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Je me souviens de Charles de Gaulle

mercredi 2 décembre 2015

Je me souviens de Charles de Gaulle. Ce n’est certes pas parce que nous sommes le 22 novembre, date à laquelle il ouvrit les yeux pour la première fois. Je le connais par cœur depuis longtemps, mais il arrive que son jour anniversaire m’interpelle en cette année de tous les dangers et de toutes les folies inconcevables… Au dernier tiers du mois de tous les Saints et de tous les morts, nous sommes entrés, nous Haïtiens, dans les premières vagues des bourrasques de la violence, qui, bientôt, se révéleront innommables. Hélas !
Pardonnez-moi le verbe qui ne fait pas partie de mon vocabulaire : le leadership a foutu le camp à l’heure où il aurait été d’un si grand secours contre l’extrême dégénérescence nationale. Il y a belle lurette qu’une voix aurait dû naître et s’élever pour susciter la renaissance d’une société moribonde, laquelle ne sait plus épeler l’échelle des valeurs de civilisation ou de socialisation.
Que je me souvienne de Charles de Gaulle en un si beau dimanche est un signe des temps. L’Histoire va-t-elle frapper à la porte de quelques hommes d’action et/ou de génie ? On dirait que ça en a l’air.
Nous sommes plus qu’à la croisée des chemins : nous nous acheminons à coup sûr vers la croisée des événements capitaux qui détermineront l’histoire des cinquante prochaines années, peut-être des cent prochaines ; nous avons accumulé tant de retards et de bêtises, tant de surdité et d’aveuglement, tant de mensonges et de faux- semblants.
J’ai déjà annoncé, au printemps, dans ‘’La Voix du Patriote” (in Le Nouvelliste), le retour de Jean-Jacques Dessalines. Et là, nous évoquions une réalité à venir bien plus importante que le triomphe d’un parti : nous parlions de la régénérescence d’Ayiti et de son peuple. Le tableau de toutes les laideurs de la déchéance sociopolitique et de la chute vertigineuse de l’Etat d‘Haïti, représente le cadre idéal pour la fécondation de nouveaux héros et de nouveaux hommes d’Etat.
La refondation de l’Etat d’Ayiti et la reconstruction effective de la société haïtienne ne peuvent se concevoir et se réaliser qu’avec des modèles de leadership qui rappellent la haute tenue morale de Charles de Gaulle, d’Anténor Firmin ou de Lysius Félicité Salomon.
Je me souviens de Charles de Gaulle alors que ma mémoire de citoyen me ramène aux inquiétudes de l’Oncle, au début du vingtième siècle, face à l’inconsistance et à l’incohérence de nos élites. Mais tiens ! tiens ! Pourquoi ‘’La Vocation de l’Elite’’ de Jean Price-Mars ne fait-elle pas partie des œuvres figurant au programme d’examens au baccalauréat haïtien ? Au ministre de l’Education d’aujourd’hui, et aux autres à venir, il est ardemment recommandé de combler cette incroyable lacune en ces années caractérisées par une effarante carence de civisme.
Je me souviens de Charles de Gaulle… en ces temps où la France ne sait plus être la France…, en cette saison où l’ONU ne se présente plus que comme ‘’un grand machin’’ qui se met un peu trop souvent au service des ‘’fantaisies’’ américaines"… ,Nous n’avons plus ces chanceliers haïtiens comme George Salomon, grand prince de la Diplomatie á Washington. Le Togo se souvient de lui puisqu’il doit son indépendance aux talents et aux lumières de l’illustrissime ambassadeur. Quel homme d’Etat, mon Dieu, que celui-là !
A l’heure de la fin du règne du président Jean-Claude DUVALIER, en 1986, l’ambassadeur MACMANAWAY (des Etats-Unis d’Amérique) avait été littéralement fasciné autant par la stature que par la dimension de mon grand-cousin George Salomon, pourtant homme d’une immense simplicité et d’une incomparable discrétion.
Un pays en très mauvais état a forcément besoin d’hommes en très bon état pour le relever, pardon ! pour le tirer du fond des abysses où l’ont plongé les misères de l’immoralité tous azimuts. Toute la magie, toute l’efficacité ne peut venir que des hommes pétris des plus hautes valeurs socio-morales. Ce n’est plus le schéma politique ‘’classique’’ qui doive compter, mais le charisme, la lumière et l’énergie fulgurante ou transformatrice.
Je me souviens de Charles de Gaulle. A l’AYITI à renaître, il faut un homme qui ressemble à la fois à celui que je considère comme le plus grand homme d’Etat du vingtième siècle, à Maître Anténor Firmin qui fit ce que personne n’a jamais fait au sommet de la République (sauver le Môle Saint-Nicolas de la convoitise américaine et représenter avec un succès remarquable tout le gouvernement Hyppolite et le président !), enfin au président progressiste Lysius Félicité Salomon qui hissa la gourde au niveau de la parité avec le dollar américain. Chose qu’il fit en deux moments de l’histoire : en tant que ministre des Finances sous l’empereur Faustin Soulouque (en moins de six mois), et sous son propre règne quand il occupa le sommet de l’Etat.
Charles de Gaulle s’était souvenu, en 1940 comme en 1944 et 1958, des ressources insoupçonnées du génie national. Souvenons-nous, nous autres, des valeurs impérissables sur lesquelles se fondent les nations souveraines et les Etats qui prospèrent !
La mémoire doit servir à la vocation des élites. La Presse haïtienne rendrait un service inestimable à l’histoire en publiant des tranches de l’œuvre ‘’La Vocation de l’Elite’’ du docteur Jean Price-Mars, et en provoquant ou en animant des débats sur l’important sujet.
L’avenir et la nation en veilleuse attendent que les médias haïtiens jouent pleinement leur rôle dans la conscientisation de notre jeunesse… et de nos élites qui ont besoin d’aller à l’école.
Jean Claude D. CHERY
12h01p.m. / 22novembre 2015
Bibliothèque SOCRATE-FIRMIN
Delmas 19/ AYITI


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