acteurs concernés par les élections et de les rassurer sur la crédibilité du processus. » Jaccéus Joseph invite ses pairs à faire de la communication un élément incontournable. « Cette communication doit viser les acteurs politiques aussi bien que les organismes d’observation électorale, préconise-t-il. Si les acteurs ne sont pas en confiance on n’ira nulle part », souligne-t-il. Si le Conseil électoral provisoire n’avait pas encore réagi vendredi matin par rapport à la proposition des sept candidats à la présidence ayant exigé la formation d’une commission d’enquête indépendante avec entre autres missions d’épurer le processus électoral, Jaccéus Joseph n’y voit, non sans nuance, aucun inconvénient. « Il n’y a rien de grave dans l’approche des acteurs qui réclament des clarifications sur ce qui s’est passé le 25 octobre ». Ces propositions, dit-il, ne peuvent pas contrarier le processus. Elles ont rapport à la transparence et la légitimité du processus ainsi que des élus qui sortiront de ces élections, explique-t-il tout en souhaitant que les juges électoraux puissent permettre aux personnes concernées de pouvoir vérifier les procès-verbaux au Centre de tabulation et apporter les corrections nécessaires. Priorisant l’approche juridique aux dépens de l’approche politique qui, selon lui, caractérise la demande des sept candidats à la présidence, Jaccéus Joseph pense que profitant des contestations de Maryse Narcisse et de Vilaire Cluny Duroseau, le Conseil électoral provisoire peut permettre que ce travail de vérification soit effectué au niveau du Centre de tabulation. « Le CEP ne doit fermer totalement les portes à cette question de vérification, ce qui peut conduire à des résultats capables de satisfaire tous les acteurs », répète-t-il. Le conseil ne doit pas attendre qu’il soit trop tard avant de porter les correctifs, lance le conseiller, qui se dit prêt à signer les résultats définitifs des élections présidentielle et législatives au cas où ses suggestions seraient prises en compte par ses pairs. Objet de menaces et de pressions Pour n’avoir pas signé les résultats, Jaccéus Joseph laisse entendre qu’il reçoit régulièrement des appels de la part de certains individus qui le menacent. Une situation qui ne daterait pas d’hier. « Je suis l’objet de menaces depuis après ma prestation de serment au Conseil électoral provisoire en mars dernier. J’ai échappé à une attaque, toute suite après ma première tournée pour le Conseil électoral provisoire », se souvient l’avocat qui n’est pas en mesure de préciser la provenance des menaces. Jaccéus Joseph n’est pas en mesure non plus d’indiquer si le Conseil électoral provisoire fonctionne en toute indépendance et sans interférence de l’exécutif.« Je n’ai pas la réponse à cette question. Elle devrait être adressée à chaque conseiller, esquive-t-il. Mais en ce qui me concerne, poursuit-il, je suis totalement indépendant. J’assume avec toutes ses conséquences mon engagement dans l’intérêt du peuple haïtien », affirme-t-il. Evitant de répondre à une question sur les climats des rencontres entre les conseillers électoraux avec notamment le président de la République, Jaccéus Joseph a cependant indiqué ’’qu’il ne prend pas de pression quand il s’agit de défendre les intérêts du peuple haïtien’’. « Dépendamment des individus, ils peuvent vivre leur relation avec le pouvoir d’une façon ou d’une autre mais moi je fais tout ce que je peux pour préserver mon engagement », déclare Jaccéus Joseph, qui se dit prêt à « finir sur une pile d’immondices au lieu de prendre l’exil ». Il réaffirme sa position à continuer à vivre dans le pays malgré les menaces et les pressions. Savoir ce que ses collègues pensent de lui à cause de sa position n’est que le cadet de ses soucis. Jaccéus Joseph, qui ne souhaite que l’amélioration du processus, continue à se rendre à son bureau pour y accomplir sa tâche normalement , selon ce qu’il a fait savoir.


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