MosaikHub Magazine

IRAK. Ville par ville, l’inexorable avancée de l’Etat Islamique

jeudi 7 août 2014

L’EI poursuit avec toujours autant de détermination son objectif d’instaurer un califat islamique, mettant en fuite des centaines de milliers de civils.

Ce sont de larges pans du territoire irakien qui vivent désormais à l’ombre du drapeau noir des djihadistes de l’Etat islamique. L’EI poursuit son objectif d’instaurer un califat islamique à cheval entre l’Irak et la Syrie. Quasiment la totalité des territoires sunnites vivent désormais sous le joug de l’EI, poussant des milliers de personnes à fuir les diktats et les violences menés par les hommes du "calife Ibrahim", Abou Bakr al-Baghdadi.

Les villes prises par les djihadistes

La première victoire de taille des djihadistes est Falloujah en janvier dernier. A 60 kilomètres à l’ouest de Bagdad, la prise a une portée symbolique très forte : la ville est alors le bastion de l’insurrection contre la présence américaine. Après un premier essai raté au printemps 2004, il avait finalement fallu trois semaines aux Etats-Unis pour reprendre cette cité en novembre de la même année.

Dix ans plus tard, après Falloujah et plusieurs secteurs de la province occidentale d’al-Anbar à majorité sunnite, les djihadistes avancent très rapidement, le long de l’Euphrate, et s’emparent de plusieurs quartiers de Ramadi (capitale d’Al-Anbar d’où s’est propagée la protestation sunnite contre le gouvernement de Maliki et qui a accéléré les velléités d’EI), de Al-Qaïm, de Rawa, de Anah, notamment.

Parallèlement au renforcement des prises dans la province d’al-Anbar, c’est le long du Tigre, à partir du nord du pays qu’une nouvelle avancée est entreprise. Kirkouk, Salahedinne et Mossoul, la deuxième ville du pays, tombent. Cette avancée permet à l’EI d’asseoir son contrôle sur cette zone qui relie Mossoul à la frontière syrienne et, au-delà, aux territoires syriens sous son contrôle. Les extrémistes sunnites ont non seulement pris le contrôle d’une place forte mais c’est toute la province pétrolière de Ninive au nord, frontalière de la Syrie (à l’ouest) qui est entre leur mains fin juin, dont Tikrit (le 11 juin), la région natale de Saddam Hussein, mais aussi Tal Afar (après deux jours de combats) et son aéroport.


Al-Adhim, dans la province de Diyala (est), est aussi tombée aux mains des djihadistes.

Le 29 juin, les djihadistes proclament l’établissement d’un califat.

Les offensives djihadistes se font plus fulgurantes ces derniers jours. Dimanche dernier, Sinjar, à 50 kilomètres de la frontière syrienne, tombe, ainsi que la ville de Zoumar et de Rabia, un poste-frontière entre la Syrie et l’Irak.

Dernière grosse prise : Qaraqosh, la plus grande ville chrétienne, située entre Mossoul et Erbil, la capitale de la région autonome du Kurdistan. Mais ce sont aussi Tal Kayf, Bartella et Karamlesh qui tombent les unes après les autres, obligeant les populations à fuir.

Enfin, Bagdad vit dans l’attente d’une possible offensive de l’EI, qui a fait de sa conquête une priorité. Bien que l’étau djihadiste se soit resserré, et que des attentats rythment le quotidien des habitants, pour l’instant, le centre est imprenable.

Le "New York Times" a publié le 6 août, une carte de situation des zones contrôlées par les djihadistes (en rouge les zones totalement contrôlées par l’EI, en jaune les zones d’affrontements) :

Les chrétiens et les autres minorités religieuses sont persécutées

Quand les djihadistes prennent place dans les villes, ils font table-rase des institutions en place et des lois en vigueur. Souvent, les populations sont persécutées, en premier lieu les minorités qui refusent de se convertir. Parmi elles, les chrétiens. A Sinjar, ils seraient, selon l’Onu, 200.000 à fuir en masse. La ville est aussi le bastion de la minorité yazidie, une communauté kurdophone, pré-islamique et considéré par les djihadistes comme "adoratrice du diable". A l’arrivée des djihadistes, ces derniers sont partis dans les montagnes désertiques du nord-ouest de l’Irak, où ils manquent d’eau et de nourriture. Ils sont pris au piège des djihadistes qui les pourchassent.

Qaraqosh, qui compte environ 50.000 habitants, se vide de ses chrétiens, ainsi, que Tal Kayf, où vivaient également de nombreux chrétiens mais aussi des membres de la minorité chiite Chabak, en fuite eux-aussi.

Quelles résistances ?

Face aux djihadistes, très peu de résistance. L’armée régulière irakienne ne tient pas ses positions. Les forces kurdes, de loin les mieux entraînées et organisées du pays, ont pris position hors de leurs frontières officielles, élargissant officieusement le Kurdistan de 40%. Mais depuis fin juillet, elles reculent inexorablement à Ninive.

Après ces revers cuisants, des combattants kurdes du PKK turc, du PYD syrien et des peshmergas irakiens, trois groupes aux relations souvent tendues, ont mis temporairement leurs différends de côté pour unir leurs forces dans le nord de l’Irak et secourir les civiles bloqués dans les montagnes.

Les Kurdes venus de Syrie et de Turquie "sont chargés de combattre" les djihadistes "dans la région de Rabia et Sinjar", a expliqué Hallo Penjweny, haut responsable du parti de l’Union patriotique du Kurdistan (UPK). "Nous (les peshmergas), nous occupons de Zoumar et du reste du secteur au nord et à l’est de Mossoul."

Lundi, Bagdad avait décidé d’appuyer la contre-offensive des peshmergas.

Sara Diffalah avec AFP - Le Nouvel Observateur


Accueil | Contact | Plan du site | |

Creative Commons License

Promouvoir & Vulgariser la Technologie