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Kaboul : attentat-suicide contre un restaurant français, 2 morts

vendredi 1er janvier 2016

Les rebelles talibans afghans ont revendiqué l’attaque de cet établissement, prisé des étrangers. Deux Afghans, dont un garçon de 12 ans, ont été tués.

Deux Afghans, dont un garçon de 12 ans, ont été tués et 15 autres blessés vendredi à Kaboul lors d’un attentat-suicide revendiqué par les talibans contre un restaurant français prisé des étrangers, à dix jours d’une réunion visant à relancer les négociations avec les insurgés. Les talibans, qui ont accentué leur insurrection depuis le printemps, sont coutumiers des attentats-suicides contre des symboles de la présence étrangère en Afghanistan, que ce soient des restaurants, des maisons d’hôtes ou, le plus souvent, les quelque 13 000 soldats de l’Otan déployés dans le pays.

L’attentat-suicide de vendredi visait Le Jardin, un restaurant de cuisine française appartenant à un Afghan, situé dans le quartier de Qala-e-Fatullah. "Ce soir (vendredi), une attaque a été menée contre un restaurant d’envahisseurs étrangers", a indiqué sur Twitter Zabiullah Moudjahid, porte-parole habituel des insurgés. Le porte-parole de la police judiciaire de Kaboul, Fraidoun Obaïdi, et une source occidentale ont confirmé que la cible était bien Le Jardin. "Deux Afghans ont été tués et 15 autres blessés", a indiqué à l’Agence France-Presse Fraidoun Obaïdi. Dans un tweet, l’ONG italienne Emergency, qui dispose d’un hôpital au centre de Kaboul, a précisé que l’une des personnes tuées était un garçon de 12 ans.

Un cordon de police a été érigé autour du site et de la fumée provenant du restaurant s’élevait dans le ciel, selon un photographe de l’Agence France-Presse. La déflagration a causé un énorme incendie à l’entrée de l’établissement. L’entrée du Jardin est fortement sécurisée. Plusieurs sas et des hommes armés en protègent l’accès. L’établissement propose une cuisine d’inspiration française et est populaire auprès de la communauté étrangère de Kaboul qui compte notamment des diplomates, des journalistes et des employés d’ONG.

Les étrangers souvent visés

Mais les talibans considèrent les étrangers présents en Afghanistan comme des "envahisseurs". En janvier 2014, le restaurant libanais La Taverne du Liban, dans le centre de Kaboul, avait été visé par les insurgés. Au total 21 personnes, dont 13 étrangers, avaient été tuées. Un peu moins d’un an plus tard, le 11 décembre 2014, un taliban s’était fait exploser près d’une foule qui assistait à une pièce de théâtre au centre culturel français, faisant un mort et plus d’une quinzaine de blessés. Le centre est depuis fermé.

L’attentat de vendredi, que le président afghan Ashraf Ghani a "fermement condamné", survient un peu plus d’une semaine avant une importante réunion quadripartite entre la Chine, les États-Unis, le Pakistan et l’Afghanistan, destinée à dresser une feuille de route pour reprendre les négociations de paix avec les rebelles talibans, interrompues l’été dernier. Cette réunion doit avoir lieu le 11 janvier au Pakistan.

Les talibans durcissent leur insurrection

Kaboul estime ne pas pouvoir se passer de son voisin pakistanais pour relancer des pourparlers de paix moribonds destinés à mettre fin à l’insurrection des talibans qui dure depuis la chute de leur régime en 2001. Le Pakistan avait accueilli cet été sur son sol des pourparlers inédits entre le gouvernement afghan et les talibans, sous l’égide de la Chine et des États-Unis. Un deuxième round devait avoir lieu dans la foulée, mais il a été suspendu sine die après l’annonce de la mort du mollah Omar, fondateur du mouvement taliban.

Après une amorce de rapprochement avec Islamabad au début de son mandat l’an dernier, le président afghan Ashraf Ghani a accusé cet été le Pakistan d’être derrière une série d’attentats meurtriers à Kaboul. Mais au début du mois, Ashraf Ghani s’est rendu à un sommet régional à Islamabad. Il a rencontré le Premier ministre Nawaz Sharif et dit sa volonté de reprendre le dialogue avec les talibans.

Les insurgés ont étendu leur combat à l’ensemble de l’Afghanistan depuis le printemps et ne se contentent plus d’affronter les forces de sécurité afghanes dans leurs fiefs de l’est et du sud du pays. Ils ont ainsi réussi à envahir puis à tenir la grande ville de Kunduz, au nord du pays, pendant trois jours fin septembre. D’après des analystes, les talibans durcissent leur insurrection pour arriver en position de force lors d’éventuelles négociations.


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