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L’opposition syrienne d’accord pour négocier, mais Assad doit s’en aller

jeudi 10 décembre 2015

Les principaux groupes de l’opposition syrienne ont annoncé jeudi à Ryad leur accord pour des négociations avec le régime de Bachar al-Assad mais ont exigé le départ du chef de l’Etat avec le début d’une éventuelle période de transition.

La conférence de Ryad, qui a rassemblé une centaine de représentants de l’opposition politique et armée, visait à unifier les rangs en vue de pourparlers pour mettre fin à un conflit qui a fait depuis 2011 plus de 250.000 morts et poussé à l’exode des millions de personnes.

L’accord a été annoncé à la veille d’une réunion sur la Syrie entre représentants de la Russie, des Etats-Unis et de l’ONU à Genève, une semaine avant une nouvelle réunion internationale prévue à New York.

Dans un communiqué final publié après deux jours de discussions à Ryad, les participants se sont dits "prêts à entrer dans des négociations avec des représentants du régime sur la base de la déclaration de Genève-1 (30 juin 2012) et des résolutions internationales pertinentes (...) dans un délai à convenir avec l’ONU".

La conférence de Genève-1 entre les grandes puissances avait évoqué une transition en Syrie, mais maintenu le flou sur le sort de M. Assad.

- "Mesures de confiance" -

A Ryad, les opposants ont réclamé que "Bachar et sa clique se retirent du pouvoir avec le début de la période de transition" politique. Là, ils ont lâché du lest alors qu’ils exigeaient jusqu’ici que M. Assad soit exclu de toute négociation en vue d’une transition.

Mais, avant toute négociation, ils ont également demandé que le régime prenne "des mesures de confiance".

Les opposants ont cité la libération de détenus, la suspension des condamnations à mort, la levée du siège des zones encerclées, l’acheminement de l’aide humanitaire, le retour des réfugiés et l’arrêt du bombardement des zones civiles avec des barils d’explosifs.

En vue d’éventuels pourparlers, la conférence de Ryad est parvenue à "un accord sur une vision unifiée d’un processus de règlement et sur (la formation) d’une instance suprême" pour superviser la délégation aux négociations, a dit Souheir al-Atassi, une dirigeante de la Coalition nationale, principale composante de l’opposition en exil.

Cette instance compterait 30 membres, dont le tiers accordé à des groupes armés, selon des participants.

Ce rassemblement inédit s’inscrit dans le cadre d’un processus diplomatique international visant à accélérer un règlement en Syrie, avec le danger croissant représenté par le groupe jihadiste Etat islamique (EI) qui sévit dans ce pays et a revendiqué récemment les attentats meurtriers à Paris et contre un avion russe.

- Retrait d’Ahrar Al-Cham ? -

Avant l’accord conclu à Ryad, Ahrar al-Cham, l’un des principaux groupes rebelles, a annoncé dans un communiqué son retrait de la conférence pour protester contre "le rôle essentiel" donné à "des personnalités liées au régime".

Cependant, selon d’autres sources, ce groupe islamiste aurait finalement signé le communiqué final. Aucune confirmation n’a pu être obtenue dans l’immédiat.

Les participants ont souligné leur "rejet du terrorisme sous toutes ses formes" et de la présence de "tous les combattants étrangers" en Syrie.

Avant la fin de la conférence, le secrétaire d’Etat américain John Kerry avait jugé que le dialogue se déroulait de manière "très constructive".

En revanche, l’Iran, allié au régime syrien, a dénoncé la réunion de Ryad.

Réunies pour leur sommet annuel également à Ryad, les monarchies du Golfe ont elles exprimé leur soutien à "un règlement politique" en Syrie. Mais le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir a répété que M. Assad devrait quitter le pouvoir.

Parallèlement à la réunion de Ryad, une vingtaine d’autres groupes, qui eux ne remettent pas en cause le régime Assad, se sont réunis mercredi à Damas. Une troisième rencontre a réuni des groupes kurdes et arabes de l’opposition dans le nord-est de la Syrie.

Un processus international de règlement en Syrie a été relancé fin octobre à Vienne par 17 pays —dont Etats-Unis, Russie, Arabie saoudite, Iran et puissances européennes— et trois organisations internationales.

Ces acteurs ont fixé un calendrier prévoyant une rencontre à compter du 1er janvier entre représentants de l’opposition et du régime, avant un cessez-le-feu, la formation d’un gouvernement de transition dans les six mois et l’organisation d’élections d’ici 18 mois.

Les seules négociations entre les principaux groupes de l’opposition et régime avaient eu lieu en janvier et février 2014 en Suisse et s’étaient soldées par un échec.


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