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Levée des sanctions : l’Iran récupère 32 milliards de dollars d’avoirs bloqués

mardi 19 janvier 2016

L’argent public était bloqué à l’étranger par l’ONU, les États-Unis et l’Union européenne pour obliger l’Iran à limiter son programme nucléaire.

Source AFP

Avec la fin des sanctions économiques et financières à la suite de l’entrée en vigueur de l’accord nucléaire, l’Iran prévoit de récupérer 32 milliards de dollars d’avoirs bloqués dans les banques internationales. Dans une première réaction à l’annonce samedi de la mise en oeuvre de cet accord, le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, s’est félicité de la fin d’une partie des sanctions, tout en insistant sur la nécessité de "ne pas relâcher l’attention face à la duperie des États-Unis".

"Avec la levée des sanctions et l’entrée en vigueur de l’accord nucléaire, 32 milliards de dollars d’avoirs bloqués seront libérés", a annoncé le président de la banque centrale, Valiollah Seif, cité mardi par la télévision d’État. Cet argent public est bloqué dans des établissements bancaires à l’étranger depuis l’imposition des sanctions par l’ONU, les États-Unis et l’Union européenne pour obliger l’Iran à limiter son programme nucléaire.

De l’argent utilisé pour les importations

Auparavant, Washington avait gelé en 1979 les avoirs iraniens dans les banques américaines et leurs filiales après la prise d’otages à l’ambassade des États-Unis à Téhéran. Selon l’accord nucléaire conclu entre Téhéran et les grandes puissances en juillet 2015, la levée de l’intégralité des sanctions sera échelonnée sur dix ans. Valiollah Seif a précisé que 28 des 32 milliards de dollars viendront s’ajouter aux avoirs de la banque centrale, tandis que les quatre milliards restants seront transférés au Trésor.

Le président de la banque centrale a indiqué que "cet argent peut être utilisé pour importer des biens nécessaires". "Il n’est pas rationnel de ramener cet argent en Iran (...) Ces avoirs libérés seront placés dans des comptes sûrs" dans les banques étrangères, a-t-il ajouté. Le chiffre annoncé par Valiollah Seif est inférieur aux montants jusqu’à présent évoqués qui allaient jusqu’à 100 milliards de dollars d’avoirs débloqués.

Appel à un effort contre "la récession et le chômage"

Les autorités ont également annoncé le retour de l’Iran au sein du système bancaire international SWIFT et l’ouverture de 1 000 lettres de crédit par des banques étrangères, autant de mesures qui vont permettre à l’Iran de réintégrer l’économie mondiale. Le président Hassan Rohani a appelé mardi à un effort général pour régler les problèmes économiques et sociaux du pays, à savoir "la récession et le chômage".

"La tâche difficile dans le domaine économique commence à partir d’aujourd’hui", a précisé Hassan Rohani dans un discours diffusé en direct par la télévision d’État. "Aujourd’hui est un commencement. Le commencement d’un jeune innocent qui était enchaîné injustement depuis 12 ans", a-t-il ajouté devant des acteurs économiques, en faisant allusion aux sanctions internationales.

Plongée du pétrole

"Les sanctions n’existent plus mais il y a encore un long chemin jusqu’au développement économique. Aujourd’hui, nos principaux problèmes sont le chômage et la récession." Le président iranien a de nouveau insisté sur le fait que le pays manquait de moyens pour développer l’économie. "Les moyens intérieurs ne sont pas suffisants (...) Le développement économique sans investissements étrangers est impossible."

Il a répété que l’Iran avait besoin de "50 milliards de dollars d’investissements étrangers" par an pour assurer une croissance économique de 8 %. Mais la chute du prix du pétrole, tombé sous les 30 dollars, handicape particulièrement l’action du gouvernement. L’or noir a plongé lundi à des niveaux qu’il n’avait plus atteints depuis 2003, après l’annonce par l’Iran d’une augmentation de sa production pétrolière de 500 000 barils par jour.

Un investissement majeur de l’Union européenne ?

Membre de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), la République islamique produit actuellement 2,8 millions de barils par jour et en exporte un peu plus d’un million. L’Iran a également annoncé une autre augmentation de production de 500 000 barils dans six mois, ce qui pourrait accentuer encore la tendance baissière du prix du baril. Mais Téhéran compte sur l’élan de ses relations avec le monde pour obtenir des investissements étrangers.

La chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini a annoncé lundi qu’elle se rendrait, avec des responsables de la Commission européenne, en Iran au printemps pour améliorer la "coopération pratique". "La mise en oeuvre de l’accord nucléaire est un tournant" qui "ouvre la voie à un investissement majeur de l’Union européenne dans nos relations bilatérales" avec l’Iran, a-t-elle dit à Bruxelles.


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