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La plus grande ville chrétienne d’Irak tombe aux mains des djihadistes

jeudi 7 août 2014

Les djihadistes de l’État islamique se sont emparés jeudi matin de la ville de Qaraqosh, abandonnée in extremis par les combattants kurdes. Les habitants fuient par dizaines de milliers vers le Kurdistan.

« Le désastre est arrivé ». La voix de Mgr Casmoussa, ancien archevêque de Mossoul actuellement réfugié au Liban, tremble au téléphone. Mercredi soir un peu avant minuit, l’archevêque syriaque catholique des villes irakiennes de Mossoul et de Qaraqosh, Mgr Petrus Moshee, a reçu un appel du commandant des forces kurdes à Qaraqosh. Il l’avertissait que ses combattants peshmergas allaient abandonner les postes de combat de celle qui est devenue la plus grande ville chrétienne d’Irak depuis que Mossoul a été vidée de ses chrétiens. Quelques heures plus tard, les djihadistes de l’État islamique se sont emparés de la ville, qu’ils avaient déjà brièvement occupée fin juin, avant d’être repoussés par les Kurdes. Selon le témoignage du patriarche chaldéen Louis Sako, les islamistes retiraient les croix des églises.

Des réfugiés jetés par dizaines de milliers sur les routes

Au petit matin, la ville s’est vidée de ses habitants. Des témoignages concordants affirment que femmes, enfants et vieillards sont sur les routes par une chaleur étouffante, près de 55 degrés. Les réfugiés de Mossoul, qui s’étaient réfugiés à Qaraqosh en juin, évacuent également la plaine de Ninive. Ils convergent tous vers Erbil, la capitale de la région autonome du Kurdistan irakien. Aux check-points, les fuyards sont contraints d’abandonner leurs véhicules : les Kurdes craignent les voitures piégées. Selon les sources, entre 100.000 et 200.000 personnes sont actuellement sur les routes.

La vague de déplacés qui devrait arriver dans la journée au Kurdistan causera un nouveau désastre humanitaire pour la région autonome, qui a déjà accueilli les minorités cibles de l’offensive djihadiste sunnite lancée en juin.

Les djihadistes accélèrent leur conquête du Nord de l’Irak

La prise de la plaine de Ninive par l’État islamique (EI) est une surprise totale, alors que le gouvernement fédéral irakien a accordé un appui aérien au Kurdistan malgré des tensions fortes entre Bagdad et Erbil.

Mercredi, les Kurdes ont tenté une offensive par le nord de Mossoul pour reprendre la ville tombée en juin dernier aux mains des djihadistes. Pendant ce temps, les combattants de Da’ech -abréviation d’État islamique- en ont profité pour attaquer la plaine de Ninive en passant par le sud de Qaraqosh. Les peshmergas ont manqué de se faire encercler mais ils ont réussi à fuir la ville en urgence cette nuit, abandonnant leurs positions dans la majeure partie des villages de la plaine de Ninive : Qaramless, Bartalla, Ba’ashika, Tell Kef, Al Qosh, Tel Eskof et Batnaya, rapporte le président de Fraternité en Irak.

Le Gouvernement régional du Kurdistan ne cache pas son inquiétude. Selon un responsable, tous les diplomates présents à Erbil étaient invités mercredi soir par le président Massoud Barzani, très préoccupé par la situation. Le premier ministre kurde Nechirvan Barzani -neveu du président- a tweeté dans l’après-midi un message en anglais : « Nous défendons maintenant notre terre sacrée du Kurdistan contre les terroristes. Nous frapperons les terroristes avec une main de fer ».
Après les événements de jeudi et la prise dimanche dernier de la ville kurde de Sinjar, proche de la frontière syrienne, la possibilité d’une offensive djihadiste contre Erbil et Kirkouk, en vue de la conquête du Kurdistan irakien n’est plus du tout exclue. Les combattants de l’État islamique sont actuellement à 30 kilomètres de la capitale de la région autonome, soit 20 minutes en pick-up...


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