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ÉDUCATION

Le numérique au service de la formation des enseignants

mercredi 9 décembre 2015

Toujours dans la sempiternelle logique de « réinventer le système éducatif », directeurs d’établissements, inspecteurs, opérateurs de téléphonie mobile… se réunissent les mardi 8 et mercredi 9 décembre aux fins de discuter, palabrer et envisager une nette appropriation, par les enseignants, des nouveaux outils et les opportunités d’innovation pédagogique offertes par le numérique, sous la houlette du ministère de l’Éducation nationale et de la Formation professionnelle, conjointement avec l’ambassade de France en Haïti et le Centre international d’études pédagogiques (CIEP).

À Marriott, ce mardi, l’exhibition des tablettes a la part belle. Les prouesses rhétoriques aussi. La question de la requalification des enseignants est sur toutes les lèvres. La réforme de l’éducation, ce n’est pas seulement une ingénierie du curriculum, encore moins la livraison des permis d’enseigner, elle est un tout, « une course de fond », comme l’a indiqué Élisabeth Béton Délègue, l’ambassadeur de France en Haïti. À ceux qui claironnent que le pays a des difficultés à reformer son éducation, son système politique, elle en prend le contre-pied. « Oui, la réforme est possible en Haïti », analyse la diplomate, rappelant que ce symposium est le fruit d’ « un partenariat renforcé dans l’éducation » et ce sont « les paroles qui se traduisent par les actes ». Qu’à cela ne tienne, le nœud gordien du système éducatif haïtien réside dans la rareté et la qualité médiocre des ressources humaines. Le pays souffre d’un déficit énorme d’enseignants et ceux qui sont en poste sont peu outillés pour relever le défi. En 2014, le MENFP annonçait que 85% des 150 000 enseignants recensés ne disposaient pas toujours des compétences requises. Alors, quand le ministre de l’Éducation nationale affirme que les approches traditionnelles ne conviennent plus dans le processus d’apprentissage, il sait de quoi il parle. « C’est très important de s’atteler à réinventer un ‘’tout autre système’’ priorisant le numérique au Centre de la formation des enseignants », soutient Nesmy Manigat, dans une courte vidéo préenregistrée, parce que pris dans l’engrenage d’une réunion du board de partenariat mondial pour l’éducation à Dakar. On ne saurait parler de refonte de la chaîne éducatrice sans que les enseignants ne soient pas à même de manier les Technologies de l’information et de la communication (TIC) et en profiter. Les différents acteurs, partenaires qui se sont attablés pendant ces deux jours pour partager des expériences sur la question et d’en dégager des perspectives n’en disconviennent point. « Il faut changer de paradigmes, il faut changer de modèles… », répète Nesmy Manigat dans une anaphore dont il semble avoir le secret. Sans fard, il croit que c’est un effort à visées systémique, holistique et innovante qui est désormais engagé ; lui qui rappelle qu’en ce sens, moult initiatives ont été déjà prises, de manière éparse. « Ces assises sont de nature à les converger, les intégrer dans un dispositif cohérent pouvant permettre l’amélioration effective des apprentissages. » « Qui dit qualité de l’éducation dit formation des enseignants, que ce soit en formation initiale ou continue », explique Élisabeth Béton Délègue, comme pour insinuer que la route est encore longue, d’autant que les maîtres, les enseignants bien formés ne sont pas aussi nombreux que les établissements scolaires. Comme d’autres, elle croit que « le numérique est un véhicule qui permet de multiplier nombre d’enseignants à former, nombre d’élèves à éduquer ». « Ces discussions constituent le premier pas d’un voyage de 1 000 kilomètres », glisse Guy Serge Pompilus, directeur de la formation professionnelle au MENFP, soulignant la nécessité à ce qu’on relève le défi de l’évolution technologique. Les envolées oratoires s’ensuivent et se ressemblent. Magalie Georges, de la Confédération nationale des éducateurs (CNEH), a, quant à elle, mis l’emphase sur l’urgence de « repenser le métier d’enseignant ». Former 1 500 enseignants sur deux ans, définir la façon dont les nouvelles technologies de l’information peuvent être mises à leur profit et produire un document de référence avec des recommandations et des termes de référence qui définissent un nouveau profil de formateurs, capables de s’adapter à un environnement numérique de travail et d’en faire profiter les élèves sont, entre autres, les objectifs poursuivis par ces assises – tenues autour de la problématique de la « place du numérique dans la formation des enseignants » – qui s’inscrivent dans la droite ligne des douze mesures de Manigat appelées à remodeler, refonder et recadrer un système éducatif hétérogène, bref, mal en point.

Juno Jean Baptiste jjeanbaptiste@lenouvelliste.com


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