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Violences à Cologne : le nombre de plaintes explose, Merkel infléchit sa politique

dimanche 10 janvier 2016

Le nombre de plaintes pour violences lors de la nuit du Jour de l’An à Cologne (ouest de l’Allemagne) a explosé, selon le décompte publié dimanche par la police, accroissant la pression sur Angela Merkel et son ouverture envers les réfugiés.

Quelque 516 personnes ont porté plainte, dont environ 40% pour des faits d’agression sexuelle, a indiqué la police de Cologne, qui avait fait état de 379 plaintes la veille.

Dix-neuf personnes sont pour l’instant considérées comme suspectes, a indiqué sans autre détail la police locale, qui a aussi procédé à l’arrestation d’un Marocain de 19 ans soupçonné de vol de téléphones portables le soir de la Saint-Sylvestre.

Alors qu’une certaine confusion règne depuis la révélation tardive de ces violences, avec des communications distinctes de la police fédérale et de la police locale, le ministère de l’Intérieur avait lui vendredi indiqué que des vérifications étaient faites par la police fédérale sur 32 "suspects", dont 22 demandeurs d’asile, pour des violences et des vols.

La police locale, dont le chef a été mis à pied vendredi après de nombreuses critiques notamment sur une communication très tardive et limitée, avait affirmé samedi que les personnes sur lesquelles elle enquêtait étaient "originaires en grande partie de pays d’Afrique du Nord" et "en grande partie des demandeurs d’asile et des personnes se trouvant en Allemagne illégalement". Cela n’a pas été répété dans le communiqué de dimanche.

"Quand une telle horde se rassemble pour enfreindre la loi, cela paraît sous une forme ou une autre planifié", a considéré dimanche le ministre de la Justice, le social-démocrate Heiko Maas.

La nuit de la Saint-Sylvestre a également été le théâtre d’actes de violence à Hambourg, où quelque 133 plaintes, notamment pour agression sexuelle, ont désormais été déposées, a parallèlement indiqué dimanche la police de cette ville du nord de l’Allemagne. Son porte-parole a précisé que les descriptions faites par les plaignantes des auteurs des faits étaient "diverses", évoquant des hommes "d’apparence africaine, arabe et sud-européenne".

- "Gages de fermeté" -

L’émoi provoqué en Allemagne par ces violences qui pourraient donc impliquer des réfugiés a contraint la chancelière allemande Angela Merkel à restreindre un peu plus sa politique d’ouverture à l’égard des réfugiés, afin de ne pas risquer de s’aliéner l’opinion avant les élections législatives de 2017 à l’issue desquelles elle devrait prétendre à un quatrième mandat de quatre ans à la chancellerie.

"Cologne a tout changé, les gens doutent", a résumé un des caciques du parti conservateur de la chancelière, Volker Bouffier.

Un sondage Forsa publié dimanche soir pour la chaîne de télévision RTL indique tout de même que l’avis sur les étrangers de 60% des personnes interrogées n’a pas changé après Cologne, mais 37% ont une opinion plus négative.

Alors qu’elle avait réussi en décembre à pacifier son parti conservateur, Angela Merkel cherche désormais donner des gages aux partisans de la fermeté.

Laissant de côté son slogan "Wir schaffen das" ("Nous y arriverons !"), elle a annoncé ce week-end un durcissement à venir du régime d’expulsion des demandeurs d’asile condamnés en justice, même avec sursis, et parlé d’un "devoir d’intégration" pour les immigrés.

Son ministre de l’Intérieur Thomas de Maizière veut lui renforcer la présence policière dans la rue et accroître la vidéo-surveillance.

- "Dimension politique" -

"La situation peut dégénérer très vite pour Merkel au sein de la CDU car les résistances et la nervosité grandissent", analyse pour l’AFP Andreas Rödder, professeur d’histoire contemporaine à l’université de Mayence.

S’il refuse toujours de fermer les frontières ou de limiter le nombre de migrants, le gouvernement allemand a cherché ces dernières semaines à rendre le droit d’asile national moins attrayant pour les candidats du Moyen-Orient, d’Afghanistan ou d’Afrique du Nord. Après les Balkans occidentaux fin 2015, l’Algérie et le Maroc pourraient bientôt rejoindre les pays dit sûrs, dont les ressortissants ne peuvent prétendre à l’asile.


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