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CRISE ELECTORALE

Le Sénat recommande au CEP de surseoir aux élections du 24 janvier, aucun sénateur n’a voté contre la résolution

jeudi 21 janvier 2016

Avec 15 voix pour, zéro contre et 5 abstentions, l’assemblée des sénateurs a adopté mercredi une résolution recommandant au CEP de surseoir à toutes activités et opérations électorales dans l’immédiat. Les pères conscrits prévoient aussi la création d’une commission sénatoriale pour évaluer le scrutin du 25 octobre 2015.

Les sénateurs ont dit leurs mots sur l’inquiétante crise électorale née des élections du 25 octobre dernier. Aux termes d’une séance houleuse, l’assemblée des sénateurs a adopté mercredi une résolution pour recommander au Conseil électoral provisoire de surseoir dans le plus bref délai à toutes activités et opérations électorales. Les 21 sénateurs qui ont pris part au vote ont adopté le document avec 15 voix pour, zéro contre et 5 abstentions, le président ne pouvant pas voter. Les cinq sénateurs qui se sont abstenus sont tous proches du pouvoir en place. Il s’agit de Youri Latortue (AAA), Carl Murat Cantave (KID), Onondieu Louis ( KID), Jacques Sauveur Jean (PHTK) et Richard Lénine Hervé Fourcan (PHTK). Les pères conscrits ont fait une kyrielle de considérations avant de faire valoir la position du grand Corps sur la crise. « … considérant que le pays traverse depuis quelque temps une crise sociale, économique et politique qui menace de s’aggraver au fil des mesures, décisions et opérations inappropriées, susceptibles de polariser davantage la communauté et de compromettre la cohésion nationale ; considérant des violences, irrégularités et fraudes massives ayant entaché les élections du 25 octobre, compte tenu des contestations judiciaires et les protestations publiques contre les résultats de ces joutes largement controversées, les dénonciations et suspicions de corruption ; considérant les conclusions du rapport de la Commission présidentielle d’évaluation électorale », telles sont, entre autres, les considérations faites par l’assemblée des sénateurs. En son article premier, la résolution stipule que « le Sénat de la République recommande au Conseil électoral provisoire de surseoir à toutes activités et opérations électorales programmées dans l’immédiat, notamment de renvoyer les joutes fixées au 24 janvier 2016 jusqu’à ce que la lumière soit faite sur les diverses allégations et que les recommandations de la commission présidentielle d’évaluation trouvent leur accomplissement ». En outre, l’article 2 souligne qu’une commission sénatoriale d’enquête sera formée dans l’immédiat afin de faire la lumière sur le scrutin du 25 octobre dernier. Cette commission aura pour mission « d’enquêter sur les allégations d’irrégularités, de fraudes ayant entaché ces élections, d’approfondir le processus de vérification recommandée par la commission présidentielle d’évaluation et d’investiguer sur les dénonciations et les suspicions de corruption formulées à l’encontre de certains membres du Conseil électoral provisoire ». « Nous sommes conscients que la population attend beaucoup de choses du grand Corps. C’est pourquoi il était nécessaire de prendre une telle résolution », a dit le vice-président du Sénat, Ronald Larèche, qui a dirigé la séance en l’absence de son collègue Jocelerme Privert. Ce dernier avait quitté la séance pour répondre à une invitation du chef de l’État au palais national. Par cette décision, M. Larèche indique que le Sénat a envoyé un signal au CEP afin de surseoir à la tenue des élections le 24 janvier. Il informe par ailleurs que le document sera acheminé au président Martelly ce jeudi aux fins de publication dans le journal officiel du pays, Le Moniteur. Après la séance, le sénateur de l’Ouest Jean-Renel Sénatus (Zokiki) se félicite de la décision de l’assemblée de demander au CEP de faire halte-là. Le parlementaire croit dur comme fer que ces élections conduiront le pays droit vers une instabilité sans précédent. Les élections du 24 janvier représentent une menace pour le pays, a dit l’ancien commissaire du gouvernement de Port-au-Prince arguant que les sénateurs doivent approfondir l’évaluation du processus de vérification et s’asseoir avec tous les acteurs afin de discuter de l’après -7 février. Même s’il n’a pas voté contre la résolution, son collègue de l’Artibonite Youri Latortue ne lui a pas accordé trop d’importance. « On doit savoir que la résolution n’a pas de force contraignante. C’est une recommandation qu’on a fait. On donne au CEP la possibilité de décider s’il maintiendra la date du 24 janvier ou non », a dit le sénateur Latortue déplorant que les sénateurs n’aient pas pris le temps pour faire une analyse globale et proposer une sortie de crise. Il soutient que les sénateurs devaient dégager une entente pour non seulement demander de surseoir aux élections mais encore de proposer un plan global tenant compte de l’après -7 février.
Yvince Hilaire
yvincehilaire@lenouvelliste.com


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