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L’acte premier du Sénat de la République

vendredi 22 janvier 2016

Les sénateurs de la République ont sans équivoque rejeté l’organisation du scrutin du 24 janvier par résolution adoptée mercredi dans le cadre de leurs attributions constitutionnelles

. En présence de 20 pères conscrits, 15 d’entre eux ont accordé leur vote à cette résolution et les 5 autres se sont abstenus. Au moment où le président de la République confirme l’organisation du scrutin de dimanche, où le parti au pouvoir met le cap sur cette journée du 24 janvier, ses deux représentants au grand Corps ainsi que trois alliés n’ont affiché aucune opposition à cette première initiative de la Chambre haute dans cette conjoncture incertaine. Normalement, les sénateurs du parti au pouvoir ainsi que ceux du parti du Premier ministre devaient s’opposer à cette résolution. Ils ne l’ont pas fait. Cela pourrait traduire une certaine nonchalance de leur part vis-à-vis du second tour de la présidentielle où un seul des deux candidats mène campagne. En posant cet acte, le Sénat semble envoyer un signal clair au président de la République. Il s’agit sans nul doute du refus de cette chambre de recevoir avec les députés, en Assemblée nationale, le serment constitutionnel du président de la République qui sera élu au scrutin de dimanche. C’est dans cette optique que jusqu’à cette date il n’y a pas eu de séance en Assemblée nationale qui doit marquer l’ouverture de la première session annuelle du Parlement. C’est une obligation constitutionnelle. Cependant, avec le retard enregistré par le Conseil électoral provisoire et le président de la République dans la publication de la liste des députés et sénateurs élus aux élections du 9 août et du 25 octobre 2015, il était impossible d’organiser cette séance en Assemblée nationale le deuxième lundi de janvier. Mais, après les séances de validation des pouvoirs des députés et des sénateurs ainsi que les élections pour la mise en place des deux bureaux du Sénat et de la Chambre des députés, sans tarder, les deux bureaux avaient pour obligation de convoquer les parlementaires en Assemblée nationale pour procéder à l’ouverture de la première séance annuelle du Parlement. Depuis mercredi, certains députés commencent à exprimer leur impatience en constatant que les sénateurs se sont réunis mardi et mercredi pour prendre des décisions, alors qu’eux ne savent pas quand cette séance aura lieu. Dans les couloirs des deux Chambres, on prétend qu’il s’agit d’une stratégie proposée par le bloc majoritaire au Sénat pour empêcher que les députés tiennent séance. Les sénateurs craignent qu’une majorité de députés proches de l’administration Martelly ne viennent bloquer la stratégie de cette assemblée. Pendant combien de temps les sénateurs pourront-ils bloquer le fonctionnement de la Chambre des députés ? Cette situation ne va-t-elle pas démontrer l’incapacité du nouveau président de la Chambre des députés de sauvegarder l’indépendance de la Chambre basse ?
Lemoine Bonneau
lbonneau@lenouvelliste.com


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