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La France et la Russie échangeront des "informations militaires"

lundi 21 décembre 2015

Le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian a rencontré son homologue russe Sergueï Choïgou lundi à Moscou, avec qui il a convenu de renforcer les échanges "d’informations militaires" dans la lutte contre le groupe Etat islamique (EI).

"Nous avons convenu de renforcer nos échanges dans le domaine de l’information militaire, à la fois sur le bilan de nos frappes et la localisation" des groupes terroristes, a déclaré M. Le Drian à la presse, précisant que cela se traduirait concrètement "par un rapprochement de nos services de renseignement militaire".

Parmi les priorités de cette rencontre bilatérale, la première entre les deux hommes depuis deux ans, la France et la Russie se sont également mises d’accord pour "renforcer les échanges de renseignements" sur les combattants étrangers présents sur le sol syrien, a précisé le ministre français qui a toutefois réfuté le terme d’alliance avec la Russie.

"Ce n’est pas s’allier, c’est se coordonner", a-t-il poursuivi en indiquant ne s’être entretenu avec Sergueï Choïgou que "des modalités militaires du conflit en Syrie".

Dans un communiqué, le ministère russe de la Défense a salué "une discussion pragmatique et franche".

"Il y a beaucoup de russophones dans Daech sur lesquels nous pouvons éventuellement avoir des informations et réciproquement, ils peuvent avoir des informations sur des francophones", avait relevé le ministre français avant de rencontrer M. Choïgou.

Les services secrets russes estiment que près de 2.900 Russes combattent pour des groupes jihadistes en Syrie et en Irak, principalement originaires de l’instable Caucase russe.

Une telle coopération avait été évoquée par le président François Hollande lors de sa visite à Moscou fin novembre, mais elle était restée depuis largement symbolique.

"Cette rencontre fait suite à l’entretien du 26 novembre entre nos deux présidents. Nous devons mettre en oeuvre un certain nombre d’orientations qui nous ont été données", a d’ailleurs déclaré le ministre français au début de sa rencontre avec M. Choïgou.

Le ministre russe a pour sa part expliqué que les deux pays devaient "préciser certains aspects relatifs à (leur) coopération tant sur terre que dans l’air", précisant qu’il y avait déjà eu "des entretiens entre marins russes et français en Méditerranée" dans la foulée des attentats de Paris, le 13 novembre. La Russie a en effet déployé une partie de sa flotte au large des côtes syriennes et la France avait envoyé son porte-avion nucléaire Charles de Gaulle.

"Nous n’avons pas forcément les mêmes objectifs en Syrie mais au moins un objectif commun, éradiquer Daech", a souligné une source dans l’entourage du ministre français.

- ’Intensifier’ et ’coordonner’ -

La France vient de déployer son porte-avions Charles de Gaulle dans le Golfe, avec 26 chasseurs-bombardiers à bord, pour aller frapper l’EI en Irak et Syrie. Elle en compte douze autres stationnés en Jordanie et aux Émirats arabes unis.

La visite de M. Le Drian à Moscou s’inscrit dans le prolongement de celle de François Hollande, qui a rencontré son homologue Vladimir Poutine le 26 novembre pour tenter de bâtir une coalition élargie anti-EI au lendemain des attentats de Paris.

Les deux dirigeants avaient alors convenu "d’intensifier" et "coordonner" les frappes aériennes de leurs deux pays contre l’EI, notamment contre le transport de produits pétroliers finançant le groupe, et d’échanger du renseignement.

Les bombardements russes visant l’EI ont depuis augmenté mais ils restent centrés à 80% sur le reste de la rébellion sur le front ouest, dont des groupes modérés soutenus par les Occidentaux, selon des sources militaires françaises.

La coordination entre les deux armées, aux traditions et cultures diamétralement opposées, est aussi demeurée depuis symbolique, visant surtout à éviter les incidents aériens.

C’est seulement la deuxième rencontre entre M. Le Drian et M. Choïgou dans un cadre bilatéral, les relations entre les deux ministres ayant été gelées après l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie en mars 2014.

La France a aussi annulé la livraison de deux bâtiments de guerre de type Mistral à la marine russe en raison du conflit ukrainien et du soutien présumé de Moscou aux rebelles prorusses.

Dans un tournant inédit depuis le début du conflit syrien, le Conseil de Sécurité de l’ONU a adopté vendredi à l’unanimité un résolution ouvrant la voie à un cessez-le-feu et à de véritables négociations de paix même si certains désaccords restent entiers, notamment sur le sort de Bachar al-Assad.


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